Carrefour domine l’actu, Colruyt au bord de la faillite, les multinationales sont mauvaises en calcul et bientôt l’industrie alimentaire 3.0. Le point sur ces sujets dans le résumé hebdomadaire, moyennement conforme au GDPR, de RetailDetail Food!
Eléments dissidents
Durant la semaine écoulée un débat footballistique nous a tous tenus en haleine. Hélas le département marketing de Carrefour Belgium a été mis hors-jeu : ils ont raté le goal, manqué le pénalty ou tout du moins mal évalué une passe. Bref, à la poubelle les albums Panini, les posters et les babyfoots, car ils ne collent plus à la dure réalité. Etrange quand même, que les médias sportifs nationaux aient omis de révéler la vraie raison de la non sélection de notre milieu de terrain richement tatoué. Nous savons de sources sûres que le président Poutine en personne a insisté auprès du coach Martinez pour qu’il éjecte les éléments dissidents de son équipe. En effet, cette Coupe du Monde sert avant tout à redorer le blason de la nation russe et une crête de coq décolorée à la javel ne peut y contribuer. Mais revenons à nos moutons.
Tout laisse à penser que Carrefour en ce moment à d’autres soucis en tête, mais non : « Carrefour n’a pas de problème fondamental en Belgique ! » C’est ce qu’a déclaré littéralement la direction. OK, les hypermarchés voient leurs ventes non-food chuter, l’e-commerce est à la traîne, les frais de fonctionnement sont trop élevés et le personnel devrait se montrer plus flexible. Mais à part ça, pas de problème …
Sommets inégalés
Enfin, excepté en France, où le distributeur ne parvient pas à trouver acquéreur pour les quelque 230 anciens magasins Dia. Rappelons qu’en 2000 Carrefour a repris cette chaîne discount espagnole, pour ensuite s’en séparer en 2011 par le biais d’une introduction en bourse, pour finalement racheter les activités françaises en 2014. Huit cents magasins, dont environ un tiers est structurellement non rentable. Admettons, comparé à cela, les troubles belges du retailer semblent négligeables.
Toujours à propos de Carrefour qui décidément a volé la vedette cette semaine : en Chine le distributeur français compte rivaliser avec le puissant Jack Ma d’Alibaba, en ouvrant un supermarché à la pointe de la technologie, à vous donner le tournis. Pour ce faire Carrefour s’est associé à Tencent, une copie bon marché de Facebook, qui se soucie encore moins de notre vie privée que Facebook. Dans ce magasin high-tech il est possible de payer par un simple scan facial. Plus encore : le points de vente est truffé de caméras et se veut un laboratoire qui contribuera à propulser la reconnaissance faciale vers des sommets inégalés. Holà, donc Carrefour va aider les autorités chinoises, façon Big Brother, à opprimer ses sujets ? C’est du beau. Mais bon, là-bas ils se moquent de toutes ces histoires de GDPR. Mais ne riez pas trop vite, car aux Etats-Unis Amazon fait pareil : Jeff Bezos va aider la police. Espère-t-il ainsi s’attirer les faveurs de Trump ?
Un job temporaire
Les statistiques de chômage comptent un chômeur en moins : Denis Knoops, l’homme qui l’an dernier à payer les frais des résultats décevants de Delhaize. Il est désormais l’actionnaire principal de 1PopUpStore, l’entreprise derrière le concept pop-up Chronostock. Un job temporaire, certes, mais quand même. Provisoire, tout comme le restaurant pop-up de Lidl à Gand, qui propose nuit et jour, pour une croûte de pain, des repas sains aux étudiants en blocus. Au grand mécontentement du secteur horeca local. Mais la santé semble être une notion toute relative pour le smart discounter. Au menu nous trouvons en effet une salade veggie à base de quinoa, un potage au brocoli, des légumes méridionaux grillés, mais également du pain perdu, des tournedos Stroganoff et un English breakfast lourd à digérer. Nous ne manquerons pas d’y envoyer notre fille, étudiante en kot et véganiste convaincue, pour une critique gastronomique.
Parlant de santé : les cigarettes n’ont plus leur place dans les supermarchés, estime la ministre wallonne de la Santé, Aldi Greoli. Du moins dans les supermarchés en Wallonie, puisque ses compétences ne vont pas au-delà. Elle ouvre ainsi d’intéressantes perspectives pour le commerce transcommunautaires. Comeos pour sa part estime que d’éventuelles mesures doivent s’appliquer à tous les commerces qui vendent du tabac. Devons-nous interpréter cela comme un plaidoyer en faveur d’une interdiction totale ? Dans ce cas cela présente d’intéressantes perspectives pour le commerce transfrontalier, sans plus. En tout cas chez Greenpeace, ils seront certainement d’accord. Ils veulent même étendre cette interdiction totale à la charcuterie, considérée comme le nouveau tabac, surtout lorsque la santé d’enfants innocents est en jeu. Mais ils y sont allés un peu fort avec leur vidéo de Maya l’abeille fumant une cigarette, qui en a choqué plus d’un.
Flagrants mensonges
Chaque semaine nous recevons des communiqués de presse de multinationales nous annonçant fièrement qu’elles ont rendu leurs produits plus sains de quelques pourcents. Un peu moins de sucre par-ci, un peu plus de fibres par-là, vous connaissez la chanson. Ce ne sont que de flagrants mensonges, selon le Global Access to Nutrition Index. Unilever par exemple prétend que 35% de ses produits sont sains, or selon une étude objective ce pourcentage se limiterait à seulement 10%. Soit ces géants alimentaires sont mauvais en calcul, soit ils sont vite satisfaits d’eux-mêmes.
Pourtant ils ont peu de raisons de l’être. Ils manquent de rapidité et de sens de l’innovation, comme nous l’avons déjà souvent évoqué ici. Chez Nestlé ils ne restent pas les bras croisés : le groupe suisse réunit ses différents départements de recherche dans un seul méga centre R&D afin de contrer la concurrence. Kraft Heinz aussi investit dans un centre d’innovation européen et dit ambitionner l’industrie alimentaire 3.0. Rien que ça !
Hé, mais attendez ! Nous étions prêts à clôturer cette rubrique, lorsque le titre suivant du journal De Tijd nous a coupé le souffle : « Colruyt est le supermarché le plus cher d’Europe de l’Ouest. Au moins 35% plus cher que ses concurrents ». Selon la Deutsche Bank, s’en est fini pour Jef. La concurrence augmente, la croissance est une illusion et l’entreprise n’a plus assez de cash pour acheter des actions propres. Bref, la faillite est en vue, le naufrage semble inévitable. Jef doit-il se mettre en quête d’un nouveau job ou le journal De Tijd se met-il lui aussi à publier des fake news ? Grand temps d’aller boire un verre, nous semble-t-il. A la semaine prochaine !