Aujourd’hui en promotion : la peur fait mieux vendre que le sexe, les détaillants continuent de se livrer une forme de guerre relativement civilisée, tandis que George Clooney verse des larmes amères. Vous ne vous sentez pas bien ? Une bonne portion de Filet Pur va vous remettre d’aplomb !
Nez qui coule
Stockoooooons ! Jusqu’à récemment, ce cri était l’apanage d’un retailer, qui n’était que trop heureux de vanter ses solides actions promotionnelles. Mais cette exclusivité appartient au passé : les consommateurs ne se contentent pas de faire leurs stocks de provisions uniquement chez Albert Heijn, ils le font partout. La peur y est pour beaucoup. Vous pensez que le sexe fait vendre ? La panique le fait encore mieux. Oui, le coronavirus est bon pour les affaires : cela faisait longtemps que de tels records de chiffre d’affaires pour les aliments secs et le savon n’avaient plus été atteints. Et pour le commerce électronique aussi d’ailleurs, car quelqu’un qui a le nez qui coule fait mieux de rester à l’intérieur. Les livreurs devront-ils bientôt porter un masque ? Métier à risque !
Un effet secondaire frappant de ce virus est qu’il s’avère être un remède efficace contre l’intolérance au gluten : les rayons de pâtes, de riz et de farine sont dévalisés de manière indescriptible. Plus une boîte de raviolis en vue non plus. Il se peut donc que le Covid-19 affecte également les papilles gustatives. Tout comme le bon sens. Qu’est-ce que les acheteurs trouvent le plus grave dans cette agitation ? Qu’il n’y ait plus de dégustations gratuites chez Colruyt !
Lèvres sèches
En revanche, nous n’entendons aucune plainte concernant l’absence de coca. C’est parce que le discounter ne réalise qu’à moitié ce fameux boycott. Dans les magasins, il n’est ni question de rayons affreusement vides ni de panneaux portant le message révélateur « temporairement indisponible ». Et cela pour un détaillant connu pour son exécution sans faille sur le terrain ? Étrange. Il doit sûrement y avoir autre chose, mais motus et bouche cousue de leur côté.
Et nous avons pourtant insisté. Dès que nous avons appris qu’Intermarché et Coca-Cola étaient à nouveau comme les doigts de la main chez notre sympathique voisin du sud, nous avons appelé le siège de Hal pour en savoir plus, mais en vain : nous n’avons obtenu qu’un sec « les négociations sont toujours en cours ». Et cela alors que tout le monde sait qu’ils ont commencé ce bras de fer uniquement parce que leurs amis de chez Agecore le leur ont demandé ? La conclusion est simple : il serait bien sûr trop évident qu’ils fraternisent le même jour, alors ils gardent les apparences pendant un petit temps encore. Malin ! Mais toute à l’heure ou lundi, cet accord sera un fait, vous verrez.
Poussée de fièvre
Alors qu’un détaillant conclut un accord de paix, un autre se contente de déclencher une nouvelle guerre. Il en est ainsi dans le monde toujours aussi fascinant des biens de grande consommation. La branche française du discounter intelligent, Lidl, fait disparaître Danone de ses rayons. Non pas à cause d’une augmentation des prix, mais à cause d’un manque manifeste de transparence. C’est ce qu’ils disent. Le détaillant veut pouvoir offrir aux producteurs laitiers une rémunération correcte, mais Danone ne veut pas communiquer les informations nécessaires, c’est à peu près ce qui ressort de la version officielle. Et si nous n’y croyons pas, ils nous convaincront bien d’autre chose.
Poussée de fièvre également de l’autre côté de la Manche : le leader du marché Tesco a envoyé une déclaration de guerre sans équivoque à Aldi. Pour vous dire : ils vont informer leurs clients que plusieurs centaines de produits seront dorénavant vendus aux mêmes prix que ceux du hard-discounter. Pour que ces clients puissent eux-mêmes conclure que tout le reste est donc tout simplement beaucoup plus cher. Mouais.
Frissons
Regardez, la chose la plus stupide que Delhaize ait jamais faite dans notre pays a été d’accrocher dans ses magasins des affiches « même prix que chez Aldi ». Faire de la publicité pour votre concurrent, dans vos propres rayons : ce n’est pas un coup de génie. Mais : personne n’a de brevet sur les décisions irréfléchies, Tesco est donc autorisé à faire ce que bon lui semble. En 2018, ce même détaillant a également lancé sa propre chaîne de magasins discount, Jack’s, qui devait devenir un concurrent de taille pour le discounter allemand. Et cela aussi semble n’être qu’un coup dans l’eau. Cette débâcle a été prédite par Filet Pur, mais bon, peut-être se croient-ils trop bien pour notre colonne inégalée, là-bas dans leur charmant QG de Welwyn Garden City. C’est à eux de savoir.
« Attention ! Les Russes arrivent ! » Dans un passé pas si lointain – oui, nous vieillissons – une telle exclamation aurait pu conduire à une hystérie de masse, ou du moins à une vague de frissons, mais aujourd’hui, c’est surtout les haussements d’épaules qui dominent. Quoique : une chaîne de supermarché à croissance rapide nommée VkusVill (qui signifie littéralement « ville du goût ») prévoit une offensive éclaire avec des magasins remplis de produits frais et sains à Amsterdam et à Paris. Comment ça, et pas à Anvers ou à Bruxelles ? Nous avons posé la question, mais la réponse est restée vague : « Nous aimerions bien, mais il n’y a pas encore de plans vraiment concrets », parait-il. Peut-être qu’il y a autre chose en jeu : cette société veut entrer en bourse, dans ce cas il vaut mieux être là où se trouve l’argent. C’est de la RP.
Yeux larmoyants
Tragique : George Clooney est profondément attristé. Il a plus envie de pleurer que de lancer un sourire assuré à une brune élancée. Que se passe-t-il ? Les grains, qui ont servi à faire ce café que le Kris Peeters américain aime tant, sont cueillis par les mains innocentes d’enfants sous-alimentés. Les experts du café réagissent froidement : « Tenez mon latte macchiato. » Il semblerait que soit un secret public, mais il y aura quand même une enquête. Typique.
Pourtant, les producteurs de denrées alimentaires sont réellement capables de donner le bon exemple, quand qu’ils veulent bien faire de leur mieux. Lay’s, par exemple, économise 19 tonnes de matériaux d’emballage et 550 camions complets par an, uniquement en vendant moins d’air : ils ont réduit d’un centimètre seulement la taille de leurs paquets de chips. Il ne faut pas imaginer ce que nous pourrions économiser si nous arrêtions de manger des chips. C’est trop demander, n’est-ce pas ?
Mal de gorge
Et pour terminer. Un arôme presque enivrant, une couleur d’un vert profond, un goût complexe, mais frais et une consistance charnue : croyez-nous, le basilic de Bio-Planet, cultivé de manière hautement technologique, repousse tout simplement les limites culinaires. Nous avons pu le goûter par nous-mêmes, directement depuis la ferme verticale. Bon, disons que la verticalité est un concept relatif dans ce cas : il s’agit principalement d’une accumulation de boîtes de culture horizontales, mais vous comprenez tout de suite où ils veulent aller à Hal : vers un monde meilleur en particulier, où la pénurie d’eau et de sol ne constitue plus un obstacle pour nourrir la population mondiale grandissante. Même si ce n’est qu’avec du pesto, puisque les pâtes sont en rupture de stock.
À moins bien sûr que la population mondiale ne soit décimée. Ce qui, au vu des récentes informations, ne semble même pas si improbable. Ce serait une bénédiction pour la planète, mais personnellement j’ai l’intention d’éviter encore un peu ce mal de gorge en me servant, toute à l’heure, quelques bières des plus fortes. Ça doit réussir ! J’espère à la semaine prochaine !
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