Fake news, fausse viande, théories du complot et bars sans bière, voici tous les sujets qui ont dominé l’actualité du secteur alimentaire cette semaine. Sans oublier les résultats trimestriels : Filet Pur sépare les champions des perdants et propose une chronique pimentée comme nourriture réconfortante pour l’esprit.
Stockage massif ? Fake news !
Ce confinement fait faire de drôle de choses. Sur les réseaux sociaux, certains partagent désormais avec nostalgie des photos de gloires passées telles que Unic, Nopri, Sarma, Boxer, Profi ou GB… Nous mettrons cela sur le compte de l’ennui. Parce qu’allez comprendre : ils réagissent de façon hystérique lorsque quelqu’un s’approche d’eux d’un millimètre de trop dans un magasin, mais éprouvent de la nostalgie pour les bazars défraichis et désordonnés d’une époque où les normes d’hygiène étaient inexistantes. Ce virus se serait certainement senti chez lui dans un vieil Unic. De charmantes photos, ça oui.
Le fait que les clients ne se sentent pas en sécurité dans les supermarchés n’est dû qu’aux autres clients : nous n’entendons aucune plainte concernant les mesures de sécurité mises en place par les détaillants alimentaires. Bien sûr, il faut toujours prendre une telle étude de marché avec une pincée de sel. Laissez les consommateurs expliquer, de préférence dans le cadre d’une enquête en ligne, ce qu’ils font réellement, et vous obtiendrez les réponses les plus absurdes et les plus incroyables qui soient. Stocker de façon massive ? Ce n’est jamais arrivé. Non. Vraiment. Jamais. C’était une fake news. Si les consommateurs eux-mêmes le disent, ça ne peut qu’être vrai. Qui pourrait le savoir mieux qu’eux ? Seuls 14 % des consommateurs ont constitué des stocks. Voilà. Ces rayons vides sont donc bien le résultat de la pure ignorance des grandes chaînes. Ou d’un sabotage. Un complot. Nous ne voyons pas d’autre explication. Vous bien ?
Pas en promotion : les masques buccaux
Depuis quand les promotions sont-elles à nouveau autorisées ? Ils ne se sont pas retenus chez Colruyt : quelle ne fut pas la pile de promotions dans la boîte aux lettres cette semaine. Un leader du marché qui prend ses responsabilités, c’est beau. À cause de l’insistance de Test-Achats peut-être, puisque pour ses derniers il n’y a jamais assez de réductions. Peut-être les concurrents avaient-ils espéré que toute cette crise du coronavirus ouvrirait une nouvelle ère, avec des marges plus saines et moins de destruction de valeur par des actions promotionnelles lancées aveuglément ? Ils en sont pour leur peine. Rien n’a changé. Il y a bien eu des critiques : proposer des bacs de bière gratuits alors que l’abus d’alcool augmente actuellement, ce n’est vraiment pas le moment pensent les experts en toxicomanie. Le discounter n’en a que faire : il en promet encore plus pour la semaine prochaine.
N’étaient cependant pas en promotion : les masques buccaux. Plus encore : ils ne les avaient pas encore de stock. Delhaize et Carrefour étaient préparés, ou alors ils avaient de meilleures connexions, qui sait ? Après tout, selon les pharmaciens, tout cela n’est qu’un vaste complot du coronavirus. Eh bien oui : il était impossible de s’en procurer pendant des semaines, et maintenant tout à coup, ils se trouvent juste à côté des chewing-gums à la caisse ? Voilà qui est difficile à expliquer. Mais il n’est pas question d’une guerre des prix : 31,49 euros pour cinquante pièces, soit 63 cents par masque. Trois fois plus qu’avant la pandémie. Et pourtant : pas de marge, 2 centimes par masque sont reversés à des œuvres de charité. Cela n’a de toute façon pas provoqué une ruée dans les magasins.
Grignoter apporte du réconfort
A pu présenter d’excellents résultats trimestriels malgré la crise du Covid-19 : Pepsico. Les consommateurs boivent moins de sodas, mais ils mangent plus de céréales et de chips maintenant qu’ils ont été obligés de rester chez eux pendant plus de sept semaines. Même analyse chez Mondelez : la nourriture réconfortante à la cote. Grignoter ensemble est réconfortant. Lisez : la seule façon de garder vos enfants un peu tranquilles pendant une réunion sur Zoom en télétravail, c’est de les bourrer de sucreries toute la journée.
Les confiseries auraient-elles contribué en grande partie à la solide croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices d’Ahold Delhaize, champion du Nutri-Score et partisan d’une alimentation plus saine ? De bons résultats, tant au niveau international que local. Environ dix pour cent en Belgique, grâce aux clients avides de stockage. Et « seulement » 22 % de croissance en ligne en raison de problèmes de capacité. En tout cas, Delhaize a encore gagné en part de marché. 24,5 % : cela faisait longtemps. Nous sommes assez curieux maintenant : si Carrefour et Delhaize regagnent des parts de marché, qui va en perdre ? Nous serions surpris s’il s’agissait de Colruyt, le magasin du stockage massif par excellence. Qui alors ? Tous les autres ?
Les marques de distributeurs, championnes
Sont aussi les vainqueurs du confinement : les magasins de proximité. Les gens préfèrent rester près de chez eux. Et maintenant, les véritables champions de la crise du coronavirus : les marques de distributeurs, qui prennent 2 % de part de marché aux marques nationales. Merci à la récession. Cela ne va pas aller en s’arrangeant. Et l’e-commerce alors ? Eh bien, on ne peut pas vraiment le considérer comme un vainqueur en Belgique. « La chance sourit à celui qui s’y prépare » », vous vous souvenez ? Les supermarchés belges n’étaient pas préparés. Les Français bien. Et Tesco aussi : traiter un million de commandes par semaine ? Nous y arriverons. Vous voyez que c’est possible, chers amis de Collect & Go.
Chez HelloFresh, il y a encore moins de problèmes de livraison : une croissance explosive du nombre de clients a fait augmenter le chiffre d’affaires, et cela, en n’ayant presque pas eu besoin de faire de la publicité, de sorte que la rentabilité est également montée en flèche. Ces boîtes se sont effectivement vendues d’elles-mêmes : après huit semaines de confinement, les gens sont tout simplement à bout. Et qu’en est-il de Beyond Meat ? De la fausse viande, mais les chiffres ne sont pas des fake news. Ils ont senti leur chance. Ce virus, il provient de la viande infectée de ce fameux marché de viande d’animaux sauvages de Wuhan, n’est-ce pas ? En bref, dans un monde 100 % végétalien, cela ne serait jamais arrivé. Si ça ce n’est pas un argument de vente. Le CEO Ethan Brown promet des prix agressifs cet été. Pourquoi pas : ils sont deux fois plus chers que la concurrence.
Les perdants de la semaine
Et enfin, qui sont les plus grands perdants de cette semaine ? Sans aucun doute AB InBev : presque tous les bars du monde sont fermés, alors faites le calcul… C’est un désastre. Et on n’a encore rien vu. Le pire est à venir. En avril, les volumes ont chuté de plus de 30 %. Et ce n’est pas une réduction de 25 % sur trois bacs de Jupiler chez Colruyt qui va compenser cela. Qu’apporte mai alors ? Une action « Mai sans plastic » en tout cas, mais discrète. Le pouvoir d’achat est désormais un peu plus important que l’environnement, et la crainte de l’infection surpasse l’angoisse climatique. Actuellement, nous préférons que nos légumes soient préemballés avec soin.
Mais en réalité, personne ne s’est intéressé au secteur alimentaire ces derniers jours. Toute l’attention s’est portée sur l’assouplissement des mesures liées au coronavirus, que nous interprétons d’ailleurs tous à notre manière : tout le monde est virologue. Organiser tranquillement une petite fête de famille dimanche – avec quatre familles de quatre membres chez grand-mère, c’est autorisé, n’est-ce pas ? – et puis tous à la Rue Neuve lundi : courir à la catastrophe, c’est comme ça qu’on dit n’est-ce pas ? Un accident qui attend patiemment de se produire. Commencez déjà à vous préparer mentalement au deuxième grand confinement de 2020, avant même que le premier ne soit complètement terminé.
D’ailleurs, en ce qui concerne la Grande Réouverture : faire du shopping est à nouveau autorisé, mais ce ne sera plus du « fun shopping » avant longtemps. Car, que lisons-nous dans le journal le plus vendu du pays ? « Les femmes devront bientôt faire du shopping comme les hommes ». C’est littéralement ce qui est écrit, en l’an 2020. Eh bien ! Notre captain of retail a-t-il vraiment tenu ces propos sexistes, ou un journaliste avide de sensationnel et amateur de clics lui a-t-il à nouveau attribué des propos inconvenants ? Par mesure de précaution, nous parions sur la deuxième option. Vous pas ? À la semaine prochaine !
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