Tout doit partir : employés fidèles, filiales chroniquement déficitaires et hamburgers de qualité inférieure. Et qu’entend-on nous souffler à l’oreille ? Le Péril jaune serait-il vraiment à vendre ? Voilà une question pour Filet Pur !
Pluie… et tempête
Quand il pleut à Massy, il bruine à Zaventem, dit le proverbe. Mais devinez quoi ? À Massy, c’est la tempête. Au siège de Carrefour au sud de Paris, un fidèle salarié sur huit pourrait bientôt plier bagage. Officiellement, le retailer reste vague sur ses plans de restructuration, mais les initiés le savent. Quatre milliards d’euros d’économies, cela ne se réalise pas avec un gant de velours, mais à la hache. D’ailleurs, Monsieur Bompard n’a pris aucun risque : il a suivi les conseils avisés de – évidemment ! – ce cher McKinsey. Tout va bien alors, n’est-ce pas ?
Mais quel temps fait-il dans le nouveau service center de Zaventem ? Reste-t-il du gras à éliminer ? Jadis, les troupes du foodretailer ont occupé jusqu’à 10 étages de leur tour d’ivoire d’Evere ; aujourd’hui elles n’en louent que trois le corporate village, si j’ai bien compté. Alors qu’ils ont plus qu’assez de pain sur la planche, pourrait-on penser. Sous-traitent-ils ces tâches à de coûteux consultants, comme nos gouvernements ? Ou bien, comme beaucoup d’autres entreprises – à l’exception de RetailDetail : y abat-on plus de boulot avec de moins en moins de personnel ?
Prix d’ami
Quoi qu’il en soit, Carrefour devra également faire des économies en Belgique. Et pas un peu. Aux ressources humaines, on a déjà supprimé le papier. Non, pas ce papier. Mais ce n’est qu’un début. Et s’il n’est pas possible de réaliser encore plus d’économies au siège, il faudra le faire dans les magasins. Il n’y a pas beaucoup d’alternatives. Doubler les prix ne semble pas être une option durable. Fermer des magasins ? Franchiser ? La question n’est pas de savoir si, mais quand. Nous attendons avec impatience la Grande Annonce. Et sommes particulièrement curieux de voir si Geoffroy Gersdorff parviendra à faire passer ce message compliqué avec un peu plus d’élégance que ses collègues de Kobbegem.
Il ne sera pas le dernier. Car la véritable révolution n’a pas encore commencé. Et elle ne se limitera pas à la Belgique. En France, Auchan – une enseigne très appréciée de nombreux Flandriens et Hennuyers – suit également l’exemple de Delhaize : les magasins sont cédés à des entrepreneurs indépendants à un prix défiant toute concurrence. Sept pour commencer, mais le reste suivra incessamment. C’est en effet une méthode miracle… Outre-Quiévrain, on ne parle d’ailleurs pas de franchisage, mais de location-gérance. Dans la pratique : un contrat qui laisse encore moins de marge de manœuvre à l’entrepreneur.
À vendre ?
Entre-temps, aux Pays-Bas, Jumbo s’est lancé dans un grand nettoyage interne : les marges et les parts de marché sont sous pression. La récente nomination d’un grand franchisé au poste de directeur opérationnel a été critiquée par certains observateurs, car le risque de conflit d’intérêts semble maximal. L’enseigne a répondu en affirmant qu’elle avait besoin d’une personne dotée d’un esprit d’entreprise, en contact avec le terrain. Visiblement, ils n’avaient aucun profil de ce type à Veghel. Hein ?
Étrange. Chacun à chaque siège, du directeur des ventes au comptable, ne devrait-il pas avoir l’esprit d’entreprise et être en contact avec le terrain ? Bon, je parle sans savoir. Mais quand même. J’ai trouvé très intéressante la suggestion d’un chroniqueur de nos estimés collègues de Distrifood : le CEO Ton van Veen serait occupé à préparer une vente du groupe. La famille ne serait pas contre. Dans ce cas, même Max Verstappen pourrait se brosser, le bilan sera assaini. C’est peut-être un non-sens, mais si ce n’est pas le cas : que Jef vérifie rapidement s’il reste quelque chose sur le compte avant qu’Edeka ne s’en empare, car on n’aurait pas fini d’en entendre parler.
Pas de poche
Avez-vous également remarqué ce regain d’activité chez Okay ? De nouveaux magasins compacts notamment à Bruxelles et à Berchem, un troisième Okay Direct entièrement automatisé à Gand (à nouveau), ça n’arrête pas. L’enseigne de magasins urbains et de proximité ne veut plus être considérée comme un Colruyt Meilleurs Prix de poche. Mais comme une solution moderne pour les clients qui privilégient la rapidité et la commodité.
Le directeur Christophe Dehandschutter travaille d’arrache-pied pour donner un vrai visage à la marque, histoire de séduire une clientèle plus jeune et d’enfin apporter une réponse adéquate au défi que représente notamment Albert Heijn pour le groupe – bien qu’ils ne veuillent pas le dire ouvertement à Halle. Il viendra s’expliquer en personne lors de l’inégalable RetailDetail Food Congress de ce 29 juin à Anvers. Vous auriez déjà dû commander vos billets depuis longtemps.
Avis de recherche
Le ministre Dermagne fait savoir qu’il ne fait plus ses courses chez Delhaize. Nous en prenons note, Pierre-Yves. Pour le reste, la situation est remarquablement calme chez l’enseigne au Lion. Le département marketing est à nouveau opérationnel, ce qui est une très bonne nouvelle pour le compte en banque des membres de Vulfpeck. Et pour la franchise des Minions. Mais au niveau corporate, c’est silence radio. À tel point que les syndicats ont émis un avis de recherche. Ils s’ennuient peut-être maintenant qu’ils n’ont prétendument plus le droit de faire grève. Un certain Xavier Piesvaux aurait disparu depuis le 7 mars. Il n’a plus donné signe de vie depuis, à l’exception d’un message vidéo confus. On ne sait pas s’il a été enlevé, mais il s’agit clairement d’une disparition inquiétante. Sympa de leur part de se faire du souci, non ?
Un qui ne disparaît absolument pas, mais a en revanche un nouveau propriétaire, c’est Bicky Burger, une anomalie culinaire dont je n’ai jamais compris le succès. Quel est le rapport entre un pain éponge avec une tranche de viande industrielle au milieu et la définition originale d’un hamburger – un noble filet pur haché avec amour, croyais-je innocemment ? D’accord, ces oignons croustillants sont une trouvaille. Mais au-delà ? Et ce, dans une Belgique soi-disant gastronome ? Quoique… un peuple qui se contente aujourd’hui de frites surgelées en carton, de pistolets mous à réchauffer et de cava trop sucré à 5 euros la bouteille est-il vraiment gastronome ? CQFD. Le monde court à sa perte. Ou je me fais vieux, ce qui est aussi possible. À la semaine prochaine !