Le chaos règne dans l’univers du food, mais votre rubrique favorite va vous éclairer, notamment sur la vraie raison de la venue de Jumbo en Belgique. A découvrir dans le résumé hebdomadaire de RetailDetail Food, servi saignant et poivré, comme il se doit.
Excitant et provoquant
Mercredi dernier je me rendais au Colruyt de ma rue pour y acheter quelques légumes en vitesse. Enfin, en vitesse ? Un immense chariot rempli de caisses pliables bloquait la moitié du rayon frais, où un employé imperturbable gênait tout le monde pour aller chercher une petite botte de radis par-ci et une barquette de pleurotes par-là, pour ensuite les scanner et les déposer dans l’une des caisses. Tout à son aise, sans se presser : visiblement pas pour un same day delivery. Ir-ri-tant ! Enfin d’ici peu, le brave homme pourra faire son travail de nuit, une très nette amélioration pour l’expérience client. Et tout cela alors que Jumbo s’est rendu compte récemment que le traitement des commandes online en magasin n’était plus réalisable par manque de capacité.
Voilà ce qui arrive avec toute cette effervescence online. Pourtant, Frans Muller, lui aussi, est convaincu que les robots, l’intelligence artificielle et les magasins sans caisse détermineront l’avenir du retail alimentaire. Il veut qu’Ahold Delhaize devienne plus excitant et provoquant. Sans avoir peur de l’échec, ajoute-t-il. C’est pourquoi il a décidé d’investir davantage d’argent dans des activités e-commerce déficitaires. En effet, là c’est vraiment excitant.
Des trous noirs
Cette semaine, une fois de plus, l’insatiable soif d’expansion des chaînes de supermarchés hollandaises a dominé l’actualité du secteur food. Selon le journal régional Het Belang van Limburg, Jumbo ouvrira son premier magasin belge à Overpelt au Limbourg : un bâtiment y est en construction à deux pas d’un Albert Heijn et un permis de bâtir a été délivré à un supermarché, mais personne ne veut confirmer qu’il s’agit effectivement du Péril jaune. Typique.
D’ailleurs bon nombre d’autres communes aimeraient avoir la primeur d’accueillir le tout premier Jumbo belge, mais selon nos informations l’arrivée de l’enseigne néerlandaise se déroulera différemment : la chaîne prépare en effet un plan astucieux visant à ouvrir plusieurs magasins en même temps, peut-être même plus de dix, d’un seul coup. Un véritable big bang, qui ensuite entraînera l’apparition de trous noirs qui engloutiront des tonnes de chiffre d’affaires du retail alimentaire en Flandre.
Albert, the comeback kid
Et pas seulement en Flandre, d’ailleurs. Un homme, réputé pour son intelligence, fournit une explication intéressante concernant les vrais raisons qui poussent Jumbo à ouvrir des magasins du côté belge de la frontière : en 2019 les Pays-Bas augmenteront la TVA pour l’alimentation de 6% à 9%. Chez nous par contre la TVA reste inchangée à 6%. En ouvrant des magasins près de la frontière, le Péril jaune ne tenterait-il pas d’attirer non seulement des shoppers frontaliers belges, mais également hollandais, qui s’en sortiraient donc à meilleur compte vu la taxe minimale belge. Voyez- vous cela, on en apprend tous les jours.
Autre chaîne hollandaise qui a fait parler d’elle cette semaine : Albert Heijn. Après Lokeren et Leuven, Appie fait son comeback à Turnhout, l’un des huit endroits où l’enseigne a dû déguerpir pour permettre la fusion avec Delhaize. Et le comeback d’AH ne se limite pas à la Campine. En effet, d’autres rumeurs nous sont parvenues, complètement par hasard. Albert Heijn envisagerait également un retour à la Groenplaats à Anvers, dans ce vieil immeuble de la poste, à 100 mètre à peine du point de vente que l’enseigne avait dû céder à Colruyt Group. Coup de théâtre ! Welcome back, Albert. Mais sera-ce un succès ? Allez donc jeter un coup d’œil dans cet autre bâtiment de la poste, au cœur de Gand. On imagine qu’entretemps la tension monte notamment à Audenarde et Boortmeerbeek …
Le chaînon manquant
Disparition officielle cette semaine de la formule pourtant prometteuse Easy, imaginée par Carrefour Belgium pour former le chaînon manquant entre les formats Express et Market. Le groupe visait 100 points de vente : un objectif un peu trop ambitieux. Le concept était certes ‘frais,rapide et simple’, mais trop coûteux pour survivre en tant que quatrième format au sein du groupe. C’est pourquoi les magasins Easy seront convertis en Express, où ils bénéficieront, en guise de prix de consolation, d’un logo orange pour se distinguer de leurs petits frères verts.
Pas encore disparu, mais en situation critique : le Groupe Mestdagh, le plus grand partenaire franchisé de Carrefour Belgium. Le CEO Guillaume Beuscart ne s’avoue pas encore vaincu et veut sauver l’entreprise à l’aide de caisses self-scanning et de … tofu. Sérieusement, l’enseigne réputée pour la qualité de son filet pur blanc bleu va désormais tenter de séduire les végétariens. Pour ce faire il ne lui reste plus que deux ans, car d’ici 2020 le groupe devra renégocier le contrat de franchise avec Carrefour.
La peste ou le choléra ?
Oignon, viande séparée mécaniquement de poulet et de dinde, chapelure et une liste interminable de numéros E : voilà les principaux ingrédients de l’inégalable Sitostick, une invention 100% belge et l’un des rares snacks à frire que Mora continuera de produire dans son usine de Mol. Du moins pour l’instant, car la moitié des employés y ont été congédiés ou sont invités à déménager vers les Pays-Bas. Le choix entre la peste ou le choléra, en somme !
Et ce au moment même où la fédération de l’industrie alimentaire belge Fevia vient de publier quatre recettes pour un avenir prospère, durable et sain. En tout cas la fédération semble avoir trouvé le président idéal en la personne de Jan Vander Stichele, qui en tant que dirigeant chez Lotus Bakeries sait parfaitement comment gérer de grandes quantités de sucre, d’huile de palme et de film plastique. Bref : qui mieux que lui connaît les défis urgents auxquels le secteur est confronté ?
S’empiffrer sans retenue
Dans le retail alimentaire la période de Noël est synonyme de pop-ups. Les enseignes sont nombreuses à ouvrir un petit projet éphémère, en y mettant leur propre accent. Tandis que Carrefour avec son ‘Act for Food Factory’ visait avant tout une image hipster avec un flot continu de photos et de vidéos sur Instagram, Lidl pour sa part sur le Meir à Anvers a promu avec force son webshop, ses fameuses croquettes au gibier (0,02%, souvenez-vous) et les Banques alimentaires belges. Des tentatives bien intentionnées, certes, mais cela n’est rien en comparaison du Fresh Atelier pop-up store de fin d’année de Delhaize à l’avenue de la Toison d’Or à Bruxelles. L’enseigne au lion y propose l’essence même de ce qui constitue les repas de Noël dans notre civilisation occidentale de luxe : champagne, cocktails, huîtres, homard, gibier, macarons, … . De quoi s’empiffrer sans retenue. Chapeau à Xavier Piesvaux et ses troupes !
Et pour terminer ceci : je suis heureux de pouvoir enfin informer les carnivores parmi vous de la règle ultime pour une cuisson parfaite d’un filet pur. Il n’y a qu’une seule manière, paraît-il : tout comme cette rubrique, ce morceau de viande doit être servi saignant, sans exception. Ceux qui ne sont pas de cet avis, n’ont qu’à se commander une petite salade au quinoa, estime l’exploitant visionnaire d’un restaurant à Maaseik. Bref : le client a toujours tort, même au cas où exceptionnellement il aurait raison. A la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour la newsletter gratuite de RetailDetail Food.