Vous le voyez : un peu malade, mais tout à fait inoffensif, cet ex-Péril Jaune. Il est grand temps que quelqu’un de sérieux s’en occupe. Filet Pur a bien une personne en tête, mais nos conseils spontanés sont trop souvent ignorés. À tort !
Ce mec est génial !
Un nouveau mois, un nouveau défi : à peine la Tournée Minérale est-elle terminée que commence déjà le Veggie Challenge, qui vise à convaincre nos compatriotes de manger un peu plus souvent végétal. C’en est déjà de la cinquième édition, et la moitié de l’univers du food-retail la sponsorise. Oui, ces mêmes entreprises qui ont promis tout leur soutien aux éleveurs en colère. Les supermarchés ne veulent manifestement pas faire de jaloux, et il faut sauver la planète. Ainsi que leurs marges… Nos compatriotes francophones y participent également – c’est en tout cas l’intention.
Encore un peu plus au sud en revanche, il n’est pas question de se laisser aller à cette folie. Pas un jour sans côte à l’os ou pâté en croûte outre-Quiévrain. Pour l’instant, il est encore possible d’y vendre des alternatives végétales – une interdiction ne passerait pas au niveau européen –, mais le gouvernement a annoncé en urgence une mesure radicale : la fausse viande doit désormais s’abstenir de toute référence à la vraie viande. Diantre ! Cette mesure ne s’applique toutefois qu’aux producteurs français, de sorte que Quorn, Beyond Meat, Le Boucher Végétarien et Garden Gourmet peuvent continuer à exercer sans entrave leurs activités végétales. Ou comment le populiste Macron est en train d’enterrer un secteur industriel local prometteur. Ce mec est génial ! Bon, ce n’est pas notre problème.
Du cacao dans les rouages
Au contraire du chocolat. Même si notre fierté nationale a été vendue depuis longtemps aux Suisses, lesquels, malgré leur réputation, n’arrivent pas à gérer Barry Callebaut avec la précision d’une montre de luxe – à moins qu’il n’y ait du cacao dans les rouages. Il faut rationaliser et assainir, ce qui coûtera 2 500 emplois dans le monde, dont 500 chez nous. La survie de la plus grande chocolaterie au monde n’est cependant pas menacée, ne serait-ce que parce qu’elle génère des subsides toujours intéressants. Pour l’instant.
La bière aussi, c’est notre problème. Mais c’est surtout le problème de Michel Doukeris aux États-Unis : malgré le secours que lui a apporté nul autre que Donald Trump, le directeur d’AB InBev ne parvient toujours pas à réaliser des marges décentes. Cela promet pour après les élections. Le brasseur paie encore la facture d’une campagne ratée sur les médias sociaux mettant en scène un influenceur transgenre. Ce qui n’a pas amusé les rednecks, au contraire des concurrents. Et le CEO peut dire adieu à son beau bonus.
La caisse est vide
Il n’est pas le seul. Car en parlant de problèmes : OK, il n’en est pas encore réduit à devoir faire ses courses chez MyPrice, ce concurrent russe à la réputation douteuse, mais Frans Muller a vu son salaire diminuer en 2023. Enfin, un peu : de 383 000 euros quand même. Holà, en des temps meilleurs, il aurait pu s’offrir un ou deux restos étoilés supplémentaires, pourriez-vous penser. Ou des crevettes. Comme toujours, c’était selon les médias le seul chiffre qui comptait vraiment dans le volumineux rapport annuel publié mercredi par Ahold Delhaize. Classique. Des journalistes envieux, prêts à tout pour quelques clics. Nous nous sommes donc fait une joie de participer à cette petite campagne. Nous vous connaissons.
La famille van Eerd aussi devra faire attention aux dépenses : elle ne se versera pas de dividendes pendant un an. C’est simple : les caisses sont vides. Jumbo voit ses bénéfices s’évaporer peu à peu depuis trois ans. Comme ses parts de marché aux Pays-Bas. L’ancien Péril Jaune a la fièvre jaune. Cela ressemble à une grippe, mais peut dégénérer en une maladie potentiellement mortelle pour laquelle il n’existe aucun traitement. Ces mesures de réduction des coûts et de lutte contre le vol, la politique tarifaire adaptée et des achats internationaux vont-ils leur permettre de sortir la tête de l’eau ? Qu’en pensez-vous ?
Impasse
Pendant ce temps, l’expansion en Flandre coûte une fortune que le groupe n’a plus. Cinquante magasins d’ici 2025 ? Cela représente 17 ouvertures supplémentaires au cours des 22 prochains mois, malgré les boycotts persistants des comités de quartier et des concurrents. Et les commentaires véhéments de notre Grand Timonier, qui a passé la journée à scander triomphalement « Ils s’en vont, ils s’en vont ». Vous le connaissez : c’est pourtant un fan autoproclamé de Jumbo. Avec de tels supporters, on n’a plus besoin d’adversaires.
Mais s’en aller n’est pas si évident. Jumbo se trouve dans une impasse : avec 33 magasins, ils sont trop avancés pour abandonner, mais s’entêter n’est pas non plus une super option. Que faire ? Existe-t-il une troisième voie ? Plusieurs sources aux Pays-Bas insinuent que la famille en a plus qu’assez de ses supermarchés. Le plaisir a disparu. Frits ne peut plus, Colette et Monique ne veulent plus. Ton van Veen peut nettoyer les comptes en attendant une offre raisonnable. Que le nouveau propriétaire trouve une solution. Il va sans dire que l’actuel homme fort du groupe nie tout avec véhémence. Mais poussons un peu la réflexion, d’accord ?
Remerciez-moi plus tard
Vous me voyez venir, bien sûr : s’ils ont vraiment du cran chez Colruyt Group, ils feront cette offre. Une excellente occasion de doubler son chiffre d’affaires tout en gagnant un peu d’envergure européenne. Une occasion unique d’éliminer un rival gênant en Belgique et d’enfin pénétrer ce marché néerlandais si protectionniste, où il n’y a pas de concurrence significative en dehors d’Albert Heijn. Un rare brise-glace qui lui permettrait enfin de rejoindre une véritable alliance européenne, aussi – ce qui ne serait pas un luxe.
Et pour les piquer encore peu plus à Halle – et à Malines –, tant que j’y suis : une belle occasion de transformer ces pauvres Spar franchisés en une formule pointue et moderne qui, moyennant les adaptations nécessaires, pourra vraiment concurrencer Delhaize, Albert Heijn et autres Carrefour Market en Belgique. Sous le nom de Jumbo, en effet. Un peu d’encouragement ne peut pas faire de tort, pas vrai ? Allez Jef, qu’est-ce que tu attends ? Tu devrais déjà être à Veghel. Tu me remercieras plus tard. Et à la semaine prochaine !