Willy investit dans les substituts de viande, tandis que Vincent vit tranquillement à crédit. Jef se lance dans les cachets. Et quand Saskia veut tricher, elle provoque une profonde querelle familiale. Oui, voici encore un épisode passionnant de Filet Pur, votre feuilleton consacré au commerce de détail alimentaire préféré !
La grenouille et le bœuf
De retour sans jamais avoir vraiment disparu : l’économie contrôlée par l’État. Nous avions déjà compris ces dernières semaines que c’est le gouvernement français, et personne d’autre, qui décidera de la future consolidation du secteur alimentaire européen. Et cette semaine, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a apporté une précision : si Carrefour devait être racheté, ce sera par un acteur européen. Voilà qui ne laisse évidemment pas beaucoup d’options.
Parallèlement, Carrefour continue frénétiquement à rechercher de nouvelles cibles d’acquisition stratégiques, pour grandir toujours plus et devenir inattaquable. Est-ce une bonne idée ? Vous connaissez la fin de la fable de Jean de La Fontaine sur la grenouille et du bœuf. La chaîne de magasins Grand Frais, spécialisée en produits frais, pourrait bien être sa prochaine proie. Concept intéressant, mais structure complexe et bien trop chère. Non pas qu’on m’ait demandé mon avis.
Accrocs à la viande
Quand il pleut à Paris, il pleuvine à Bruxelles. Et certainement à Namur. Le gouvernement wallon pense également que l’économie de marché a fait son temps. Pas de main invisible, juste sa propre petite industrie. Plus précisément, une usine de substituts de viande. Nous qui pensions que les Wallons étaient accros à leur blanc bleu belge et à leur jambon d’ardenne, nous étions dans l’erreur. L’ambition n’est pas un vilain mot pour Willy Borsus : il veut 5% du marché européen des substituts de viande et un ebitda de 23%. Bonne chance !
Mais il a raison. Car nous ne le répèterons jamais assez : l’avenir est au végétal. Je dirais même plus : l’avenir est au végétal. Unilever, par exemple : la bourse ne s’est pas emballée pour ses performances financières stables, mais la croissance de 70% du Boucher Végétarien n’est pas passée inaperçue. Le PDG, Alan Jope, n’a laissé aucun doute sur ses ambitions : miser toujours plus sur la même chose ! Des crèmes glacées Ben & Jerry sans lactose, de la mayonnaise Hellmann’s sans œufs, etc. Vous voilà prévenus.
Ce virus va mourir
Upfield, l’ancienne division margarine d’Unilever désormais indépendante, l’a également compris. Solo, tout de même un peu de patrimoine belge, devient 100% végétal et, avec Violife , la société met au point une gamme d’alternatives au fromage, que le lobby des produits laitiers défend bien entendu d’appeler « alternatives au fromage ». De plus, ils ne se refusent pas à un peu d’opportunisme et lancent une version « Pro-Immune » de Becel Proactiv. Nous voilà donc rassurés : ce virus va mourir.
Parallèlement, le premier supermarché 100% végan a ouvert ses portes aux Pays-Bas. Vegan Fresco veut dépasser les frontières que se fixent les supermarchés traditionnels. Aujourd’hui, on trouve le fameux lait d’avoine (qu’on ne peut d’ailleurs plus qualifier de « lait ») partout, mais pour du shampoing garanti végétalien, c’est une autre histoire. « Ce marché va exploser », affirme le fondateur. Mouais. Il y a quelques années, l’entreprise allemande Veganz voulait devenir une chaîne de supermarchés végans paneuropéenne. Ambition qui s’est soldée par une débâcle financière. Aujourd’hui, l’entreprise s’est repliée sur Berlin et Veganz est principalement une marque vendue dans les rayons d’autres magasins. C’est bien aussi, bien sûr. Peut-être étaient-ils trop précoces. Le timing est primordial.
Un peu de patience
Sans fond : selon le dictionnaire en ligne, quelqu’un ou quelque chose dans lequel tout disparaît sans laisser de trace. Un puits sans fond : quelque chose dans lequel on met de l’argent à répétition et sans fin. Synonyme : Makro. La société mère, Metro, n’y voit pas le moindre problème. Encore une injection de 23 millions d’euros ? Avec plaisir, Monsieur Nolf ! Une preuve de confiance : le montant total des investissements s’élève à 420 millions d’euros en cinq ans. Mais la société sera à nouveau rentable, affirme le PDG. Encore quelques années de patience. On croise les doigts. Mais que se passera-t-il si Metro trouvait un nouvel actionnaire entre-temps ?
Encore un synonyme : Cora. La perte de 14 millions d’euros est déjà compensée par la famille Bouriez. Ils ont ainsi dilapidé 75 millions d’euros au cours des quatre dernières années. Pour sept magasins. Tout est une question de moyens. Et, soyons clairs, on ne peut pas reprocher à Cora de ne rien tenter : les initiatives innovantes ne manquent pas, mais on peut se demander s’ils ne feraient pas mieux d’investir leur argent dans les Bitcoins. C’est aussi un risque, mais un risque tendance.
Avertissement
Le supermarché devient une pharmacie : chez Colruyt, les clients peuvent venir chercher les cachets qu’ils ont commandés en ligne auprès de la société sœur Newpharma. La logique même, pas la peine d’aller chercher la synergie trop loin. En outre, ces supermarchés vont considérablement élargir leur gamme de compléments et de sirops pour la toux. Après tout, grâce à ce maudit virus, la demande a fortement augmenté. Non, pour une incitation claire à la non-surconsommation de médicaments, pas besoin d’aller voir Jef.
Et la fédération des pharmaciens a pris la mouche. Ils sont en colère. Très en colère. Pas parce qu’ils voient leur exclusivité à nouveau mise à mal par un concurrent étranger au secteur, non. Uniquement au nom de l’intérêt des patient ignorants. Acheter des sprays nasaux et des anti-douleurs sans quelques avertissements, c’est intolérable, pensent-ils. On ignore encore si l’affaire sera portée en justice. Leurs procès contre Medi-Market n’ont été jusqu’à présent qu’une source de frustration.
Le commerce de détail en guerre
En parlant de querelles : ça sent également le roussi entre Ahold Delhaize et HEMA. Que la directrice d’Etos, Saskia Egas Reparaz, ait pensé qu’elle pouvait tout simplement quitter le navire pour rejoindre Jip et Janneke n’était qu’une pensée désidérative. À Zaandam, ils ne vont pas rester les bras croisés. Une clause de non-concurrence n’est pas un bout de papier, n’est-ce pas ? Sérieusement, qu’est-ce qu’ils espéraient : depuis cette semaine, HEMA est (partiellement) aux mains de la sympathique famille van Eerd, qui se trouve être également le propriétaire de Jumbo, également connu comme la vilaine hémorroïde accrochée au derrière d’Albert Heijn. Des ennemis jurés qui exportent même leurs conflits en Flandre. Les Hollandais, des hommes d’affaires terre-à-terre et rationnels ? Que nenni ! Le commerce de détail est en guerre. Un formidable secteur, n’est-ce pas ? Jamais le temps de s’ennuyer.
Mais le harcèlement du consommateur sans méfiance doit cesser. La semaine dernière, le lancement de cette décoction fade de Duvel avait déjà refroidi l’ambiance, et maintenant l’Europe veut que le nombre de calories des boissons alcoolisées soit indiqué sur l’étiquette. Pour décourager la consommation. Un avertissement sanitaire et une interdiction de publicité sont également envisagés. Quelle sera la prochaine étape ? Des images de tripes répugnantes sur les bières, peut-être ? On recommencerait à boire pour moins que ça. À la semaine prochaine !
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