Cette semaine nous apprenions que Colruyt envisageait effectivement une grande reprise. Par ailleurs un fabricant de charcuterie lui-même admet que la viande, c’est du passé. Pardon ? Voici votre joyeuse rubrique du vendredi par RetailDetail Food.
Tout le monde s’en moque
Apparemment l’ambiance était plutôt tendue lors de l’assemblée générale des actionnaires de Colruyt Group mercredi dernier. « Nous ajustons nos dépenses en fonction de nos revenus », avait annoncé Jef Colruyt à ses collaborateurs et dès lors les participants ont dû se contenter de cava bon marché et de vulgaires cacahuètes d’Everyday Selection. Car bien que les shoppers apprécient vivement les meilleurs prix, les investisseurs ingrats estiment que l’action est trop chère, étant donné que les marges sont sous pression et que le potentiel de croissance semble limité. Colruyt doit consacrer son excédent de cash à quelque chose d’utile, suggèrent les analystes.
Après quoi le CEO contrarié a pris une mesure draconienne : « Ils veulent que je fasse une grande reprise ? Eh bien, d’accord ! Nous allons tout simplement racheter Colruyt ! Une entreprise magnifique, leader du marché en Belgique et un exemple à suivre pour tous les retailers du monde entier ! » Sitôt dit, sitôt fait : non seulement le retailer va racheter pour 350 millions d’euros d’actions propres, mais en plus il va les détruire sans pitié. « Bon débarras ! Ces actions n’ont aucune utilité, puisque personne n’en veut », a pensé le CEO. « Hélas, c’est comme les flèches sur le sol de nos jolis magasins Colruyt : tout le monde s’en moque. Une idée géniale pourtant, je maintiens. »
Hypocrite
Non seulement le discounter de Hal est confronté à des actions promotionnelles trompeuses de concurrents hypocrites, mais il a également avoué ouvertement qu’en matière d’e-commerce il avait un énorme retard par rapport à bol.com, l’arme online de ses concullègues d’Ahold Delhaize. RetailDetail était présent lors de l’ouverture du tout nouveau et impressionnant centre de distribution de l’e-tailer à Waalwijk, d’où partent quotidiennement des centaines de milliers d’articles, également direction Flandre, où comme chacun sait, il est impossible d’exploiter rentablement des centres logistiques pour e-commerce. Colruyt a dit vouloir tenter de rattraper son retard, mais cette bonne résolution nous a paru peu convaincante.
D’autre part il semble que notre Jef national aura du mal à vendre sa marchandise à l’autre Jeff, si besoin était. Car ledit Bezos, selon des rumeurs persistantes, aurait jeté son dévolu sur Carrefour. Une opération qui aurait un sens, car cela permettrait à Amazon de percer sur le marché alimentaire européen. De plus Carrefour n’est qu’une broutille pour le géant américain : la valeur boursière de Carrefour s’élevant à 13 milliards d’euros, celle d’Amazon à 394 milliards.
Pop-up
Mais face à ces chiffres Dick Boer, grand patron d’ Ahold Delhaize (valeur boursière : près de 25 milliards), ne se laisse nullement intimider. Concurrencer Amazon c’est simple et HelloFresh n’a pas d’avenir non plus, estime-t-il. Selon lui, les supermarchés doivent se créer une image plus sexy, notamment un ajoutant des restaurants. Ainsi tout s’arrangera. Monsieur Boer n’ayant pas la réputation d’être un blagueur, nous devons donc prendre au sérieux ses propos qui sont censés donner des sueurs froides à Jeff Bezos. Mais il en faut plus pour impressionner le géant américain qui du coup a annoncé qu’aux Etats-Unis il livrerait désormais des repas à domicile provenant de 40.000 restaurants.
Citons ici le regretté et génial chansonnier Buddy Holly, qui bien que n’étant pas un expert en retail, a dit certaines vérités, notamment celle-ci : « I don’t know how to succeed, but I know how to fail: just try to please everybody. » Tel est le cœur du problème des supermarchés.
En tout cas le conseil de Dick Boer a très vite été suivi par Albert Heijn Belgique. La semaine prochaine l’enseigne ouvrira un pop-up store baptisé Chop Chop ; une info que RetailDetail a eu en primeur. Il s’agira d’un lieu de rencontre chaleureux où sera promu l’assortiment asiatique d’Albert Heijn. Quant à l’origine du nom de cette boutique éphémère nous avons effectué quelques recherches : ‘chop chop’ signifie ‘vite, vite’ en cantonais et est déjà utilisé comme nom de marque par un fournisseur limbourgeois de box repas bios. Toujours bon à savoir. Bien entendu ce pop-up très tendance se trouve dans la ville branchée d’Anvers, tout comme votre rédaction favorite. Ce même jour AH ouvrira également un nouveau magasin à Saint-Nicolas, non loin d’un Delhaize, probablement sous le slogan ‘mieux vaut un bon voisin, qu’un ami lointain’.
Végétal
Côte fabricants, cette semaine Nestlé a volé la vedette. Le géant alimentaire entend augmenter son chiffre d’affaires et ses marges, sous la pression d’actionnaires activistes. Lors d’une assemblée des actionnaires la multinationale a dévoilé comment elle comptait atteindre cet objectif : notamment en exploitant davantage les grandes tendances de consommation. Pour ce faire Nestlé misera sur des produits naturels, bios, sans gluten et sans lactose et contenant moins de sucre. D’autre part le groupe suisse croit au potentiel de l’alimentation végétale et il n’est pas le seul : les grands acteurs du secteur sont de plus en plus nombreux à s’introduire sur le marché des alternatives à la viande et aux produits laitiers, à tel point que l’on pourrait parler d’un mouvement de consolidation.
De fait, les Belges mangent de moins en moins de filet pur et les prix sont sous pression, déplore le Boerenbond, qui évoque à ce titre l’attention médiatique pour le bien-être animal, la durabilité et la nouvelle pyramide alimentaire. Mais à quoi s’attendaient-ils ? Au lieu de se plaindre, le secteur agricole ferait mieux d’investir lui aussi dans l’avenir, notamment la viande de laboratoire. Le flamboyant Richard Branson affirme que d’ici quelques décennies l’humanité se souviendra avec compassion du temps où l’on abattait encore des animaux. Il investit des millions dans le développement de viande de culture, respectueuse de l’animal et de l’environnement et saine de surcroit.
Et pour couronner le tout, ce dimanche aura lieu la Journée mondiale du végétarisme. D’ailleurs pour ceux que cela intéresse : le 2 octobre c’est la journée mondiale sans alcool et le 4 octobre débutera la Semaine du Fairtrade, une semaine qui durera dix jours. De bonnes résolutions en perspective !
‘Maintenant aussi sans viande’
Chez RetailDetail nous avons voulu nous constituer un stock conséquent de tofu et de falafels. Et où en trouver si ce n’est chez Delhaize, qui cette semaine a annoncé une croissance de 10% dans la catégorie des produits végétariens. Les options bios progressent de 24% et la demande de produits végans est elle aussi en hausse. Nous sommes allés vérifier sur place.
Mais arrivés devant le rayon végétal, quelle n’a pas été notre surprise de voir des paquets de charcuterie parmi les burgers végétaux ! Était-ce l’œuvre d’un remplisseur de rayon négligeant ? Prêts à nous plaindre auprès de la direction, nous avons soudain remarqué une inscription en petites lettres : ‘maintenant aussi sans viande’. Il s’agissait bel et bien de charcuterie Aoste, mais 100% végétale.
Parlant d’un tournant à 180° : en 2015 Aoste se moquait encore joyeusement des végétariens dans un spot télévisé controversé. Mais aujourd’hui sous la devise ‘If you can’t beat them, join them’ la marque a conquis sa place dans le rayon ‘veggie’, avec sa charcuterie végétarienne affichant le même logo que le jambon sans additifs. Déroutant, non ? Tout comme de trouver du whisky Jack Daniels au rayon des boissons rafraîchissantes.
Pétillant
Mais peut-être Aoste n’a-t-il pas tort, car en France un livre au titre évocateur ‘Cochonneries – Comment la charcuterie est devenue un poison’ vient de paraître. Son auteur Guillaume Coudray y explique comment l’industrie de la viande par appât du gain est devenue une sorte de sous-division du secteur chimique. De quoi vous faire hésiter à manger une tartine au filet de saxe ou au pâté crème.
Ce qui nous amène à la tendance alimentaire de la semaine : le lait pétillant. Oui, vous avez bien lu : comme l’eau pétillante, un Perrier sortant d’une vache, c’est fou ! C’est une idée du groupe laitier Arla qui en ce moment teste le produit au Royaume-Uni, à Singapour et dans les Emirats arabes, et ce dans l’espoir de contrecarrer la baisse de consommation de lait. En ce début de weekend cela nous a donné envie de bulles, mais pas laitières. A la semaine prochaine !
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