Le food retail, lui aussi, est l’objet de vétos, de points de rupture et de fausses promesses, comme nous avons pu le constater cette semaine. Comment tout cela finira-t-il? Réponse dans ce résumé hebdomadaire brûlant d’actualité de RetailDetail Food !
Baristas barbus
Le créneau inexploité dans le marché : tout le monde le cherche, mais rares sont ceux qui le trouvent. Panos fait partie de cette minorité. La chaîne de sandwicheries annonce un projet unique : devenir une destination ‘café’. Je répète pour les lecteurs qui auraient parcouru trop rapidement la phrase précédente : Panos va servir du café. Oui, du café. Il a fallu deux ans de préparatifs à Panos pour mettre au point ce projet : une période intense de brainstorming, de réunions, de discussions, …
Parce qu’en en effet, il y a dans notre pays une pénurie de bars à café, de coffee shops, de corners espresso, de torréfacteurs locaux, de baristas barbus et de décorateurs de cappuccino. Non ? Ça nous rappelle les paroles de l’inégalable Groucho Marx : « La politique, c’est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes ». Une citation qui s’applique tout aussi bien au marketing.
Une insupportable enquiquineuse
S’il y a en Europe une politicienne qui mérite le titre de ‘dame de fer’ ou de ‘femme à poigne’, c’est bien la Danoise Margrethe Vestager. Du moins selon les organisations de consommateurs. Par contre les entreprises – surtout lorsqu’elles sont grandes et digitales – la qualifient plutôt d’obsédée des règles ou d’insupportable enquiquineuse.
Pourtant cette semaine la Commissaire européenne a été applaudie unanimement par les retailers, pour avoir osé infliger une amende de 200 millions d’euros au numéro un mondial de la bière en raison d’abus de pouvoir. De fait, durant sept ans le brasseur a fait payer trop cher la Jupiler aux consommateurs belges, tout en empêchant les supermarchés d’aller s’approvisionner meilleur marché à l’étranger. Honte à toi, AB InBev! Mais avez-vous vu pleurer Carlos Brito ? L’avez-vous entendu s’excuser ou proposer une compensation pour se faire pardonner ? Bien sûr que non. 200 millions d’euros, c’est une broutille pour Gigabev. Non, soyez certains que le prix de la Jupiler ne baissera pas. Et quant à savoir si désormais les retailers pourront sans problème commander leurs produits de marque au-delà de la frontière, rien n’est moins sûr. Car bien entendu, le brasseur n’est pas le seul filou à appliquer de telles pratiques.
Les retailers exigent que tous les fabricants de marques respectent enfin le marché unique. Spoiler : ils n’en ont nullement l’intention. Et entretemps Test-Achats joue au populiste : le brasseur se doit de faire un geste, estime l’organisation des consommateurs. C’est un point de rupture, ni plus ni moins. Il pourrait même y avoir une action en justice. Mais qu’attendent-ils ? Une tournée générale ? Mouais, pourquoi pas. Tout compte fait Vestager a tendu une magnifique perche au département marketing de Jupiler. Pourvu qu’ils sachent la saisir. Eh oui, c’est comme ça quand on joue au Monopoly : la banque gagne toujours. Et AB InBev est une banque qui en plus vend de la bière. Ils auront vite fait de récupérer ces 200 millions, s’ils savent s’y prendre.
Pas pour les gilets jaunes
Parlant de gain d’argent : Lidl est champion en la matière. L’an dernier la maison-mère Schwarz Gruppe a établi un nouveau record et ce en grande partie grâce à l’imparable expansion du smart discounter, qui de plus en plus mise sur l’online. Quant à savoir si le service de livraison à vélo Simpl à Gand a apporté une contribution significative à ces résultats, cela nous semble peu probable, toujours est-il que le nombre de commandes dépasse largement les attentes. Lidl a donc décidé d’élargir l’assortiment et d’augmenter les frais d’expédition à 3,99 euros, car la semaine dernière ils ont été très attentifs lorsque Colruyt a annoncé son service de livraison ‘à prix réaliste’. Ils sont quand même nettement moins chers que ShipTo, les coursiers à vélo de Carrefour, qui n’hésitent pas à facturer 5 euros de frais de livraison.
Et parlant de livraison : le projet de courses durables Loop a été lancé à Paris. Il s’agit d’une start-up partenaire de 25 grandes multinationales qui vise à réduire les déchets et qui pour ce faire livre les produits à domicile dans de jolis emballages consignés. Une merveilleuse initiative circulaire, à laquelle s’est associé Carrefour. Mais pas vraiment destinée aux gilets jaunes : certains produits en version écologique coûte jusqu’à quatre fois plus cher que la version jetable disponible au supermarché. La durabilité est un luxe réservé aux Parisiens aisés.
Un épicier-colombophile
Et voici une info pour les clients de Delhaize : le retailer se met à nu, disait l’annonce. Tout excités nous imaginions déjà la scène, mais c’était une fausse promesse. En fait il s’agissait du rayon fruits et légumes : désormais les salades iceberg et les brocolis ne seront plus emballés dans du plastique polluant. Comme au marché du dimanche, mais tous les jours, titrait une affiche. Il faut sauver la planète, donc back to the future. Comme au bon vieux temps, où les fruits et légumes étaient toujours vendus en vrac.
Le supermarché de l’avenir lui aussi s’inspire du passé. Voyez plutôt : le magasin du futur vous reconnaît de loin, s’adresse à vous par votre prénom, vous prépare votre vin favori, attire votre attention sur les asperges hyper bon marché et vient vous livrer le lait et le produit de lessive demandés le soir devant votre porte. Tout ça grâce à l’intelligence artificielle. Autrefois un petit épicier faisait pareil dans ma rue. Il s’appelait Jef et son intelligence n’avait rien d’artificiel. Durant ses rares moments de loisirs il était également colombophile et lorsqu’un supermarché est venu s’installer dans le quartier, son hobby est devenu une occupation à plein temps, par la force des choses. So it goes. Nietzsche avait donc raison : Tout revient. Nous aussi, d’ici sept jours. A la semaine prochaine !
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