Promotions chocs douteuses, violentes disputes, fausse viande de porc et du vent : oui, les foodretailers mettent leurs bonnes résolutions en pratique dès les premiers jours de la nouvelle année. C’est bien sûr une aubaine pour votre rubrique préférée.
Des frites bonnes pour la santé
Afin d’entamer la nouvelle année avec les meilleures intentions, je me suis rendu au Delhaize le plus proche, où des produits affichant un bon nutri-score ont été distribués gratuitement de bon cœur. Il ne fallait pas me le dire deux fois. Ici les frites belges surgelées de Belviva !
1+1, et un nutri-score A. 100 % justifié, tout comme les pizzas margherita bios (nutri-score B) ou les fishsticks Iglo (avec supplément d’oméga 3). Allez, on ajoute encore un peu de jambon dégraissé à tout cela (nutri-score B depuis peu). Hey, ce gars n’a pas manqué son bon départ. On pouvait donc bien se permettre de boire un peu de vin : le délicieux Masseria Supreno Sangiovese-Merlot était également affiché à 1+1. Pas de score nutritionnel certes, mais c’est normal, puisque c’est du pur fruit. Ils ne mettent pas non plus d’étiquette sur les pommes, n’est-ce pas ?
Quoi qu’il en soit, il ne s’agissait que de quelques offres 1+1 insipides. Les sympathiques collègues de chez Albert Heijn ont montré une fois de plus comment il fallait faire, et ils ont immédiatement donné le ton en relançant l’action 1+2 gratuits de l’année dernière. À en juger par le nombre de clics, ça a dû être un succès. L’action a donc aussi inévitablement attiré l’attention du SPF Économie. La dernière fois, ils les avaient surpris à vendre à perte deux des 28 produits en promotion, et ils ont voulu répéter ce coup à succès. C’est comme si ces petits malins d’AH allaient vraiment se laisser prendre deux fois pour la même fantaisie. Ils ont perdu leur monopole sur les promotions chocs, en plus : presque tous les collègues font aujourd’hui de même, mais ils doivent apprendre à mieux gérer leurs RP.
Chamailleries
Beau début aussi à cause de Coca-Cola et Intermarché, on peut le dire : c’est une violente dispute. Pour une fois, ce n’est pas le retailer qui écarte les produits du fabricant des rayons, mais l’inverse : le producteur de boissons rafraichissantes ne veut plus effectuer de livraison. Ils sont en désaccord avec la bonne intention du détaillant de vouloir réduire l’espace occupé par les boissons gazeuses au profit de produits plus sains. Du moins, c’est l’explication de Thierry Cotillard, le mousquetaire suprême. Pour Coca-Cola France, ce n’est pas du tout le cas : leur accord a tout simplement expiré le 31 décembre et selon eux, un nouveau n’a pas encore été signé. En bref, ils ne sont même pas d’accord sur l’objet de leurs propres chamailleries. Ça promet.
Gardez de toute façon un œil sur cette affaire : Intermarché voudrait apparemment compter sur le soutien inconditionnel de ses alliés de l’alliance d’achat Agecore dans sa lutte intrépide. Et l’un de ces alliés est… Colruyt. Pour l’instant, il n’y aurait pas beaucoup d’enthousiasme pour un boycott européen : après tout, Coca-Cola reste encore la plus grande marque de consommation au monde et les détaillants alimentaires peuvent faire bon usage de chaque centime d’euro de chiffre d’affaires. Mais on ne sait jamais ce qui peut se passer dans les prochaines semaines. Si vous êtes membre d’un club, vous devez suivre les règles de la maison, même si c’est contre votre volonté.
Batterie plate
Contre la volonté de dizaines de clients super enthousiastes, Lidl a récemment et discrètement mis fin au projet de livraison durable Simpl à Gand, ce qui signifie que les batteries des vélos cargos électriques ne seront plus rechargées. Dommage, mais malheureusement, il s’agissait d’un projet test et il doit maintenant être évalué en profondeur, si l’on en croit l’explication officielle. Les communiqués de presse précédents débordaient pourtant de superlatifs : « nous sommes bouleversés par ce grand succès », avait-on déjà entendu en mai dernier, lorsque le test avait même été étendu, et aussi rendu un peu plus cher.
C’est peut-être là que réside le problème : lorsque la durabilité devient plus chère, elle devient soudain beaucoup moins attrayante. Bien que le coût de livraison soit resté inférieur à celui du service comparable ShipTo de Carrefour. Les concullègues de Delhaize ont déjà prouvé qu’ils étaient parfaitement alertes. Les consommateurs de la ville de Gand qui ont googlé Lidl Simpl ont vu apparaitre un message sans équivoque : « Simpl ne livre plus, commandez sur Delhaize.be »… proactif, efficace, entreprenant, rusé et spirituel. #Proudtobealion, disent-ils à Molenbeek. Entre temps, l’annonce a déjà disparu.
Fausses côtelettes
Y a-t-il un nutri-score sur les faux hamburgers ? Et comment ! Malheureusement, ils affichent habituellement un nutri-score C ou D : trop gras, trop sucré et trop salé avec trop peu de protéines et de fibres. Cela n’empêche pourtant pas les consommateurs de les acheter en masse, ce qui décuplera le marché dans les années à venir. Et c’est un problème : une forte pénurie de matières premières et de capacités de production menace de frapper. Temporairement, certes, mais quand même. Le fait qu’il faille beaucoup plus de soja et de céréales pour produire de la vraie viande ne semble pas être un problème. C’est un mystère pour nous.
Lors de la fabuleuse foire technologique CES à Las Vegas (regardez surtout ce que fait ce robot-chef super cool dans la cuisine), la viande artificielle a également attiré beaucoup l’attention : la société américaine Impossible Foods a lancé son Impossible Pork, de la fausse viande de porc presque impossible à distinguer de la vraie et pour laquelle aucun animal n’est mort. C’est même casher et halal, parait-il. Comme si ces groupes cibles attendaient de fausses côtes de porc. En Europe, nous n’avons pas à nous inquiéter pour l’instant : le producteur voit plus de potentiel en Chine, le plus grand consommateur de côtelettes. Pourtant, cette déclaration du CEO est assez frappante : « Notez ceci : en 2035, manger des animaux, ce sera de l’histoire ancienne. » Assurément une bonne intention. Nous sommes curieux.
Mais à en juger par la prochaine information, il pourrait encore avoir raison. Nous ne savons pas encore quel sera son nutri-score, mais cela pourrait être un beau gros A vert : du vent, c’est l’aliment du futur et nous n’inventons rien. Nous y voyons du potentiel : après tout, tout ce qui se trouve dans notre boîte mail, ce n’est aussi que du vent, jour après jour. Il doit y avoir un modèle d’affaires là-dedans. À la semaine prochaine !
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