Menacer, mentir et tromper : dans les relations commerciales, ceux qui trichent sont récompensés. Voilà ce que nous avons appris cette semaine. Explication dans ce résumé hebdomadaire de RetailDetail Food débordant d’intrigues et de complots.
Une météorite croquante
Nous qui pensions que la consommation de viande était considérée comme une nouvelle forme de tabagisme; que les consommateurs après tous ces scandales de l’industrie de la viande avaient massivement opté pour le Quorn et le quinoa; que les substituts de viande et la viande de culture feraient une réelle percée, et qu’en d’autres termes le rayon boucherie dans les supermarchés était voué à disparaître. Eh bien, nous nous sommes trompés : les Belges continuent de manger de la viande, à tel point que notre pays manque d’au moins 2.000 bouchers. Et ce malgré le fait qu’actuellement il ne faut même plus un diplôme de boucher pour vendre de la viande. Pas de quoi rassurer le consommateur !
Alors rabattons-nous sur les légumes. Personnellement je prépare des dents de dragons gratinées au four et des coffres à trésor nappés de sauce aux nez de clowns, accompagnés de météorites croquantes. Mais un concombre à la main ma bien-amée pense à tout autre chose qu’à des ‘frisbees de lutins’ et je ne vous dirai pas ce que je pense des melons. Mais ne souillons pas la fantaisie enfatine. Par contre ce qui nous semble plus douteux est la décision de Delhaize de vendre les gourdins de troll et les canoés d’indiens à la pièce plutôt qu’au poids, et ce alors que les plus petits sont souvent les meilleurs. Y aurait-il une logique derrière tout cela? La possibilité de proposer des promotions 1+1?
No big deal
Ou alors serait-ce une façon de garantir un prix plus équitable aux cultivateurs pour leur dur labeur ? Car la Commission européenne a décidé de s’attaquer aux pratiques commerciales déloyales. EuroCommerce, la voix européenne du secteur du retail, pour sa part estime qu’il n’y a aucun problème : les agriculteurs n’ont qu’à apprendre à produire ce que demande le marché, point à la ligne. Avec ces nouvelles règles les agriculteurs ne gagneront pas un cent de plus, affirme EuroCommerce. Ou était-ce une menace? En effet, les retailers ne pourront plus annuler des commandes à la dernière minute ou modifier des contrats unilatéralement, mais ils pourront toujours faire payer leurs fournisseurs pour une place en rayon ou pour des promotions. Big deal?
Précisons que dans ce débat sur les pratiques commerciales déloyales l’Europe entend avant tout protéger les petits paysans et les PME vulnérables. Quant aux multinationales, elles n’ont pas besoin d’aide, elles peuvent se débrouiller seules. Donc si en France le conflit entre le casseur de prix E.Leclrc et Coca-Cola s’envenime, personne ne doit s’en soucier, si ce n’est le shopper. Il s’agit là d’un cas intéressant : un magasin sans la marque de cola emblématique, combien de temps est-ce tenable ? N’y perd-on pas des milliers de clients? Eh bien, selon certaines sources, le retailer s’approvisionnerait en boissons rafraîchissantes via d’autres pays européens, notamment via … la Belgique. Bref, un cas d’importation parrallèle pour retailers chevronnés.
Bande de mauviettes
Il y a quelque temps Lidl a formulé la modeste ambition de devenir d’ici 2020 le meilleur employeur du secteur du retail belge. Sérieusement, ils le disent eux-mêmes. Mais ils ne précisent pas s’il s’agit de début ou fin 2020, cela fait quand même une différence de 12 mois. Quoi qu’il en soit, il ne leur reste pas tant de temps. Ignoreraient-ils qu’une enquête auprès des employés est l’un des piliers d’un parcours ‘Great Place to Work? Car sur ce point, le discounter a encore du pain sur la planche. Après la grève à Oostkamp la semaine dernière, les syndicats menacent à présent d’organiser une grève nationale. La charge de travail est trop élevée, dénoncent-ils. Charge de travail? Qu’ils viennent travailler chez RetailDetail pendant une semaine, ils changeront très vite d’avis, bande de mauviettes.
Chez Carrefour ils connaissent les conséquences d’une action de grève : une sérieuse perte de chiffre d’affaires. Le PDG Alexandre Bompard persiste à dire que le plan de transformation est sur la bonne voie, mais remanie néamoins la moitié de son conseil d’administration. Trois des quatre nouveaux venus ont gagné leurs galons dans le digital, l’une des priorités du PDG. Le quatrième est issu de secteur de l’aviation? Est-ce à dire que Carrefour vise à nouveau les hautes sphères? Ou que les courses seront quasi gratuites, mais que les clients devront payer un surplus pour l’utilisation du parking, du caddie, du cabas, du ticket de caisse …? Ou peut-être Bompard devrait-il essayer de stopper la chute libre du cours de l’action. Car les investisseurs sont loin d’être convaincus et évite l’action Carrefour.
Entré et sitôt ressorti
Outre-Manche un collègue donne pourtant le bon exemple : Tesco, qui exploite bon nombre d’hypermarchés, a enregistré des bénéfices records. Là-bas, visiblement ils n’ont pas raté le train digital. L’allemand Rewe, lui aussi, peut se targuer d’avoir réalisé une excellente année, dans un marché pourtant très compétitif. C’est donc possible, à condition de bien s’y prendre.
L’e-commerce aurait-il finalement un avenir dans le secteur food? En tout cas chez Delhaize ils en sont convaincus. Maintenant que 40% des clients online optent pour la livraison à domicile, le retailer a décidé d’élargir ses horaires de livraison : désormais vous pourrez faire livrer vos courses dès 7h du matin, ou le soir à 21h. Bref, vu qu’une journée de travail chez RetailDetail commence vers 6h et se termine rarement avant 23h, cela ne nous est donc d’aucune utilité.
Heureusement les visites de magasins font partie de nos fonctions. Et lorsque nous nous rendons dans un Carrefour Express, au moins nous sommes certains d’en sortir rapidement. Non pas parce que nous n’y trouvons pas ce que nous cherchons, mais parce qu’ils disposent désormais de caisses mobiles par un paiement utlra rapide.
Le mystère Spar
Vous vous souvenez certainement de ce fameux magasin anversois d’Albert Heijn qui à lui seul a longtemps empêché la fusion effective entre Ahold et Delhaize et qui finalement en octobre a été vendu à prix bradé à Retail Partners Colruyt Group, qui devait y ouvrir un Spar. L’intention est toujours valable, vu le logo Spar affiché sur les vitres depuis un certain temps déjà. Les passants sont même invités à regarder à travers la vitre, pour s’assurer que l’on travaille dur dans ce nouveau magasin. Et bien, nous avons jeté un coup œil : s’ils appellent ça travailler, je postule immédiatement. Non, aucun mouvement à détecter. Les médias locaux parlent déjà d’un ‘grand mystère’. Apparemment Colruyt Group a suffisamment d’argent pour payer un loyer, sans qu’il y ait de revenus en contrepartie.
Certains se réjouissent de voir ce fameux chocolat rose se rapprocher de nos contrées : après le Japon et la Corée du Sud, une version rose bonbon de KitKat a fait son apparition sur le marché britannique. Cette gourmandise rosâtre arrivera donc bientôt chez nous, ce n’est qu’une question de temps. Mais la primeur ne reviendra probablement pas à Colruyt, à moins que Nestlé ne veuille solutionner ce conflit persistant par une offensive de charme. En tout cas le géant suisse a émis la noble promesse d’utiliser uniquement des emballages recyclables et réutilisables d’ici 2025. Enfin, noble ? Greenpeace n’a même pas été impressionné : « Ils feraient mieux de bannir tout le plastique », a délcaré sèchement l’organisation écologiste.
Et ils ne sont pas les seuls à le penser. Car même si Colruyt compte solutionner à lui tout seul le problème des déchets sauvages, l’appel d’une consigne sur les bouteilles en plastique retentit de plus en plus fort. Mais il ne s’agit là que d’un complot sournois, nous apprend une source bien informée dont nous ne divulguerons pas l’identité. … Cette fameuse Alliance en faveur de la consigne est secrètement dirigée depuis les Pays-Bas dans le seul but de faire monter les prix en Belgique. En d’autres termes, il s’agit d’un coup bas des chaînes de supermarchés hollandaises en vue d’attirer encore plus de shoppers transfrontaliers. Beau travail de lobbying de la part de Jumbo & co! Enfin c’est ce que prétend cette source, sans sourciller. Et nos villes et communes se laissent tout simplement piéger. Et vous ? A la semaine prochaine !