Une crise de biscuits était justement ce dont nous avions besoin après cette semaine éprouvante. Mais seul Filet Pur met le doigt sur le point sensible et pose la question à un million : qui défend réellement quel portefeuille ? Ah ah ! Lisez la suite et tremblez !
Choux gras
Chaque nation a le leader de marché qu’elle mérite. Colruyt ne compte pas ses efforts pour promouvoir la santé publique. Nous ne pouvons que nous en réjouir, évidemment. Après les pots de Nutella saturés d’huile de palme et de sucre, c’est maintenant au tour des biscuits croquants Oreo et LU d’être retirés des rayons, tout comme les barres de chocolat Côte d’Or et Milka. Histoire de ne pas trop tenter les acheteurs. Après tout, avec la réintroduction du télétravail obligatoire, les coronakilos pourraient bien faire leur grand retour.
Ce petit conflit a une fois de plus fait les choux gras des médias publics, qui se sont tout naturellement tournés vers RetailDetail pour un avis professionnel. À Halle, ils n’ont pas peur : que les key account managers en costume cravate de Mondelez n’imaginent pas qu’ils peuvent simplement répercuter la totalité de la facture des coûts sur la distribution, et donc sur le consommateur. Quelqu’un doit défendre le pouvoir d’achat du peuple. Et si ce n’est pas Jef, qui le fera ?
Du bleu au jaune
Le PDG a manifestement bien plus à défendre que notre portefeuille : le sien, bien sûr. Colruyt est en fâcheuse posture, avec sa garantie intenable des prix les plus bas. Ça devient même un peu gênant. C’est peut-être un acteur de taille en Belgique mais, en Europe, c’est un peu comme nos clubs de football : le détaillant est plutôt insignifiant, pour le dire poliment, et cette fameuse alliance internationale de distributeurs est à bout de souffle. Parallèlement, les casseurs de prix hollandais prospèrent dans notre pays. Pas facile.
Jumbo, par exemple, poursuit allègrement son expansion avec l’ouverture de son premier magasin franchisé belge cette semaine : les entrepreneurs d’Alvo, qui ne sont pas encore prêts à prendre leur retraite, troquent le bleu foncé contre le jaune afin de mieux servir les clients locaux. Quand on parle de respect. Pendant ce temps, à quelques pas des bureaux de RetailDetail, Jumbo City continue à attendre : pas (encore) des clients, mais des employés. Tout est prêt, mais impossible d’ouvrir sans avoir une équipe.
Mieux payé
La pénurie de personnel dans les magasins n’est pas un problème belge, soyons clairs. Au Royaume-Uni aussi, les détaillants doivent se livrer à une guerre pour recruter les talents. Et ce n’est autre que Lidl qui ouvre les hostilités : en revoyant les salaires fortement à la hausse, le combattant des prix espère attirer du personnel de magasin ambitieux. C’est même le supermarché qui paie le mieux du pays. On peut imaginer que les collègues belges, qui se disent surchargés et sous-payés, voient cela d’un mauvais œil. Sans parler des employés de magasin totalement épuisés de Carrefour Groupe Mestdagh: ils font grève là aussi, mais pas dans les magasins flamands.
Mais bon, s’il y a un gagnant dans la distribution alimentaire aujourd’hui, c’est bien Ahold Delhaize, non ? Trimestre après trimestre, Frans Muller et ses troupes dépassent les prévisions. Et ils vont maintenant aussi faire entrer en bourse leur poule aux œufs d’or, bol.com. Ou du moins une partie. À la caisse ! Allons-nous enfin découvrir s’ils en tirent une quelconque rentabilité ? Rassurez-vous : tout ira bien.
Plan directeur
Le contraste est frappant avec les ventes de produits alimentaires en ligne, qui sont toujours déficitaires chez Delhaize et Albert Heijn. Certes, Albert Heijn étend maintenant sa zone de livraison à la riche Flandre occidentale, mais cela ne suffira pas. Les choses doivent changer. Mais comment ? Lors d’une journée virtuelle des investisseurs, le détaillant a dévoilé son plan directeur : Delhaize, Albert Heijn et bol.com doivent renforcer leur collaboration. Ça ne s’invente pas.
Ou bien si ? Car qu’avons-nous écrit noir sur blanc, il y a seulement trois semaines : « En fin de compte, Ahold Delhaize a tout ce qu’il faut au Benelux pour construire un (petit) écosystème solide. » Frans et Wouter sont des lecteurs fidèles de cette rubrique, nous le savons avec certitude. Cependant, le chemin est encore long pour faire de ces beaux projets des success stories. Pour l’instant, ils ne vont pas beaucoup plus loin que « commandez de la viande pour barbecue chez Delhaize et bénéficiez d’une offre pour un barbecue sur bol.com. » Cela ne vous sauvera pas, messieurs.
Wrap aux criquets
Ils le savent aussi, bien sûr. Ils ne veulent simplement rien dévoiler pour l’instant. C’est aussi ce que vous feriez, pas vrai ? Les détaillants sont souvent des pionniers, d’ailleurs, dans de nombreux domaines. N’avons-nous pas appris cette semaine que l’Europe avait enfin approuvé les criquets pour la consommation humaine? Des aliments riches en protéines, durables et sains, finalement. Croustillants, avec une saveur de noix. Mais Albert n’a pas attendu cette approbation officielle. Une délicieuse recette figure depuis longtemps sur le site web du détaillant alimentaire. Ça donne envie, non ?
Pour en savoir plus sur cette tendance à l’alimentation durable, nous n’avons qu’une seule recommandation : The Future of Food, l’ouvrage de référence à ne pas manquer sur l’avenir de notre système alimentaire. Ce n’est pas un livre de cuisine, mais après l’avoir lu, votre appétit sera sans aucun doute satisfait. Profitez-en ! À la semaine prochaine !
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