Les clients ont un comportement criminel, le métier de détaillant devient un métier à risque, les chaînes de supermarchés sont coupables d’exploitation et les managers enchaînent les erreurs monumentales. Un peu de gros sel ne ferait pas de mal à ce Filet Pur.
Attouchement
Crises de colère, injures, crachats, attouchements, stalking sur les réseaux sociaux… Les employés de supermarchés dévoués ont la vie dure. Les clients sont de plus en plus susceptibles et colériques. La situation a tellement dégénéré qu’Albert Heijn a décidé de supprimer les badges nominatifs des chemises des employés de magasin aux Pays-Bas, mais le détaillant n’exclut pas de faire de même en Belgique, à peine plus civilisée.
En outre, les clients ne sont plus autorisés à filmer dans les supermarchés. Ce qui est plutôt dommage : on se souvient encore de cette vidéo du Jonagoldman dans l’Aldi de Veurne. Qu’y a-t-il de mal à se divertir un peu ? Plus, le numéro trois aux Pays-Bas, commence même à tester les caméras corporelles. Bientôt, la bombe au poivre fera partie de l’équipement standard de l’employé de magasin. Ils devraient toucher une prime de risque. Cette situation fait au moins les affaires de ceux qui organisent des formations sur « la gestion des clients difficiles ».
Un bout de papier
Encore une fois, quel secteur méprisable que celui de la distribution alimentaire. Exploitation, esclavage, discrimination et sexisme sont tout simplement la norme dans le commerce alimentaire belge, si l’on en croit le communiqué de presse de Rikolto. Les droits de l’Homme ne sont rien d’autre qu’un bout de papier pour nos chaînes de supermarchés. Il faut déjà analyser ce rapport en profondeur pour y discerner quelques recommandations constructives. Et lorsque Belga publie un copier/coller naïf, tous les journaux le reprennent aveuglément. La recette d’une débâcle en matière de relations publiques.
Une prise de conscience ? À Halle, certains se sont étouffés avec leur tasse de Graindor du matin, car notre fier leader du marché n’est-il pas aussi un précurseur en matière de durabilité ? Pas vraiment : « un retardataire », selon Super-liste Sociale. Ça fait mal, on l’imagine. Nous avons reçu une réponse complète et bien documentée, et les concollègues étaient également ravis que quelqu’un veuille tout de même bien écouter leurs doléances. Ne nous remerciez pas ! La fierté des hard discounters était palpable au téléphone. Certes, ils doivent en grande partie leur bon score à la grundlichkeit de leurs sociétés mères allemandes.
Souffle chaud
Comment appelle-t-on quelqu’un qui aime fréquenter des musiciens ? Un bassiste. Ou encore : le CEO de Colruyt Group. Dans plusieurs journaux du week-end, Stefan Goethaert a non seulement appelé les membres du Colruytband à prévoir d’urgence une nouvelle répétition, mais il a également fait comprendre que les ouvertures dominicales sont à l’ordre du jour sur le site de Wilgenveld. C’est une nécessité : le groupe a enregistré un excellent exercice mais sent le souffle chaud d’Ahold Delhaize dans son cou, surtout depuis que les anciennes succursales de Delhaize ouvrent les unes après les autres le dimanche.
Cela coûte déjà des parts de marché à Colruyt. Aïe. Et ce n’est que le début. Il veut plus que sa part de marché actuelle de 30 %. Mais comment faire ? Encore des acquisitions ? À la suggestion de La Libre sur l’éventuel attrait de Delitraiteur, le dirigeant a répondu par un brillant « sans commentaire ». C’est noté.
Coup de génie
Se sont effondrées cette semaine : les actions Carrefour. En raison d’une potentielle mauvaise nouvelle concernant les contrats de franchise. La bourse, c’est une affaire d’émotion. Pour info : le verdict ne devrait être rendu que dans un an à un an et demi. En cas de condamnation, Carrefour peut encore faire appel. Cela prendra encore trois à cinq ans (non, les Français ne font décidément pas mieux que nous) et, dans les procès précédents, il a invariablement eu gain de cause. Cependant, le ministère de l’Économie n’a pas pesé ses mots : les franchisés « sont asphyxiés ». Holà ! Mais bon, des élections sont en vue, n’est-ce pas ? La politique, c’est aussi une affaire d’émotion. Chez Buurtsuper, on s’estime déjà riche, dans un communiqué de presse un peu prématuré appelant la Belgique à suivre l’exemple français. Rêver est permis.
Alexandre Bompard espère inverser la tendance en important le savoir-faire brésilien en banlieue parisienne. Nous sommes censés être impressionnés ? Le soi-disant avenir de la distribution alimentaire ressemble étrangement à un passé révolu : cet Atacadão a finalement des airs de Makro, mais en miniature. Un cash-and-carry à l’ambiance glaciale qui offre moins de choix qu’un supermarché moyen, mais qui promet des prix plus bas que son rival E.Leclerc et qui accorde des remises sur le volume comme Colruyt. 15 % moins cher qu’un hypermarché Carrefour, proclame le groupe. Discréditant ainsi au passage ses propres magasins. Un coup de génie.
Faute monumentale
Pendant ce temps, en Belgique, Carrefour répète une erreur monumentale déjà commise par un concurrent il y a une quinzaine d’années : à l’époque, les produits 365 nouvellement lancés étaient accompagnés d’étiquettes de rayon dans les supermarchés Delhaize, portant la mention « même prix qu’Aldi et Lidl ». Cette bévue a marqué le début d’une période sombre pour les Lions, alors à la dérive. Et qu’a découvert un journaliste observateur de Gazet Van Antwerpen au Carrefour Market de Berchem la semaine dernière ? Une petite affiche accrochée sous les bouteilles de Pepsi Max : « Ce produit est au même prix que chez Albert Heijn. »
Il doit bien y avoir un raisonnement ingénieux derrière cette publicité pour la concurrence, mais quel est-il ? Carrefour n’a en effet pas obtenu un meilleur prix que les Hollandais avec ce boycott. Qu’espéraient-ils ?
Noël en juin
Il ne me reste plus qu’à décerner un prix : la coupe du communiqué de presse le plus cynique de la semaine. Le vainqueur incontesté est Delhaize, qui nous a joyeusement informés hier qu’il n’avait jamais vendu autant de potirons et de fromage à raclette que le mois dernier. Comme si Noël tombait en juin. Du pain béni, a dû se dire quelqu’un à Kobbegem.
Mais l’été commence officiellement aujourd’hui et, d’après mon application météo, il va faire très chaud à partir de dimanche. Comme on pouvait s’y attendre, les offres de barbecue de dernière minute se succèdent dans nos boîtes aux lettres. Je n’ai que faire des saucisses fermières, mais si quelqu’un peut me dire où trouver les dernières belles asperges de la saison, qu’il me fasse signe. Sur le grill, avec un filet d’huile d’olive et du gros sel : un régal. À la semaine prochaine !