Alors que des militants sournois plaident pour une déplastification générale et que des riches investisseurs misent sur la viande contrefaite, votre rubrique favorite met tout en œuvre pour distinguer la fausse fiction de la dure réalité. En vain, évidemment.
Carnivores pyromanes
Le soleil était au rendez-vous et la température était particulièrement agréable pour la saison. L’endroit – une oasis de verdure au cœur de la capitale – était idyllique, du moins c’est ce que nous avons cru percevoir, car notre vue était fortement réduite par un énorme nuage de fumée émanant de deux barbecues kamado ‘Green Egg’. 3000 ans de tradition chinoise combinée à une technologie de pointe de la NASA. Le nec plus ultra, quoi.
Tout ça pour vous dire que chez Nestlé ils n’ont rien laissé au hasard lors du lancement officiel de leur ‘Incredible Burger’. Un chef ‘veggie’ reconnu, recruté pour l’occasion, est venu déposer la pseudo-viande sur le grill brûlant de ses propres mains. Et il faut bien l’avouer, le résultat ne nous a pas déçus. Les carnivores pyromanes constateront avec satisfaction que les substituts de viande végans crament tout autant sur le barbecue que la vraie viande. Mais en étant nettement meilleurs pour la santé, évidemment. Et meilleurs pour l’environnement. Mouais ?
Petites quéquettes
Pour l’instant les alternatives à la viande sont plus populaires auprès des femmes, paraît-il, mais cette nouvelle génération de robustes burgers végans, saignants et crépitants, a pour but de convaincre le public masculin. Objectif qui visiblement a été mal compris par le fabricant de substituts de viande De Vegetarische Slager, qui lance des petites saucisses veggie, baptisées ‘Little Willies’. Traduction : petites quéquettes. Sans commentaire.
D’autre part nous avons pu constater cette semaine que des gens trop fortunés croyaient au potentiel de cette pseudo-viande. L’entrée en bourse de Beyond Meat fut en effet un succès retentissant. D’un seul coup l’entreprise vaut trois fois plus. Serait-ce lié au prix exorbitant auquel ils vendent leur produit contrefait ? Nous avons fait la comparaison. Chez Delhaize l’Incredible Burger de Garden Gourmet est en vente au prix de 3,79 euros et la copie de Beyond de Greeway au prix de 3,99 euros, soit environ 16 euros le kilo, ce qui équivaut au prix moyen d’un steak pelé. Tandis que le fameux Beyond Burger se vend au prix de 5,99 euros, soit plus de 26 euros le kilo.
Viande pour hipsters
OK, il doit venir de loin, mais quand même : pas bon marché pour quelques pois et betteraves rouges. Un pastiche onéreux de burger, voilà ce que c’est. Pour ce prix-là vous avez déjà un joli morceau de filet pur. Le hamburger haut de gamme le plus cher au rayon boucherie, l’Angus Beef Butcher Burger, est nettement moins cher : à peine 15 euros le kilo. Conclusion : la fake meat s’adresse aux hipsters aisés, tandis que la vraie viande est destinée aux pauvres.
Même Burger King s’est converti : désormais ils servent l’Impossible Burger, entièrement végétal – un concurrent de Beyond qui n’est pas encore sur le marché en Europe. La contrefaçon est la nouvelle normalité. Mais pas chez McDonald’s : la chaîne de restauration rapide vient de publier des chiffres meilleurs que prévu, notamment grâce à une action promotionnelle proposant du lard et des ‘donutsticks’ gratuits au menu du petit-déjeuner. Au plus gras, au mieux. La santé n’était-elle pas une tendance alimentaire fondamentale de cette dernière décennie ?
Quant à la sauce qui accompagne tous ces burgers, nous nous tournons désormais vers l’Espagne. Hola Devos ! Si Lemmens ? A la mesa ! Eh oui, ils devront adapter leurs spots publicitaires : belbecue deviendra barbacoa. En tout cas chez CVC ils se frottent les mains, car ils sont parvenus à vendre Contintental Foods, certes avec un certain retard, mais avec une marge très intéressante. Les Espagnols vont enfin découvrir la vraie sauce andalouse.
Un préservatif pour concombre
Les distributeurs français sont à la peine. Casino voit sa croissance ralentie et croule sous les dettes, tandis qu’Auchan espère compenser sa perte record de l’an dernier par la cession de 21 sites déficitaires. Ils ont vécu trop longtemps dans le déni, dans l’illusion que tout s’arrangerait pour les hypermarchés. Mais, non. A présent ils accusent les gilets jaunes : un peu facile comme explication. Non, ils se sont endormis tout simplement et maintenant le réveil est pénible.
Chez nous personne ne se préoccupe autant de notre santé que Delhaize, c’est bien connu. Désormais le retailer veut accorder une réduction de 20% sur les aliments sains. Sur base du fameux nutri-score qui attribue un score vert A aux frites surgelées et à condition que le gouvernement adopte ce système dans le cadre parafiscal. En outre le retailer se montre bon élève : après la débâcle des blocs de construction doublement emballés dans du plastique, les ‘Légumes magiques’ font leur comeback au travers de podcasts ludiques et cette fois sans emballage plastique.
Bien vu, car le terme qui a fait le buzz cette semaine n’était autre que ‘préservatif pour concombre’. Ce n’est pas ce que vous pensez. Ou peut-être bien. Dans le cadre de l’action ‘Mei Plasticvrij’ (Traduction : Un mois de mai sans plastique) la vlogueuse bien connue, Linde Merckpoel, a organisé une véritable plastic attack dans un magasin Albert Heijn à Anvers. Oui, la chaîne qui il y a quelques semaines promettait la mise à nu de son rayon fruits et légumes, reste apparemment un paradis du plastique. Le gérant du magasin a dû promettre solennellement qu’il aborderait ce problème avec ses supérieurs. Visiblement l’héroïne des médias ignorait que là-bas à Anvers les supérieurs en question se trouvent juste à l’étage au-dessus.
Déplastification générale
En tout cas, Ecover et Sodastream se lancent à fond dans cette campagne de sensibilisation bien intentionnée. Les représentants du secteur du retail pour leur part estiment que tout cela mérite d’être nuancé, parce que le plastique aide bel et bien à améliorer la durée de conservation et réduit donc le gaspillage alimentaire. D’accord, si l’on veut absolument importer des concombres et des poivrons provenant du sud de l’Europe (voire même de plus loin), le raisonnement tient la route, effectivement. Les marques d’eau minérale se sentent elles aussi stigmatisées, suite à la campagne #ikdrinkkraanwater (traduction : je bois de l’eau du robinet) qui encourage la Flandre toute entière à ne plus acheter d’eau en bouteille. Fait étonnant : au sud de la frontière linguistique le plastique ne semble pas susciter autant de remous. Par contre en France oui, bien que la déplastification générale n’y dure qu’une petite semaine.
Pour tous ceux qui souhaitent vraiment s’attaquer à la soupe plastique, il ne vous reste qu’une chose à faire : arrêtez de manger des chips. Voilà le message. Un sachet de chips est en effet un cauchemar au niveau du recyclage, parce que composé d’un amalgame de différentes sortes de plastique, de colle et d’aluminium, impossibles à dissocier. Vu la teneur en additifs, plastifiants, encre et retardateurs de flamme, mieux vaut ne pas les recycler, même si c’était possible. Non désolé, la méthode cold turkey est la seule option possible. Grignotez plutôt une carotte mise à nu. C’est meilleur pour vous et pour la planète. A moins que cette invention géniale ne conquière le monde : un sachet de chips réutilisable, fabriqué en tissu éponge, qui solutionne à la fois un défi écologique urgent et un besoin pressant d’hygiène. Ça vous tente ? A la semaine prochaine !
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