Votre chronique préférée se tient une fois de plus au courant du secteur des FMCG. Et qu’en ressort-il ? Le retail alimentaire n’est qu’une forme supérieure de charité. La recherche du profit, c’est dépassé ! Exclusif : cette semaine, un Filet Pur pour les amateurs de valeur ajoutée.
Frites & cocaïne
La semaine dernière, certains ont célébré la semaine du steak frites. Nous n’avions pas l’intention d’y prêter beaucoup attention. Après tout, le steak n’est qu’une version inférieure du seul et unique tendre filet pur. Mais l’actualité nous a contraints à effectuer un léger changement de cap : après tout, l’accompagnement essentiel de notre plat national du jour, à savoir les frites belges, se trouve être la victime innocente de boycotts internationaux. Cette fois-ci, c’est la Colombie qui, sous couvert de mesures antidumping, a introduit une taxe sur les frites surgelées. En bref : une guerre des frises !
Pourtant un simple petit pays, la Colombie. Mais les principes du libre-échange sont sacrés et les autorités supérieures sont donc appelées à intervenir : l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est désormais invitée à s’exprimer. Cela nous semble tout de même un peu superflu. S’ils veulent une guerre commerciale, alors ils l’auront. C’est pourtant simple : convenons simplement du fait que nous n’importerons plus de cocaïne tant que la taxe sur les frites sera appliquée. Et paf ! En voilà une riposte cinglante. Ce sera vite réglé.
Dark store
Vous l’avez vu aussi ? Le nouveau site web bien construit de Colruyt Meilleurs prix ? Lancé discrètement, mais sans un faux pas, sur le marché. Et surtout entièrement compatible avec le commerce électronique, c’est du moins notre impression, avec sa liste d’achats pratique et ses différentes options de sélection des produits : catégories, allergènes, nutri-score et style de vie. Nous apprenons maintenant, par exemple, que le discounter propose dans son assortissent 3337 références halal et seulement 978 petits plaisirs mauvais pour la santé puisqu’ils présentent le nutri-score E rouge foncé. Comme tout le monde le sait, le détaillant conserve une belle avance sur la concurrence en termes de ventes en ligne, et il est clair qu’à Hal ils n’ont pas l’intention d’y renoncer.
Les concurrents font pourtant de leur mieux. Carrefour, par exemple, estime que la part du commerce électronique dans l’alimentation pourrait rapidement doubler. Or le problème c’est que ses magasins sont déjà incapables d’assurer le suivi au niveau de la préparation des commandes. Ils ouvrent donc à leur tour un dark store afin approvisionner les points de collecte. D’autres choses se préparent encore, mais je ne peux pas encore vous le dire : tout cela sera dévoilé la semaine prochaine en avant-première par le directeur innovation, Arnaud Lesne, au RetailDetail Food Congress. Réservez vite votre place en cliquant ici !
Garantie de prix élevés
Les lecteurs attentifs savent que le monde du retail est en pleine mutation. Plus que jamais, le nouveau consommateur est attentif aux valeurs douces telles que la durabilité et la charité. Enfin, en tout cas jusqu’à ce que les soldes commencent. Par conséquent, faire des affaires devient d’abord et avant tout une question de responsabilité sociale. Réaliser un bénéfice est facultatif. C’est un effet secondaire agréable, mais cela ne constitue pas l’essentiel. Il suffit de demander à tous nos supermarchés, qui chaque jour donnent 57 000 repas encore consommables. Et cela s’ajoute aux autres réductions et promotions 1 +1 qu’ils nous accordent, encore et encore. Pas étonnant que les marges soient minimes.
Demandez, par exemple, aux membres de CRU, ce puits sans fond du groupe Colruyt. Ils y enregistrent plus de pertes qu’ils ne font de ventes. Il faut le faire ! Surtout avec cette garantie, plutôt unique, du prix le plus élevé. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner, en conclut l’équipe motivée qui se cache derrière le marché de luxe de produits frais. Bien au contraire, une quatrième enseigne ouvrira bientôt ses portes dans la périphérie bruxelloise. Un autre investissement, donc encore plus de pertes, c’est la conclusion logique. Et dire qu’ils ont un jour aspiré à en avoir vingt !
Faire des profits n’est, depuis de nombreuses années déjà, pas ce qui les empêche de dormir chez Makro. Le CEO est déjà heureux que le chiffre d’affaires se soit « presque » stabilisé après des années de chute libre. Et sans doute aussi après 20 % d’investissements marketing supplémentaires. Investissements qui ne seront sans doute pas amortis, mais bon, maintenant que la société mère Metro a vendu sa branche chinoise, elle dispose d’argent supplémentaire pour subventionner sa filiale belge. Merci, monsieur Koch !
Les losers de concurrents
Chez Lidl, ils maîtrisent également parfaitement ces nouvelles tendances de consommation. Ils ont dévoilé la semaine dernière leur rapport de durabilité « transparent et honnête. Cela revient pratiquement à dire que tous les rapports des autres retailers ne sont que mensonges, mais bon. Il ne s’agissait en tout cas pas uniquement d’un concentré de bonnes nouvelles puisque le discounter admet, en effet, qu’il ne parvient pas à réduire ses émissions de CO2. La cause : leur croissance est plus rapide que prévu. Cela revient à dire qu’il est facile pour les losers de concurrents de réduire leur empreinte écologique, mais soit.
Pendant ce temps, ce même Lidl gaspille son argent en lançant des projets pilotes de commerce électronique, certes amusants, mais assurément déficitaires, comme un service de retrait à Destelbergen, ou encore des gadgets facultatifs comme une application pour smartphone et son propre service de paiement mobile. Ils ne sont pas les seuls et c’est logique. Autrefois, les retailers faisaient des profits avec l’aide des banques. Ils laissaient en effet leurs bénéfices fructifier pendant un certain temps avant de payer les fournisseurs. Cela a très bien fonctionné, jusqu’à l’effondrement des taux d’intérêt. Ils ne voient donc plus d’autre solution que de devenir eux-mêmes des banques. Bien joué ! Parce qu’après tout, la banque est toujours gagnante : telle est la leçon que nous avons tous apprise, étant enfants, lors de notre première partie de Monopoly et on nous le rappelle encore chaque mois lorsque nous remboursons notre emprunt immobilier. N’est-ce pas ? À la semaine prochaine !
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