Nouvelle semaine, nouvelle bisbrouille. Et nouvelles bisbrouilles au pluriel, d’ailleurs. Pourtant, des calumets de la paix sont également fumés ici et là. Et nous observons même quelques affirmations douteuses. Prêt pour un petit fact-checking ? Filet Pur, à votre service !
Bouleversant
Personne ne sait ce que Carrefour vient faire dans le jeu vidéo The Sandbox, obscur petit frère de Fortnite. Mais ils y ont acheté un lopin de terre virtuel. Le métavers est sur toute les lèvres. Et il arrive aussi aux supermarchés de jeter de l’argent par les fenêtres.
Cringe : ce nouvel anglicisme à la mode utilisé pour exprimer un sentiment de honte ou une gêne exacerbée, est exactement ce que l’on ressent quand on visite sur la plateforme de live shopping Brut Shop. Elle ressemble étrangement à une chaîne de téléachat des années 1990, mais selon Carrefour, ce n’est qu’une illusion : il faut y voir le futur du social commerce. Ils ont donc créé une coentreprise pour devenir les leaders de ce marché. Où est Pierre Bellemarre quand on a besoin de lui ?
Tant qu’on parle de vieux crocodiles : les spéculations sur les chances de survie de Makro en Belgique ne sont pas près de s’arrêter à présent que son partenaire MediaMarkt a décidé de quitter le magasin de Deurne avant qu’une éventuelle faillite n’y bloque les stocks. Mieux vaut prévenir que guérir. Le spécialiste de l’électro n’a plus qu’un shop-in-shop ouvert chez Makro : celui de Machelen. Et lui aussi accumule les pertes. La question est donc : pourquoi MediaMarkt n’annonce-t-il pas son départ ? Pour maintenir le suspense ? C’est juste une hypothèse…
Enfin…
Il fait à nouveau l’actualité : Colruyt Group annonce un nouveau coup de maître ce matin. Le retailer, moqué par ses concurrents pour le retard désespérant qu’il a accumulé dans la livraison de commandes en ligne, semble enfin vouloir faire un réel effort dans l’e-commerce alimentaire. Cette participation dans Smartmat procure immédiatement au groupe une position solide sur le marché de niche des boxes repas. Numéro deux après HelloFresh, rien de moins. Reste à voir ce qu’apportera Rayon, le dernier supermarché en ligne. Avec son assortiment durable, il reste pour l’instant un acteur marginal, mais Halle a terriblement besoin d’expertise dans le domaine de la livraison à domicile.
Et elle lui sera sans doute nécessaire. Car si le soi-disant « souffle chaud » d’Amazon dans le cou des acteurs traditionnels aussi est parfois moqué dans la grande distribution, il semble que le géant maîtrise de plus en plus les ficelles de l’épicerie. Les supermarchés américains se portent de mieux en mieux, les formules Whole Foods et Amazon Fresh se révèlent étonnamment complémentaires et la conquête de Londres aussi avance bien.
Sans frontières
Avez-vous vu la nouvelle campagne de Colruyt ? J’ai failli en tomber de ma chaise. « Le caddie le moins cher des deux côtés de la frontière » C’est littéralement le slogan. Aller faire ses courses à Roncq ou à Hulst ne rapporte plus rien, affirme le discounter. Économisez votre essence et bénéficiez des véritables Meilleurs Prix près de chez vous. En effet, les prix pratiqués en Belgique ne sont plus supérieurs à ceux en vigueur chez nos voisins. C’est maintenant officiel. Hourra !
Le message est accueilli par des railleries sur les médias sociaux, malgré le soutien massif de l’Union des Groupies de Colruyt. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est une tournure notable. Colruyt justifie son affirmation sur la base de son propre baromètre. Nous, à Canard WC : vous connaissez… Parce que le chariot moyen que Colruyt met en avant dans chaque comparaison de prix est le chariot moyen du client Colruyt. Qui n’est donc pas le chariot moyen du client d’Albert Heijn, de Jumbo ou d’Auchan, c’est le moins que l’on puisse dire. La comparaison est complexe et donc trompeuse, affirment les concurrents. Les Néerlandais, en tout cas, ne se laissent pas démonter. Les Belges ne sont pas fous, ils continueront à venir…
Récalcitrant
Nouvelle semaine, nouvelle bisbrouille : le Fuze Tea a disparu des rayons des Jumbo en raison – vous l’aurez deviné – d’un désaccord sur des augmentations des prix. Ça commence à devenir un peu répétitif. D’autres ont cependant décidé de se réconcilier. Comme Colruyt et ses fournisseurs Nestlé et Ferrero. Les différends sur les augmentations de prix sont pratiquement réglés, rapporte le retailer. Des camions bourrés de barres KitKat et de capsules Dolce Gusto ont donc pris la route de Halle. Des vingt-tonnes de chocolat Nutella aussi, mais un peu moins : les pots de 400 grammes ne reviendront jamais dans nos rayons, en a décidé Jef. Pour punir Ferrero de son comportement récalcitrant ? Non, juste une révision de l’assortiment, paraît-il. Le leader du marché devra désormais se contenter d’une seule référence dans les rayons. L’espace ainsi libéré sera attribué à des concurrents plus petits, mais plus courageux. Ça leur apprendra.
Avec tous ces rayons vides, un passage dans un Colruyt Meilleurs Prix commence à prendre des allures de tourisme de catastrophe. Juste à cause des problèmes de production dus à omicron ? Allons… À Halle, un nombre croissant d’account managers sont à couteaux tirés avec leurs acheteurs. Mais ils ne veulent pas s’étaler dans la presse, et certainement pas sur retaildetail.be. Laissez ces problèmes remonter jusqu’à l’Echo, pour voir… Et donc, certains ne répondent plus au téléphone. Oui, oui, vous savez que c’est vous. Ne vous inquiétez pas, il est de plus en plus facile de répertorier les marques avec lesquelles vous n’êtes pas en conflit ouvert.
Tout finit toujours par s’arranger
Nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’une guerre de perception se prépare : les retailers sont trop heureux de se poser en défenseurs intrépides de votre – et de mon – pouvoir d’achat. Les marques ont le plus grand mal à justifier les augmentations de prix qu’elles demandent, non seulement auprès des acheteurs, mais aussi de l’opinion publique. Un terrain glissant. L’explosion des factures énergétiques est suffisamment grave. Ceux qui veulent joindre les deux bouts devront peu à peu se tourner vers les aliments pour animaux : bizarrement, leur prix baisse. Et ils sont parfaitement comestibles…
C’est pourquoi certains n’hésitent pas à jouer pleinement la carte de la confrontation. Après tout, les dégâts à long terme restent très supportables. Vous souvenez-vous du conflit entre Unilever et Delhaize en 2009 ? Quel boycott ! C’était le bon temps ! Gros titres, longs articles dans tous les médias… jusque dans les pages de publicité. Quelques personnes ont bien dû démissionner, mais qui est le partenaire privilégié de Delhaize depuis ? Exact. Best Friends Forever. En bref : laissez-vous aller. Ne vous retenez pas. Ça fait du bien, parfois. Tout finira par s’arranger, de toute manière. À la semaine prochaine !
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