Augmentations de prix, grèves, résultats décevants et articles tendancieux : la semaine n’a pas été hyperfun dans la grande distribution… Heureusement, Filet Pur vous livre un reportage exclusif sur la fête d’anniversaire de Jef !
Super fête
Il paraît que la déception était grande lundi matin sur le site de Wilgenveld à Halle. Les collaborateurs consciencieux qui s’étaient levés deux heures plus tôt pour offrir une surprise à leur leader bien-aimé avaient pourtant mis les petits plats dans les grands.
Pendant tout le week-end, ils avaient purifié le bureau de la direction à la sauge blanche, puis décoré de guirlandes colorées en coton biologique. Les sacs de confettis biodégradables étaient là, à portée de main – des accessoires durables qu’ils n’avaient malheureusement pas pu trouver à Dreamland, mais bon, il fallait se faire une raison. Un pot de tisane fumante était prêt. Ils avaient même composé une chanson dans laquelle ils faisaient rimer « toujours présents » avec « soixante-trois ans », et préparé une petite chorégraphie pour l’accompagner. En bref, la fête promettait d’être grandiose.
Éclairs
Mais quand le jubilaire déboula à neuf heures deux minutes et trente secondes, il était clair qu’il n’avait pas passé un très bon week-end et qu’il n’était certainement pas d’humeur à manger un gâteau d’anniversaire. Ses yeux lançaient des éclairs et d’un geste clair, il indiqua la porte à tous ses collègues rassemblés. Sauf un. Le seul à porter un costume sur mesure au lieu d’une chemise à carreaux et d’un pantalon en velours côtelé, comme c’est la coutume dans l’entreprise.
« Bon anniversaire quand même chef », se risqua quand même ce dernier. Mais le jubilaire ignora complètement ces vœux sincères. « T’as lu le journal du week-end, Marc ? » Notre presse financière est-elle tombée si bas ? Ce n’est que ragots et spéculations… J’ai cru avoir acheté la Dernière Heure par erreur. J’ai une tête à entraîner les Diables Rouges ? Ma succession ne regarde que moi. Personne d’autre. »
Guignols
« Heu, peut-être serait-il temps de… » Mais le fidèle lieutenant n’eut même pas l’occasion de terminer sa phrase, tant son patron était furieux. « Et encore, si ce n’était que L’Echo, personne ne les lit. Mais tout le monde s’est empressé de reprendre l’article. En commençant par ces guignols de RetailDetail, évidemment. « Jef doit clarifier les choses. Bla bla bla. Tu sais quoi ? Jef ne doit rien du tout ! »
Et il continua. « Pourtant, ça ne va pas si mal que ça, pas vrai ? Chez Lidl, les magasins sont plus souvent fermés qu’ouverts. Le CEO est-il remis en question ? T’es déjà entré dans un Carrefour ? Plutôt mourir que d’y dépenser un euro, mais même si je le voulais, je ne pourrais pas : il n’y a plus rien dans les rayons ! Pas étonnant que les résultats trimestriels aient été décevants. Et pourtant, je n’ai jamais lu un mot de travers sur cet Alexandre. »
Le prix, toujours le prix
« Calmez-vous, chef, tout va bien. En fait, je voulais vous parler d’autre chose. De plus important, d’ailleurs : nos prix. » Le directeur leva les yeux, surpris. « Oui, qu’est-ce qu’il y a avec les prix ? Le prix, c’est nous. C’est quand même pas compliqué, si ? »
« Le problème est que tous nos fournisseurs veulent augmenter leurs prix. Unilever, Kraft Heinz, PepsiCo, Procter & Gamble, Danone, AB InBev… Et pas qu’un peu. Les négociations sont au point mort. Bon, on ne peut pas leur donner complètement tort sur la hausse des coûts. Mais j’ai peur qu’ils en profitent. Les avez-vous déjà vus abaisser leurs prix quand les matières premières chutent ? Moi, jamais… »
Bon peuple.
« Hum. On n’avait pas trouvé une solution il y a deux ou trois ans ? Genre arrêter les commandes quelques semaines ? Ça avait bien marché, non ? »
« Oui, à l’époque. Mais sans le soutien d’Edeka et d’Intermarché, on risque de beaucoup moins les impressionner. Et on peut difficilement les éjecter tous en même temps de nos rayons. Peut-être faudrait-il en parler à Epic Partners ? Ils s’en sortent très bien. Sinon, on pourrait voir à nouveau du côté des coûts. Chez Tesco, ils ont supprimé les caisses. Et ils y pensent aussi chez Intermarché. Ça permettrait de réduire la main-d’œuvre. De toute manière, on ne trouve plus personne. »
« Je ne sais pas, Marc. Tous ces trucs modernes, c’est pas pour nous… Tu sais ce que je pense parfois ? Nous n’aurions jamais dû abandonner ces bonnes vieilles cartes perforées. C’était un système génial, vraiment. Unique. Et les affaires étaient bonnes, à l’époque. L’argent coulait à flots. »
Réunion
Le regard du directeur se perdit dans le lointain, tandis que son bras droit opérationnel poussait un profond soupir. « On ne pourrait pas quand même avoir une petite réunion sur la succession, chef ? On est toujours cotés en bourse, je vous rappelle, et ce n’est pas comme si l’action était au plus haut », osa l’homme en costume cintré. Mais son intervention ne fit pas grande impression.
« Tu sais quoi, Marc ? Achète encore quelques actions, elles sont en promo, visiblement. Et quant à cette succession, sache en tout cas que ce ne sera pas toi. On peut bosser, maintenant ? »
Au moins, c’était clair. À la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour recevoir la newsletter gratuite de RetailDetail Food.