Une semaine de la distribution alimentaire remplie de tendances contradictoires, et les prochaines semaines n’annoncent rien de bon. Une consolation : aucun animal n’a été tué ou maltraité pendant l’élaboration de ce Filet Pur.
Un automne chaud
Une fois de plus, des parties de poker de haut vol se jouent dans la distribution alimentaire. Alors que plusieurs investisseurs en capital-risque se battent pour la chaîne de supermarchés britannique ASDA, vendue au rabais par le propriétaire déçu Walmart, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky lance un nouvel assaut sur Metro. Ou du moins une tentative d’assaut. En fait, c’est la fuite en avant : s’il augmentait sa part à plus de 30 %, il se verrait contraint de racheter les autres actionnaires, ce qui lui coûterait bien plus cher. Il essaie donc de s’en sortir à moindre coût, mais ses chances de réussite semblent minces. Entre-temps, malgré une réunion hier, aucun accord social n’a été conclu pour la filiale Makro, en difficulté. Ça promet.
Doit-on s’attendre à un automne chaud ? C’est en tout cas avec des sentiments mitigés que les détaillants et les fabricants de produits alimentaires se préparent petit à petit à la période cruciale de fin d’année. Si les grèves ne leur mettent pas de bâton dans les roues, ce virus s’en chargera. Après tout, il n’y aura pas de grandes réunions de famille à Noël, et encore moins de dégustations dans les magasins. Cela va-t-il nuire aux célébrations, et au chiffre d’affaires ? Affaire à suivre.
Beau défi
L’un prend des mesures prudentes, l’autre lance un partenariat international ambitieux. Une chose est sûre : si les achats en ligne ne percent pas maintenant, ils ne perceront jamais. Si même Aldi met déjà en place un concept « click & collect », certes, au Royaume-Uni, vous savez que le temps est compté.
En tout cas, plus besoin de s’en faire pour Carrefour Belgique. Le perdant attendu, le triste appendice de la société mère française, reçoit une nouveauté mondiale sur un plateau, de la part du big boss Alexandre Bompard lui-même. Il pourra être le premier à prouver que le commerce électronique dans le secteur alimentaire peut également être rentable. On a hâte de voir. Avec l’aide d’un partenaire extérieur, certes, mais quand même : un beau défi. Vous ne pensez pas qu’ils vont tout gâcher maintenant, n’est-ce pas ?
Dans un flux
Quoi qu’il en soit, il y a peu, certains spéculaient encore sur une éventuelle vente de la division belge. Enfin, il s’agissait principalement de Hollandais moins bien informés perdus dans leurs pensées désidératives, qui voyaient déjà tous ces magasins étinceler sous des bannières bleu clair ou jaune vif. Laissez tomber, les gars. Carrefour Belgique est en plein essor. Les chiffres semblent à nouveau positifs, et ce surtout parce qu’ils pourraient difficilement être pires, certes, et l’enseigne a également un allié à Massy depuis l’année dernière. Ça aide. Le réseau gagne toujours.
Et pour ceux qui voudraient connaître tous les détails, rendez-vous au RetailDetail People Congress le 24 septembre, où Jonathan Cops nous révèlera comment Carrefour se numérise à un rythme rapide. Il est responsable du développement des talents chez le détaillant et, à ce titre, peut être considéré comme l’un des nombreux cerveaux de la résurrection.
Plus grand, le plus grand
Donc, si Jumbo entend colorer toute la Flandre en jaune, cela ne se fera pas par le biais d’un grand accord de reprise, l’enseigne ne pourra compter que sur elle-même. La semaine prochaine, un cinquième magasin ouvrira ses portes, dans le quartier des narcotrafiquants de Deurne. Un vent de renouveau soufflera dans cet ancien supermarché Alvo : le tout premier rayon Hema en Belgique. Ceux qui espèrent dénicher des boîtes à snacks et des housses de couettes Jip & Janneke seront déçus : ils y trouveront uniquement de produits portant le logo Hema sur l’emballage. Ballons, lumières d’ambiance, marqueurs, épluche-patates, planches à découper, ruban adhésif, papier cadeau… un beau mélange. Nous y jetterons tout de même un coup d’œil. Vous ne le feriez pas, vous ?
Et si le Danger Jaune sort une grande première, hors de questions pour son ennemi juré Albert Hein de se laisser distancer. L’enseigne bleue va bientôt ouvrir une véritable usine bleue : le plus grand Albert Hein du pays, qui arborera donc tout naturellement les lettres XL, en format XL, sur sa façade. Il faudra toutefois encore patienter jusqu’à l’ouverture : la première pierre a été posée hier. Mais l’heure est déjà aux superlatifs. D’ailleurs, Lidl relève le défi d’être le sympathique voisin dans le même parc commercial. Courageux.
Des projets diaboliques
Une évolution quelque peu contradictoire se dessine sur notre marché alimentaire toujours aussi palpitant : alors que les gens rechignent de plus en plus à consommer des animaux morts, de plus en plus de bouchers déploient des plans d’expansion ambitieux. La campagne de conquête du pionnier Dierendonck était déjà en cours.
Récemment, nous attirions l’attention de nos attentifs lecteurs sur les plans diaboliques du groupe de produits frais de Campine Peeters-Govers, qui veut non seulement recouvrir la Flandre de magasins Albert Heijn, mais aussi lancer une aussi commercialiser une nouvelle chaîne de boucherie artisanale. Et aujourd’hui, la boucherie anversoise Butcher’s Store semble également avoir des ambitions qui dépassent les frontières locales. L’enseigne vient d’ouvrir son troisième temple du bon goût et n’entend résolument pas s’arrêter là.
Tous veulent nous vendre « moins de viande, mais de la meilleure viande ». Un beau projet en apparence, mais un modèle commercial quelque peu douteux : si cette tendance se poursuit réellement, nous ne mangerons bientôt plus du tout de viande, mais elle sera d’excellente qualité.
Petite tasse de café
Depuis un moment déjà, il nous vend moins de café, mais du meilleur café : Nespresso. Pas très populaire dans les supermarchés, car son succès repose sur le dépassement de la distribution alimentaire. Culoté ! Un brillant exemple pour les fabricants de marques, précisément pour la même raison. Cette entreprise va atteindre la neutralité carbone, mais elle est aussi régulièrement sous le feu des critiques en raison de l’énorme quantité de déchets aluminium qu’elle produit. Malgré les incitations au recyclage, la majorité des clients se contentent de jeter ces capsules à la poubelle.
Aux oubliettes, donc ? Non, selon le directeur Oliver Perquy : ces capsules ne sont « pas un défi, mais un atout ». Bien trouvé, non ? Il a toutefois l’honnêteté d’admettre que les consommateurs belges ne renvoient que 30 % des capsules à l’expéditeur, et lorgne donc sur les sacs bleus. Pas non plus évident. Une consigne ? Voilà une petite tasse de café qui donne des maux de tête.
Cependant, les Belges préfèrent de temps à autre le réconfort d’une bonne bouteille de vin. Après Delhaize et Carrefour qui se targuaient de chiffres de vente en hausse, Cora annonce maintenant un triplement des chiffres, même en Flandre. Bon, ce satané virus sert tout de même à quelque chose. J’ai déjà mis une bouteille au frais. Et vous ? À la semaine prochaine !
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