Si le gouvernement n’assouplit pas les règles, le commerce de détail alimentaire le fera : une chaleureuse vague de positivité inonde votre rubrique préférée. Filet Pur est sous le charme d’une nouvelle émission de rencontres et vous révèle un remède efficace contre le coronavirus.
Des millions et des milliards
Que de personnes et d’entreprises à féliciter cette semaine. Fini la négativité, il est temps de jeter des fleurs. À Aldi, par exemple : l’équipe nordiste vient d’ouvrir son cinq millième supermarché en Europe. Et ce en Espagne plutôt méridionale, plus précisément à Majorque, destination très prisée des touristes allemands. Le groupe est prévoyant : ils finiront bien par revenir. Félicitations également à Daniel Kretinsky : si l’entrepreneur est déjà milliardaire, il est loin de se reposer sur ses lauriers. L’argent doit travailler. C’est ainsi qu’il a acquis une participation de presque 10 % dans le groupe britannique Sainsbury’s. « Un investissement attrayant », dixit Kretinsky. Pour l’instant, la reprise de Metro patine. Est-ce le plan B ?
Les gens qui ont trop d’argent, ça fait toujours bizarre. J’ai déjà du mal à m’imaginer un milliard, alors plusieurs… Le fonds d’investissement britannique Intermediate Capital Group s’en tient pour l’instant à quelques dizaines de millions. Les investisseurs en capital-risque ont prêté 77 millions d’euros à Lunch Garden, et comme la chaîne de restaurants est incapable de rembourser cette somme à cause des fermetures obligatoires, ils deviennent propriétaires de l’ensemble de la société. Reste à savoir s’ils pourront en tirer quelque chose. Les observateurs tablent sur une revente rapide, mais la PDG, Ann Biebuyck, se montre enthousiaste et promet une réouverture « en force ». Quand même : bonne chance, Lunch Garden !
First Dates
Toutes nos félicitations au joli couple : Casino et Intermarché se marient. Certes, il s’agit d’un engagement avec une date butoir : pendant cinq ans, ils travailleront main dans la main pour faire barrière aux grands méchants fabricants de marques dans le seul but de protéger le pouvoir d’achat des consommateurs en période de récession. Et pas seulement en France et en Europe, mais aussi en Amérique latine. Transatlantique, ne l’avions-nous pas prédit ? Ah : ils rassemblent également leurs données clients pour les vendre à qui les voudra. Le nouvel or, après tout.
Le jeu de chaises musicales des alliances de la distribution est bel et bien ouvert. Les détaillants français mènent la danse, résultat de l’ingérence du gouvernement français dans les négociations, et le reste de l’Europe suivra. Horizon, l’alliance qui comprenait notamment Metro et Auchan, n’est plus. AgeCore sauve les apparences pour le moment. Nous serons aux premières loges d’aventures et de flirts au cours des semaines et mois à venir. Le secteur du commerce de détail a également son lot de First Dates. Ou est-ce Mariés au premier regard ? Du moment que ce n’est pas l’île de la Tentation.
Légèrement vrai
Les fabricants de marques voient les problèmes venir. Pourtant, ces derniers mois, ils s’étaient vantés qu’en temps de crise, les consommateurs optent pour des marques fortes. Des repères de confiance en temps de pandémie, en effet. Petite vérification des faits ? Cela ne semble que légèrement vrai. Les marques propres ont plutôt bien résisté en 2020, virus ou pas virus. Certes, avec une légère baisse de la part de marché en Belgique : de 44,0 à 43,4 % en volume, ce qui reste respectable. En termes de valeur, la part perd un point de pourcentage. Des prix compétitifs, ça aide.
La forte marque Starbucks devrait considérablement augmenter sa part de marché dans notre pays. En effet, un contrat juteux avec Q8 offre au géant du café un accès à plus d’une centaine de magasins à travers tout le pays. C’est ce qu’ont décidé les consommateurs, après des tests de goût poussés. La possibilité de choisir parmi pas moins de 120 combinaisons de café différentes aurait été le facteur décisif. Il y aura de longues files d’attente aux distributeurs automatiques. Mais quand même, félicitations, Starbucks.
Indulgent et neutre
Si le gouvernement tarde à introduire des mesures d’assouplissement, les détaillants prendront l’initiative. L’exemple à suivre a été donné cette semaine par l’excellent groupe fusionné Ahold Delhaize: il n’a jusqu’à présent infligé aucune amende coronavirus aux fabricants qui enchaînent les erreurs logistiques. Par indulgence, apparemment. Si ça ce n’est pas l’assouplissement, je ne sais pas ce que c’est. Une pensée spéciale à Frans Muller, qui prouve une fois de plus qu’il est plus que digne de son salaire annuel de six millions d’euros. Chapeau !
Et ce n’est pas tout : le groupe a déjà les yeux rivés sur l’ère post-coronavirus et se positionne en visionnaire dans la lutte contre le changement climatique. Car oui, si le virus ne nous anéantit pas, le réchauffement climatique le fera. Et qui viendra sauver le monde, alors ? Oui : Delhaize à la rescousse ! Outre les bananes, ce sont tous les magasins de la chaîne qui sont désormais officiellement neutres en carbone. Et ce n’est qu’une étape vers la neutralité carbone totale prévue d’ici à la fin de l’année. Une échéance qui se rapproche à grands pas. Mais quand même : chapeau bas, monsieur Piesvaux.
Coup de pouce culinaire
Enfin, nos plus sincères félicitations à l’entrepreneur Stijn Martens, qui après d’interminables promesses pourra enfin faire rouler sa camionnette électrique lundi à Hasselt pour effectuer la livraison à domicile des premières commandes de son supermarché en ligne Hopr. Un lancement test. La domination nationale reste l’objectif ultime, mais en attendant d’avoir un centre de distribution automatisé, et des investisseurs qui paieront l’addition, il reste modéré. Après tout, le temps ne presse pas, du moins tant que Picnic ne lorgne pas sur la Belgique. Hopr ne sera pas moins cher que les autres supermarchés ayant une boutique en ligne, ne livrera pas plus rapidement et n’offrira pas plus de choix, mais Martens veut malgré tout faire « mieux » que la concurrence en place. Le consommateur se soucie-t-il vraiment de savoir si vous êtes un« pure player » ? Nous sommes vraiment curieux de connaître ses USP. Mais quand même : bravo, Stijn.
Et, pour terminer : pour garantir la sécurité de tous sur les terrasses en plein air durant le long sprint final vers la Grande Libération même sans porter de masque buccal, un virologue britannique propose une méthode plutôt ingénieuse : nous devons tous nous mettre à l’ail. Pas parce que l’ail contient une substance active contre le virus, mais parce que la distance à laquelle on peut sentir l’haleine d’ail est exactement celle qu’il faut maintenir pour éviter la contamination du coronavirus par aérosols. Une sorte de coup de pouce culinaire, disons. Marc Van Ranst n’en parle jamais ! Les kebabs sont ouverts pour les commandes à emporter. Je sais ce qu’il me reste à faire. Et vous ? À la semaine prochaine !
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