Nous mangeons moins de viande, buvons moins de bière et payons moins à la caisse. Rien que de bonnes nouvelles, n’est-ce pas ? Ou peut-être que non ? Réponse dans le résumé hebdomadaire de l’actualité FMCG par RetailDetail Food.
Choux de Savoie versus blanc bleu
Yes, l’alcool ne nous est plus interdit après un mois interminable de Tournée Minérale. Bien qu’à Alost ou Binche, par exemple, ils n’aient pas vraiment respecté le délai, mais soit, carnaval oblige. A peine une action terminée, voilà qu’un autre défi nous attend : 40 jours sans viande, une aimable invitation qui doit nous inciter à nous interroger sur l’impact environnemental des chipolatas et des wienerschnitzels.
Alors qu’en Flandre des personnalités de la télé prennent la pose avec des choux de Savoie et des panais pour soutenir la campagne, en Wallonie par contre, où la campagne de sensibilisation n’a lieu que pour la première fois, on en est pas encore là. Bien au contraire, l’action suscite la colère du secteur de la viande, qui estime que la campagne affectera gravement les éleveurs locaux. « Un complot de l’élite mangeuse de quinoa », avons-nous entendu dans le camp des opposants. Les Wallons ont d’ores et déjà pris le taureau par les cornes et lancent une contre-offensive sous le slogan « 40 jours pour soutenir nos agriculteurs » via le site web jesuisagriculteur.be.
De fait, le consommateur wallon n’est pas prêt à lâcher son morceau de viande quotidien et certes, les éleveurs de bétail ont la vie dur. Mais tout ce tumulte est-il justifié ? Car structurellement la consommation de viande diminue depuis 2005 et elle ne remontera pas de sitôt, voire même jamais. Ce n’est pas donc la faute de cette campagne de sensibilisation bien intentionnée. Pourtant, sur un ton un peu plus modéré toutefois, le Boerenbond et la Fédération Belge de la Viande (FEBEV) se plaignent eux aussi de cette action et parlent carrément de ‘framing’. Il circule quelques faits alternatifs sur la viande qui mériteraient d’être rectifiés, estiment-ils.
Car peu de gens savent que nos bovins n’émettent pas de méthane nocif, mais du Airwick Fleurs d’été. Leur empreinte écologique est négligeable parce qu’ils ne mangent que de l’herbe, qui autrement atterrirait sur un tas de compost. Le bien-être animal est d’une nature telle que le bétail se rend en dansant à l’abattoir. Et quant aux propriétés bienfaisantes d’un tournedos blanc-bleu, les médecins sont intarissables : diminution du cholestérol, diminution de la pression artérielle, efficace contre l’irascibilité et le manque d’humour, …
Algues et cigarettes
Bien, maintenant que nous avons remis les pendules à l’heure, nous ferions peut-être mieux de prendre exemple sur Colruyt, qui avec un consortium d’entreprises alimentaires va investir dans le développement d’une industrie d’algues en Flandre. Les algues peuvent non seulement servir à la préparation de salades et de burgers végétariens, mais également comme alimentation pour le bétail. Finalement la viande de bœuf aura quand même un petit côté durable. Gagnant-gagnant !
Carrefour aussi se préoccupe de votre santé : aujourd’hui le distributeur lance officiellement sa box repas Simply You, remplie d’ingrédients frais et de recettes équilibrées. En outre le retailer ouvre des magasins Carrefour express dans les hôpitaux, afin que les patients lassés de la nourriture hospitalière, ne doivent pas aller trop loin pour se procurer un pain de saucisse, une barre chocolatée ou encore une bonne bouteille de vin. Y vendraient-ils aussi des cigarettes ?
Par contre du jus de fruits, oui, notamment de la marque Appelsientje, qui d’ici peu changera de propriétaire, puisque FrieslandCampina a décidé de se concentrer entièrement sur les produits laitiers. Avis aux candidats-acheteurs …
Pas de bonus
L’action Tournée Minérale y est-elle pour quelque chose, nous l’ignorons, toujours est-il qu’AB InBev durant l’année écoulée a vendu trop peu de bière pour atteindre ses ambitieux objectifs. Conséquence : pas de bonus pour le management, cette année. Ça ne leur était plus arrivé depuis 2008. Comment Carlos Brito va-t-il expliquer à sa petite famille que cette année elle devra se contenter d’une ‘staycation’ ?
Résultats mitigés également chez Ahold Delhaize avec de belles performances aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, mais des chiffres décevants en Belgique, bien que, selon le communiqué de presse, les premiers résultats de synergies commencent à être perceptibles. Pas de nouvelles par contre de la cession des 13 magasins qui font toujours obstacle à la fusion effective en Belgique. Certaines mauvaises langues prétendent qu’Albert Heijn a fait exprès de faire traîner les choses, pour se donner le temps d’ouvrir encore quelques magasins AH supplémentaires.
Baisse des prix
Une étude approfondie d’un courageux reporter du journal Het Laatste Nieuws nous donne une vision nouvelle sur l’évolution du niveau de prix dans les supermarchés. Car si effectivement la vie est devenue plus chère, ce n’est pas à cause des prix alimentaires, semble-t-il. Le jeune homme a retrouvé un ticket de caisse d’une de ses visites chez Carrefour en février 2013 et a décidé de racheter les mêmes produits de marque quatre ans plus tard. Résultat ? Il a payé un euro en moins !
Que pouvons-nous en déduire ? Que les grandes marques ne parviennent visiblement pas à effectuer les augmentations de prix, qu’elles jugent pourtant nécessaires, si ce n’est Douwe Egberts. Que les retailers s’efforcent de répercuter illico presto les avantages qu’ils obtiennent de leurs fournisseurs sur le consommateur ? Que Nutella, Dr. Oetker et Lay’s auraient mieux fait de ne pas s’installer dans les rayons d’Aldi et/ou de Lidl ? Ou est-ce un coup monté, sachant qu’aucun ticket de caisse datant de 2013 n’est encore lisible aujourd’hui ? Le papier thermique, vous connaissez, n’est-ce pas ?
Une institution nationale
Une barquette de Becel pro activ a augmenté de 30 cents en quatre ans. Pourtant chez Unilever ils ne savent plus que faire, depuis cette offre de rachat de 3G Capital : faut-il ou non une scission de la branche food ? Les investisseurs veulent plus d’argent, mais Unilever tant aux Pays-Bas qu’au Royaume-Uni est une institution nationale, qui selon certains doit être mieux protégé contre des fonds avides. De fait, les Pays-Bas ne peuvent se passer d’Unox et de Blue Band et outre-Manche c’est l’avenir de Marmite qui est en jeu.
Marmite ? Oui, une pâte gluante indéfinissable que les Britanniques tartinent sur leurs toasts, de quoi vous donner la nausée. Décidément nous ne comprendrons jamais ce curieux peuple britannique. Greetings from Europe, guys ! Et à la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour la newsletter gratuite de RetailDetail Food.