La gourmandise et le nettoyage, ce sont les péchés mignons du consommateur en cette triste période de coronavirus. Filet Pur est tombé en disgrâce, car il n’est pas très respectueux des animaux. Et pourtant, nous vous servons encore une fois un morceau épicé !
Plus les bienvenus
Un « appel chaleureux », disaient-ils. Pourtant, en y regardant de plus près, le message était plutôt glacial : nous ne sommes plus vraiment les bienvenus. Mieux vaut ne plus faire ses courses du tout, sonnait-il froidement. Et s’il le faut vraiment, mieux vaut venir seul. Et ne pas trainer : que le strict nécessaire. Faire le plein de papier toilette ? Ou allons-nous attendre le nouveau confinement qui semble inévitable ? N’avons-nous vraiment tiré aucune leçon de tous ces derniers mois ? La thésaurisation a déjà commencé en Allemagne.
Pour le secteur du commerce de détail, les mesures plus strictes annoncées ce matin ne sont pas si terribles. Mais restons sur nos gardes. Avant que nous nous en rendions compte, ils auront à nouveau annulé les promotions. Nous sommes habitués aux prix élevés, de toute façon. Ou supprimé complètement le rayon vins : l’alcool n’est pas un besoin essentiel, selon certains. Alors, pourquoi ne fermer plus tôt que le vendredi soir ? C’est mieux pour nous, non ?
Marre de cuisiner
Les petits malins qui pensent qu’ils vont s’en tirer avec une commande en ligne ont tout faux. Les créneaux de livraison sont à nouveau surchargés. Delhaize vient tout juste de lancer une nouvelle caisse de livraison durable, mais le délai de six mois était largement insuffisant pour permettre à la plupart des détaillants de booster leur capacité. Seul HelloFresh est parvenu, les doigts dans le nez, à doubler son chiffre d’affaires.
Pour l’instant. Car le nouveau service de livraison de repas frais que Delhaize lance désormais en partenariat avec la start-up de technologie alimentaire Tastyoo est bien entendu une attaque frontale contre le leader mondial du marché des boîtes à repas. Ou du moins contre la chaleureuse cuisine familiale Rose Mary. Et contre tous les services à emporter déployés par le secteur horeca, qui n’a maintenant plus d’autre choix. Tous comptent sur le fait que nous finirons bien par en avoir marre de cuisiner. Pour l’instant, cela ne semble pas être le cas : la vente de produits frais est repartie à la hausse depuis la fermeture de l’horeca.
Savon et aliments réconfortants
Les perdants du confinement : nous tous. Mais certains plus que d’autres. Les choses vont mal pour Metro et Makro à cause de la fermeture de l’horeca et du mécontentement des syndicats. Non pas que tout était rose avant la crise du coronavirus, mais quand même. L’enseigne concurrente Sligro est également dans le flou : le bel été est passé, et la fin de l’année s’annonce morose. Chez Danone, une profonde réorganisation est en marche, car le système immunitaire de la société n’est pas apparu suffisamment résistant au coronavirus. Et les employés de Colruyt à Anderlecht ont également connu de meilleures semaines. Ils sont maintenant tous (mais pas ensemble) en quarantaine.
Mais il y a tout de même des gagnants. Ces derniers mois, Nestlé a pu répondre à la demande en alimentation pour animaux, café et de produits de soin. Procter & Gamble s’est réjoui de constater que les consommateurs avaient succombé à une frénésie de nettoyage, par crainte du virus. Le géant des produits de grande consommation a également donné une leçon à la concurrence : en temps de crise, on n’économise pas sur le marketing, bien au contraire. Et il avait raison : bingo. Tout comme Coca-Cola, qui a réussi à encourager la consommation de sodas à domicile, maintenant que la consommation à l’extérieur est presque réduite à néant. Pourtant, la moitié des marques doivent disparaitre : only the strong survive. Unilever a non seulement vendu beaucoup de savon, mais aussi beaucoup de glaces, des aliments réconfortants après tout, et des quantités étonnantes de mayonnaise végane.
Heure de gloire
Car s’il y a encore un avenir, il sera végétal, vous devriez maintenant le savoir. D’une façon ou d’une autre, la pandémie nous a fait prendre davantage conscience que notre comportement de consommation doit changer. Chez Bonduelle, c’est plutôt une bonne nouvelle : la plus grande marque de légumes au monde savoure son heure de gloire maintenant que la demande en pois chiches explose. Et elle pointe subtilement du doigt le commerce de détail alimentaire : les supermarchés ont en effet un rôle prépondérant à jouer avec ce qu’ils présentent dans les rayons et les brochures. Choisissent-ils la santé ou le gain à court terme ?
Ou bien vont-ils entièrement céder la place aux boutiques bio spécialisées ? Celles-ci gagnent des parts de marché sur les grands supermarchés en colère. La réaction ne se fait pas attendre : tel un loup déguisé en brebis, la grande distribution tente de plus en plus de séduire les sympathiques petites marques bio pour passer du côté obscur et gagner beaucoup d’argent. Curieux de voir ça.
Négligence incompréhensible
Maintenant que Delhaize revendique un quasi-monopole sur l’utilisation intelligente du Nutri-Score à des fins de marketing non dissimulées, Carrefour doit trouver la parade. Et c’est chose faite : le score Innit n’évalue pas seulement les produits alimentaires transformés sur la base de critères scientifiques, il ajoute également une touche de personnalisation. Les consommateurs peuvent entrer leurs préférences : vous avez une allergie aux fruits à coque, vous voulez perdre du poids, vous vous préparez pour un marathon ou vous êtes végétalien ? Le score s’ajuste. Il n’existe pour l’instant qu’en France, mais ses ambitions sont internationales, vous le retrouverez donc peut-être bientôt dans un magasin près de chez vous.
Mais vais-je acheter un primitivo ou plutôt un pinot grigio ? Cette fois, la nouvelle application ne peut rien pour moi. L’alcool est retiré du système. Une négligence incompréhensible, quand on sait qu’un petit verre réconfortant en période difficile contribue à garder un équilibre sain. Bon, si je veux accompagner mon repas à emporter d’une bouteille, j’ai intérêt à me dépêcher. Et c’est valable pour vous aussi. À la semaine prochaine !
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