Les retailers alimentaires changent de partenaire comme de chemise. La charge de travail devenue intenable n’est qu’un dommage collatéral. Mais ouf, il nous reste le chocolat. Savourez sans modération ce résumé hebdomadaire de RetailDetail Food !
Sous pression
C’est avec la tête lourde et les yeux embués que nous entamons la rédaction de cette rubrique. Et pour cause, le fameux RetailDetail Congress d’hier s’est prolongé jusqu’aux petites heures. Un événement prestigieux, avec une affiche impressionnante de CEO renommés, des présentations spectaculaires en 3D, des drones … Mais comme toujours il y a des invités hyper sympas et indécollables qui s’éternisent. Et au final, qui se charge de débarrasser les verres vides ? Vous avez deviné.
« En fait, sous pression tout devient liquide », prétendent certains top managers autoproclamés. Ils s’égarent, car cette loi scientifique ne s’applique qu’aux gaz et non pas aux corps solides, comme nous les humains. Peut-être l’excentrique général George S. Patton avait-il raison finalement lorsqu’il affirmait que ‘pressure creates diamonds’ ; en d’autres termes que l’homme n’est capable de démontrer son plein potentiel que s’il est mis sous pression. En tout cas c’est ce que pense la direction de Lidl, contrairement aux employés qui désapprouvent et se sont mis en grève. « Ils ont de l’argent pour des publicités idiotes, mais pas pour nous », se plaignent les travailleurs esclaves dans la presse. Mais bon, ‘sans frottements pas d’éclat’. Encore une platitude ! Chez Carrefour par contre les grèves sont derrière le dos, du moins en France, où un accord social a été signé. Evere ne tardera sans doute pas à suivre.
Les petits-enfants se portent bien ?
En revanche chez Albert Heijn l’approche est totalement différente : le discounter teste la ‘caisse relaxe’. Oui, c’est exactement ce que vous imaginez : une caisse où la cliente qui vous précède compte tranquillement sa petite monnaie, tout entamant une petite parlotte avec la caissière à propos de ses petits-enfants. Tandis que vous, vous attendez patiemment depuis 10 minutes de pouvoir payer votre petit pain gris et vos 100g de fromage de Hollande. Bref, un bras d’honneur à cette nouvelle tendance des magasins high-tech sans caisses où les employés sont remplacés par des robots. Un bon exercice anti-stress ! Mais pourquoi diable n’avez-vous pas opté pour le self-scanning ?
Ou pour une visite chez Carrefour Express, qui propose des repas instantanés et une réponse sur mesure aux besoins inopinés de clients pressés. Avec 300 points de vente Express à l’heure actuelle, il y a de grandes chances qu’il y en ait un dans votre quartier. Et il s’en ouvrira encore au moins vingt cette année. Chapeau ! Et pour ceux que les magasins ennuient, ils pourront toujours passer leur commande en ligne. Tout bien considéré, il s’agit de la seule option rationnelle pour les courses hebdomadaires répétitives. D’ici peu, vous pourrez peut-être passer commande chez PicNic, le webshop alimentaire novateur qui effectue les livraisons au moyen de camionnettes électriques. La start-up construit un centre de distribution à Eindhoven, donc suffisamment proche de la frontière nous semble-t-il pour entamer la conquête de la Flandre, après s’être déjà lancée en Allemagne.
Les doigts qui collent
‘Nestlé a perdu quatre doigts’, titrait notre site web inégalable. Précisons : les quatre doigts de Kitkat, que Nestlé a fait breveter pour obtenir le droit exclusif sur la forme typique de la barre chocolatée et ainsi contrecarrer, entre autres, la gaufrette Leo de son concurrent Mondelez. Bien essayé, mais la Cour de justice européenne en décidé autrement, jugeant que la forme n’était pas assez emblématique pour que Nestlé bénéficie du droit exclusif. Une excellente nouvelle pour Aldi, qui vient de prouver scientifiquement que la célèbre gaufrette Olé est non seulement aussi bonne, mais même meilleure que l’original, alors que les deux gaufrettes, comme chacun sait, sortent de la même usine. Bizarre. Auraient-ils interrogés des consommateurs d’Aldi ? Et bien voilà le résultat.
Quoiqu’il en soit, tant Olé que KitKat et Leo se vendent trop bon marché. C’est ce qu’affirme Fairtrade Belgium, qui défend la cause des cultivateurs d’Afrique occidentale vivant dans une extrême pauvreté. La hausse du prix du cacao est un réel tabou, souligne l’organisation, sans nommer de noms. Le chocolat équitable dans notre pays représente une part de marché d’un seul misérable pourcent. Peut mieux faire ! Pourtant le communiqué de presse nous rassure quelque peu : ‘le chocolat ne disparaîtra pas’. Ouf, un soupir de soulagement a retenti au sein de la rédaction de RetailDetail ! Mais ne triomphons pas trop vite : un ‘Food Ingredient Panic Meter’ prédit avec une précision scientifique si votre snack favori risque un jour de disparaître de la planète. En tout cas le prix du vin va augmenter, suite aux mauvaises récoltes. Tchin-tchin !
Echangisme à la française
Le gouvernement français qui, comme chacun sait, défend sans cesse les droits des consommateurs, a pris une mesure sans équivoque : les produits qui ne sont pas de la viande, ne peuvent porter un nom de viande. Pour éviter toute confusion, cela va de soi. Terminé donc le steak végétarien, le lard de soja, le burger végétal ou encore la saucisse végane. La proposition de loi a été introduite par un éleveur de bétail qui espère ainsi mettre le holà à la baisse de consommation de viande. Des tentatives similaires ont déjà été observées en Allemagne et aux Pays-Bas. On appelle ça ‘des combats d’arrière-garde’. Cela ne fera que stimuler la créativité des fabricants ‘veggie’.
Restons en France, où Carrefour et Système U ont décidé de créer une alliance d’achat. Soi-disant pour ‘garantir de meilleurs prix aux agriculteurs’, indique le communiqué de presse. Mais aussi pour obtenir de meilleures conditions auprès des fabricants, évidemment. Mais comment combiner ces deux ambitions ? Le communiqué n’approfondit pas la question. Or Système U avait déjà une liaison avec Auchan et Casino. Une infidélité que notre CEO favori numéro 2, Michel-Edouard Leclerc, n’a pas manqué d’évoquer pour accuser ses concullègues d’échangisme débridé.
Convoitise
Non, pas question de partouzes chez RetailDetail. Toutefois notre port d’attache hyper branché, à savoir la belle ville d’Anvers, est convoitée par de nouveaux magasins qui dans notre quartier tentent d’attirer notre attention et notre portefeuille. Notamment Bio-Planet, qui ouvre un magasin citadin juste derrière notre coin, dans le bâtiment anciennement occupé par un Proxy Delhaize qui a dû céder sa place pour la Grande Fusion, souvenez-vous.
En outre nous avons trouvé une autre bonne adresse pour le lunch. Unilever, pour promouvoir ses sauces Hellmann’s, a ouvert sur la Grand-Place un deli pop-up d’inspiration new-yorkaise. On y sert des sandwichs au pastrami et des burgers branchés, richement nappés de mayonnaise importée, bien entendu. Mais attendez, les participants à notre congrès exclusif d’hier ont sans nul doute remarqué la ligne parfaite de notre Grand Timonier. Alors dans ce cas un petit péché n’est pas interdit. En avant, allons-y de ce pas ! A la semaine prochaine !