Comment Colruyt parvient à rester si bon marché, que manigance Albert Heijn dans son rayon frais, pourquoi Delhaize mise sur le sans gluten et quelle est cette folle ambiance chez Aldi? Réponse dans le résumé hebdomadaire de RetailDetail Food.
Abus sans vergogne
L’invitation était aimable et le sujet nous semblait intéressant. C’est donc sans aucune méfiance que nous nous sommes rendus à Haasrode, où une délégation de Colruyt Group devait s’adresser à la presse concernant la qualité de ses marques maison. Nous ne pouvions imaginer ce qui nous attendait ! Après les présentations, nous avons été poussés dans de petites cabines exiguës, où nous avons dû goûter une série de produits alimentaires douteux, au sujet desquels nous avons ensuite dû remplir un questionnaire interminable. Une expérience traumatisante. Mais bon, un journaliste se doit d’agir dans l’intérêt général.
Car c’est ainsi que nous avons découvert comment Colruyt, sournoisement, parvenait à garantir le meilleur prix : les travaux forcés, il n’y a pas d’autre mot, bien que les troupes de Jef préfèrent utiliser le terme branché de co-création. Au lieu d’avoir recours à des experts onéreux, le discounter abuse sans vergogne de clients crédules. Et que touche le pauvre goûteur en échange de ce dur labeur ? A peine 7 euros. On est loin du salaire horaire minimum. Et tout cela pour créer une plus-value durable. Jusqu’où ira-t-on ? Avec l’argent ainsi épargné, Colruyt rachète des actions propres ce qui lui permet de maintenir artificiellement le cours de l’action.
Grands mangeurs
Quand il pleut chez Albert Heijn, il bruine chez Delhaize. Donc lorsqu’ AH lance un nouveau concept de magasin, nous faisons notre petite enquête. Le magasin en question, situé à Hoofddorp, réunit toutes les innovations récentes sous un seul toit, paraît-il. Tout comme Colruyt, Appie met ses clients au travail, avec des herbes aromatiques à cueillir en magasin et un rayon ‘Grow Your Own’ avec tout ce qu’il faut pour aménager votre propre potager. « Désormais vous cultiverez vos légumes vous-mêmes, bande de flémards », tel est en gros le message du retailer. Néanmoins en voyant les photos, nous avons eu un léger sentiment ‘Back to the Future’. Car après tout les ‘growshops’ ne sont pas nouveaux chez nos amis hollandais et le système de nébulisation pour garder les légumes au frais date déjà des années ’90. Nous avons voulu aller vérifier sur place, mais malheureusement la DeLorean ne démarrait pas. Pas de chance.
Environ 1,5% de la population souffre d’intolérance au gluten. Ils ne sont donc pas si nombreux, mais apparemment ce sont de grands mangeurs. Sinon comment expliquer l’énorme croissance des ventes de produits sans gluten ? Delhaize a enregistré une hausse de 40% et introduit donc une série de nouveautés sans gluten, notamment des petits pains pour burgers ou encore des biscuits à la noix de coco. De quoi séduire ces nombreux shoppers branchés qui confondent sans gluten et sain. Tout comme certains confondent la santé et le véganisme, qui tout au plus respecte le bien-être animal. Quoi qu’il en soit la chaîne Holland & Barrett, axée sur les produits sains, prépare un magasin entièrement végan. Ouf, pour les animaux !
Ambiance de travail mitigée
L’ambiance est au beau fixe chez Aldi, depuis qu’un vent frais y insuffle un nouveau dynamisme. Désormais Aldi a les plus beaux magasins et les meilleurs produits, donc les collaborateurs rayonnent de fierté. Afin de renforcer encore ce sentiment gagnant, le discounter lance un magazine destiné au personnel, illustrant la vie quotidienne chez Aldi. Le titre du périodique, ‘Vivaldi’, est le fruit d’une semaine de brainstorming par une cellule créative. De plus, le timing est parfait : la première édition paraît au moment même où l’ambiance de travail chez les sympathiques collègues de Lidl est au plus bas, tout comme chez Carrefour.
Nestlé se met au régime : le groupe suisse veut diminuer la teneur en sucre, sel et graisse dans ses produits, qui plus est dans la nutrition infantile. Non pas que le fabricant envisage de se lancer dans la commercialisation de légumes sains. Après tout les friandises restent un produit lucratif, il suffit de réduire la teneur en sucre des barres chocolatées. L’approche est claire : ne vous privez pas de friandises, les enfants ! Mondelez aussi constate la croissance du marché des snacks et collabore avec les retailers pour rendre les rayons encore plus attractifs, sous la devise « voir c’est acheter, et acheter c’est consommer. » En quoi consiste précisément leur stratégie ? Ils viendront vous l’expliquer lors du Trade & Shopper Marketing Congress organisé par RetailDetail et LD&Co le 12 juin sur le site Living Tomorrow à Vilvorde. A ne pas manquer. Vous n’avez pas encore de tickets ? Alors ne tardez pas à réserver votre place.
Paresse honteuse
Les gens ne lisent plus les journaux papier, se sont arrêtés de fumer, ont banni les sucreries et jouent au loto en ligne. Rien d’étonnant donc à ce que les marchands de journaux aient du mal à survivre. La solution selon Unizo ? Les magasins de journaux doivent élargir leur assortiment, notamment en y ajoutant des produits alimentaires. C’est ce qu’ils ont dit dans le journal – bien vu, car actuellement les marchands de journaux n’ont rien d’autre à faire que de lire le journal. Toutefois nous décelons ici une contradiction étrange. Pour renforcer leur compétitivité, les commerces alimentaires indépendants ces dernières décennies ont ajouté un rayon presse et des jeux de hasard à leur offre, concurrençant ainsi les marchands de journaux. Et à présent tous les magasins de journaux devraient devenir des magasins de proximité ? Ne s’agirait-il pas là d’une action marketing sournoise de buurtsuper.be afin d’attirer de nouveaux membres ? Pas impossible.
Et pour terminer ceci. Il y a quelques semaines nous vous parlions de ce fameux Spar – situé dans le bâtiment anciennement occupé par Albert Heijn à la Groenplaats à Anvers –, dont l’ouverture se fait attendre. « Voyez combien nous travaillons dur à votre nouveau Spar », tel était le message affiché durant des mois sur la façade de l’immeuble. Mais visiblement honteux de leur paresse ils ont fini par retirer l’affiche. Ou ont-ils changé d’avis ? Lors de la reprise nous écrivions déjà que Retail Partners Colruyt Group n’avait pas une grande expérience en matière de magasins urbains. A notre avis, ils feraient mieux de refiler le bâtiment à leurs collègues d’Okay Compact. Enfin, ce n’est qu’une suggestion. A la semaine prochaine !