Exclusif : le coronavirus est encore plus dangereux qu’il n’y parait. Il fait grossir. Et boire. Vraiment : une pandémie d’obésité s’annonce. En revanche, il n’y a rien de mal à profiter d’une portion bien tendre, maigre et poivrée de Filet Pur. Bonne dégustation !
À distance d’éternuement
Il parait qu’environ un tiers de la population active se perfectionne déjà dans le noble art de l’oisiveté bienheureuse. Mais ce n’est pas le cas des nombreux courageux employés de supermarchés qui sont au bord de la dépression nerveuse après deux semaines hallucinantes. Il semblerait qu’ils commencent à en avoir assez : ils aimeraient déjà pouvoir prendre un jour de congé supplémentaire ou terminer une heure plus tôt. C’est déjà le cas chez Lidl et Aldi, certains concullègues ferment une heure plus tôt le vendredi. Mais de toute façon, nul ne souhaite étendre les heures d’ouverture en ce moment. Vous bien ?
Pour l’instant, les chaînes fonctionnent encore de manière assez désordonnée, mais pendant que vous lisez ceci, de nombreuses négociations sont en cours dans les coulisses. Après tout, le fait que les supermarchés ont fait des affaires en or ces deux dernières semaines n’a pas échappé aux syndicats. Publier de sympathiques messages avec de simples remerciements, c’est bien beau, mais on peut faire un peu plus que ça. Après tout, le personnel des magasins se trouve constamment exposé, à distance d’éternuement, à de clients irresponsables. Cela mérite bien quelques indemnités en contrepartie. Il faut payer comptant.
Ses fermiers d’abord
En France, les détaillants alimentaires se sont précipités les uns après les autres de distribuer une prime-coronavirus, exonérée d’impôts, de 1000 euros à tous ceux qui le souhaitent. Mais vous savez comment cela se passe dans notre petit pays : plus de la moitié d’une telle prime retourne rapidement dans ce puits sans fond, aussi appelé Trésor public, ce qui ne vaut, alors, pas vraiment le coup. Carrefour a donc plutôt suggéré la distribution de bons, mais cette proposition a été rapidement écartée par les syndicats. En attendant, ils accordent déjà un jour de congé supplémentaire par semaine à chaque membre de son personnel ayant travaillé pendant les trois semaines de lockdown. Trois semaines de lockdown ? Oui, cela a été dit comme ça. Comment ont-ils appris chez Carrefour que le confinement ne durerait que trois semaines ? C’est un mystère pour nous, mais comme ça, vous savez aussi.
Une autre grande victime du coronavirus : le marché unique européen. Les supermarchés français refusent désormais de vendre des asperges ou des endives belges : ce sera français ou rien. Ses fermiers d’abord. Tiens, le but d’une Europe unie n’était-il pas d’avoir davantage d’échanges commerciaux et non moins ? Est-ce un retour à la case départ ? Typique. Bientôt, nous pourrons nous estimer heureux de pouvoir encore trouver des fruits et légumes exotiques dans nos magasins, et ce, en raison de problèmes logistiques et d’une pénurie de travailleurs saisonniers. Oubliez ces hipsters d’avocats : il faudra survivre avec des pommes et des poireaux. Vous trouverez ici un aperçu pratique de ce que les détaillants alimentaires européens font actuellement pour maîtriser ce monstre de coronavirus.
E-apéro
Voici une constatation plutôt inquiétante : plus des trois quarts des patients atteints du coronavirus admis à l’hôpital dans un état critique souffrent de problèmes d’obésité, rapporte une étude britannique. L’obésité exacerbe les symptômes. Êtes-vous surpris ? Mais attention, le taux d’obésité va monter en flèche, comme une fusée SpaceX, dans les prochaines semaines.
Logique : les personnes confinées se tournent désespérément vers une nourriture réconfortante, qui est tout sauf légère. La ruée sur le papier toilette et les pâtes est suivie d’une vague d’achats de pizzas surgelées, de bière, de chocolat et de gaufres Suzy. Les nombreux employés en télétravail qui restent seuls chez eux en pyjama derrière leur ordinateur portable cherchent du réconfort dans le placard à biscuit à longueur de journée. Et dans le frigo aussi d’ailleurs. Après la dernière vidéo-conférence Zoom, ils ne commencent jamais assez tôt l’e-apéro : alors toutes ces belles applications de vidéoconférence servent en fait simplement à trinquer joyeusement tous ensemble. Et chaque jour c’est pareil. Nous n’avons pas besoin de vous faire un dessin. Un manque d’exercice combiné à une dépendance émergente au sucre et à l’alcool : croyez-moi, cela ne fait pas bon ménage. Après « restez chez vous », il sera grand temps de lancer un nouveau message : « Restez à l’écart de cette armoire ! »
Pétition planétaire
Et nous n’avons même pas abordé la question de notre bien-être mental. La situation est tout aussi grave : quel est en fait ce sentiment de malaise qui nous envahit en cette période déprimante ? Comment pouvons-nous la nommer ? Eh bien, j’ai trouvé un certain réconfort dans cet entretien du plus grand spécialiste mondial du deuil, David Kessler. Lecture que je vous recommande d’ailleurs vivement en ces temps de confusion, si vous avez 10 minutes. En effet, ce que nous vivons aujourd’hui, c’est un deuil, déclare le spécialiste. Un deuil anticipatif, pour être plus précis : ce n’est pas faire le deuil de ce qui s’est passé, mais bien de ce qui est à venir. Nous pleurons déjà collectivement la perte que nous attendons. Avalez cela. La bonne nouvelle : c’est gérable.
C’est vrai, It’s a motherf*cker ce Covid-19, mais ça peut toujours être bien bien pire. Imaginez un peu, nul autre que le Roi de la Mièvrerie, Lionel Richie, envisage de sortir une version « coronavirus » de son tube mondial d’il y a 35 ans, We Are the World, l’équivalent musical de onze mille litres de sirop de sucre candi. Quelqu’un peut-il lancer une pétition planétaire pour l’empêcher de le faire ? Le monde entier vous remercie. En attendant, il est préférable de se lancer, à la maison, dans une danse endiablée sur cet irrésistible et entrainant tube de musique soul. Malheureusement, le grand Manu Dibango ne jouera plus de son saxophone, il fait effectivement partie des nombreuses victimes du coronavirus de la semaine dernière, d’où ce petit hommage. À partir de quelle heure est-il effectivement permis d’ouvrir une bouteille de Duvel, avec un sachet de chips ? Je demande cela pour un collègue. Soyez prudent et à la semaine prochaine !
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