Ceux qui espéraient des nouvelles réjouissantes de Makro ont certainement été déçus cette semaine. Mais tout peu encore changer, qui sait. Pendant ce temps, les détaillants et les fabricants se livrent une guerre sans merci. Quand la bombe explosera-t-elle ?
Le confort de la niche
Si vous avez « smart » dans votre nom, vous créez automatiquement des attentes. Surtout si vous annoncez que vous lancez le premier supermarché en ligne belge desservant l’ensemble du territoire. Et ce avec des coûts de livraison les plus bas du marché, qui plus est. Cette annonce a-t-elle fait trembler les grandes chaînes de supermarchés ? Pas vraiment. Car le nouveau pure player, Rayon, joue dans une autre catégorie.
Celle des amateurs de valeur ajoutée, plus exactement. Ceux qui commandent déjà des boxes repas Foodbag de l’initiateur Smartmat. Et qui acceptent de se faire livrer à domicile Les chips de Lucien mais pas les chips Lay’s, par exemple, même si cette marque promet de bientôt cesser de polluer la planète avec des emballages à peine recyclables. Rayon opte pour le confort douillet de la niche et évite ainsi un scénario à la David contre Goliath avec une concurrence par les prix trop désavantageuse. À défaut de grands moyens, il faut faire preuve d’intelligence.
Facteur de ralentissement
Les managers ? De simples pions qui ne font guère plus que vérifier si leurs employés ont bien noté ce qu’ils font sur une feuille de calcul Excel. Alors qu’il ne faut pas chercher très loin : ce qu’ils font, c’est noter ce qu’ils font sur des feuilles de calcul Excel. Du moins tant qu’ils ne sont pas arrachés à leur travail par des réunions durant lesquelles les managers leur expliquent comment remplir cette feuille de calcul Excel.
En bref, le monde n’a pas besoin d’encore plus de managers. Chez Unilever, ils l’ont bien compris. Les managers sont un facteur de ralentissement de l’innovation, estime le PDG, Alan Jope. Et Unilever est en effet trop lent. Ainsi, 1 500 de ces profils doivent disparaître, dans l’espoir que les choses s’améliorent. Et si les choses ne s’améliorent pas, la multinationale peut toujours vendre des parties de l’entreprise, car elle change simultanément son modèle organisationnel. Il y a maintenant cinq divisions. La division la moins performante sera mise aux enchères afin de répartir les recettes de la vente entre les actionnaires. C’est en tout cas comme ça que je l’ai compris, avec mon mauvais esprit.
Pas de décision
En parlant d’un anticlimax : le tant attendu Capital Markets Day de Metro a été une véritable déception. Un grand show hybride, avec pas moins de sept intervenants à la suite. Des heures de notre temps précieux perdues dans des présentations d’entreprise lisses sur les opportunités de croissance et la création de valeur, alors qu’une seule question nous intéressait : quid de la Belgique, Monsieur Greubel ?
Mais le PDG a habilement éludé la question : « Nous avons décidé de ne rien décider pour l’instant et nous vous ferons savoir s’il y a du changement », telle était à peu près sa réponse. Une variante fade de « sans commentaire », donc. Je doute que cela suffise à rassurer les employés insomniaques de Wommelgem et des dix-sept magasins belges. Bon, une nouvelle réunion aura lieu la semaine prochaine pour dévoiler de nouveaux plans. Ou pas. Nous sommes curieux de voir. En tout cas, Metro n’a laissé aucun doute sur une option stratégique : le groupe ne voit son avenir que dans le « wholesale ». Le commerce de gros, donc. Tirez-en vos conclusions.
En plein raid
Si Makro est un navire qui sombre ayant presque atteint les abysses, Alvo est le château gonflable de la distribution alimentaire qui se dégonfle lentement. Le compresseur est cassé et, un par un, les membres s’en vont parce que ce n’est tout simplement plus amusant. Comme Christophe De Laet, qui vient de vendre ses quatre supermarchés Superpost. Le fait qu’un membre loyal, ancien président et défenseur du commerce alimentaire indépendant jette aussi l’éponge en dit long. Mais peut-on le blâmer ? Jumbo est heureux de payer comptant et d’offrir des garanties pour les employés. C’est mieux que rien.
Les rescapés d’Alvo ne feraient-ils pas mieux de se réunir et de proposer à Jumbo un accord de volume qu’il ne pourrait pas refuser pour les quelque soixante magasins restants (sur les plus de 100 à une époque) ? Ils pourraient ainsi s’en débarrasser, et le Danger Jaune pourrait se rapprocher des cent magasins. Tout le monde y gagnerait, il me semble. Colruyt reste spectateur. Ou ne se sent-il pas concerné ? Mais ça ne s’arrêtera pas là : les troupes de Frits van Eerd poursuivent leur raid impitoyable. Qui sera le prochain ?
Escrocs cupides
Oui, le journalisme spécialisé dans le commerce de détail alimentaire se rapproche parfois d’un reportage de scènes de guerre. Les choses vont en effet de mal en pis dans les discussions annuelles entre les supermarchés et les fabricants de marques. Jumbo et Kellogg’s sont donc à nouveau en conflit : le rayon des céréales pour petit-déjeuner semble étrangement vide. Un mot à dire, Jumbo ? « Sans commentaire », ont-ils d’abord répondu à Veghel, mais ils n’ont finalement pas pu se retenir : « Nous constatons que certains fournisseurs se servent de l’argument de l’inflation pour augmenter leurs marges. »
Le même message que celui déjà lancé par Colruyt et Albert Heijn. Vous l’avez remarqué, vous aussi ? C’est la première fois que les négociations se déroulent aussi ouvertement dans l’espace public. Les détaillants alimentaires sont au diapason pour présenter habilement les fabricants comme des opportunistes avides, des escrocs cupides et des profiteurs véreux. Pour l’instant, ils semblent s’en tirer à bon compte, mais les fournisseurs sont de plus en plus frustrés. Ça promet d’être intéressant. Je me demande quand la bombe va exploser. Pas vous ? À la semaine prochaine !
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