Il y a les détaillants alimentaires qui veulent remplacer le supermarché par une technologie futuriste, il y a ceux qui veulent tout simplement anéantir leurs concurrents, et il y en a un qui se préoccupe de notre santé. Mais pas trop. Une fois encore, nous décortiquons la semaine de l’alimentaire !
Le supermarché superflu
Ne dites plus « supermarché », mais plutôt « entreprise de technologie alimentaire » : c’est ce que demande Marit van Egmond, PDG d’Albert Heijn, et apparemment futuriste à titre complémentaire. Le magasin doit évoluer, et le client doit suivre, selon elle. Les caisses ? Tellement 2020. « Pourquoi nous devrions nous accrocher au tapis roulant avec un employé à une extrémité ? » L’argent liquide ? Une relique du Moyen Âge. Les caisses automatiques ? Totalement obsolètes. À l’avenir, tout sera entièrement automatisé. Bientôt, le détaillant alimentaire pourra même lire dans nos pensées. Plus besoin de liste de courses.
Pas besoin d’y réfléchir. Si les clients sont prêts ? Assurément, estime Van Egmond. Si les gens acceptent de partager les photos de leurs petits-enfants sur les réseaux sociaux et de gérer leurs opérations bancaires sur une tablette, les achats numériques sont un succès garanti, n’est-ce pas ? Nous verrons bien. Quoi qu’il en soit, Albert Heijn étend son service de livraison des courses : Malines et la région du Rupel font désormais partie du réseau. Tous les jours, tous les créneaux de commande sont occupés, nous dit-on. Bientôt, le supermarché lui-même sera superflu. Et sinon, Mealhero s’en chargera : cette startup veut faire pression sur HelloFresh avec une alternative surgelée intelligente et obtient 2,5 millions d’euros pour conquérir l’Europe. Bonne chance !
Un appel clair
Le concurrent Jumbo ne partage pas encore cet état d’esprit : la boutique en ligne belge se fait attendre, mais a encore ouvert un nouveau magasin. Le sixième, à Ranst, là où le tout premier supermarché indépendant flamand avait ouvert. Eh oui, il fut un temps où toutes les chaînes de supermarchés commençaient avec un seul magasin. Certains entrepreneurs pensent que c’est déjà assez, tandis que d’autres ne sont jamais satisfaits. C’est comme ça. Et Frits van Eerd appartient à la deuxième catégorie. C’est pour cela que j’ai reçu un sympathique e-mail avec un appel clair, de son acquéreur immobilier senior en Belgique (qui a été transféré à Carrefour pour un montant inconnu) : « Nous cherchons des emplacements ! »
Plus précisément, des locaux commerciaux de 1500 à 2500 mètres carrés, des terrains à bâtir de 5000 à 7000 mètres carrés ou des emplacements en ville d’environ 1000 mètres carrés (pour Jumbo City). « Nous nous décidons très rapidement et nous payons plus que les prix du marché ». N’en doutez pas : même s’ils s’en tiennent à un chiffre dérisoire de huit magasins cette année, ces cent magasins jaunes verront le jour quoiqu’il arrive. Alerte spoiler : l’entreprise convoite notamment un ancien carwash à Lede (avec seulement Delhaize, Bon’Ap, Carrefour, Colruyt, Renmans et Aldi dans la commune, les riverains ne sont en effet pas bien lotis) et l’ancien Colruyt à Zonhoven, où Albert Heijn, AD Delhaize, Lidl, Alvo, Spar, Aldi et un nouveau Colruyt se livrent déjà une rude concurrence. Sympa l’ambiance !
Des querelles non essentielles
Bonne ambiance aussi lorsque le nouveau dépliant d’Aldi est arrivé dans nos boîtes aux lettres en début de semaine. Les réactions indignées ont soudainement inondé les réseaux antisociaux, apparemment principalement en Flandre-Occidentale et en périphérie de Bruxelles. Le problème ? Il s’agissait d’un dépliant bilingue, ce que certains Flamands ont pris comme une insulte personnelle. La faute à ce coronavirus, cependant : le discounter a dû supprimer en urgence toutes les promotions non essentielles, remplissant la moitié des pages du dépliant. C’est pourquoi les dépliants en français et en flamand ont été exceptionnellement fusionnés. « Notre intention n’était pas d’offenser nos clients », a répondu Aldi. Ces consommateurs susceptibles protestent-ils aussi contre les emballages multilingues dans les rayons ?
Les acheteurs attentifs l’avaient déjà remarqué depuis longtemps, mais c’est maintenant scientifiquement prouvé : les produits alimentaires sont devenus ridiculement chers à cause de ce virus. Pour une fois, ce n’est pas Test-Achats qui le dit, mais deux économistes de la Banque nationale de Belgique. Après une enquête approfondie, qui plus est. L’inflation avait jusqu’à présent été sous-estimée, car les inspecteurs du SPF Économie n’osent plus se rendre dans les magasins pour répertorier les prix. Ils n’ont jamais entendu parler de la collecte de données. Bref….
Soja et algues
Et il y a fort à craindre que notre alimentation ne coûte pas moins cher de sitôt. Bien au contraire : les grandes multinationales investissent massivement dans de nouvelles alternatives végétales aux produits animaux familiers développées par des technologies de pointe, et cela coûte très cher. Pas nécessairement plus saines, mais meilleures pour la planète. Filet pur de soja et d’algues, mayonnaise sans œufs, glaces à l’huile de coco, protéines de pois et beaucoup de sucre : chez Unilever, ils sont résolument prêts pour la révolution. À nous maintenant.
Si cette tragédie n’en finit pas, nous ferions mieux de saisir toutes les occasions de lever notre verre. Boire pour oublier que nous buvons pour oublier : le beaujolais nouveau est arrivé chez nos voisins du sud hier, et dans nos supermarchés les maisons de champagne vont céder leurs nobles bulles presque gratuitement parce qu’elles ne peuvent pas les écouler dans l’horeca. Ces bouteilles ne se conservent pas indéfiniment et les caves de Reims seront bientôt pleines à craquer. Grand nettoyage, donc : des promotions inédites arrivent. Santé !
Brocoli et couches
Qu’est-ce qui vous attend sous le sapin de Noël ? Une demi-courge, un brocoli et deux carottes ? Cela dépend de Delhaize, à en juger par cette petite vidéo de Noël attachante dans laquelle un adolescent sans aucun respect pour les mesures anti-coronavirus (on connaît bien cette espèce-là) pille le rayon de légumes du supermarché pour les offrir en cadeau à sa grand-mère. Parce que la santé, c’est le plus beau des cadeaux. Mignon, il faut le reconnaître. Encore loin du niveau de John Lewis, mais soit, on ne compare pas non plus le budget d’Anderlecht avec celui de Chelsea.
Bravo, j’aurais presque envie de dire, si ce n’est que les promotions électroniques personnalisées du détaillant ne sont manifestement pas encore au point. Cette semaine, j’ai reçu une offre pour des couches dans l’application. Véridique : 450 points SuperPlus en achetant deux paquets de couches ou de couches-culottes Pampers. Avec tout mon respect, Delhaize : je n’ai certes plus trente ans, mais, fort heureusement, il me reste encore de longues années devant moi avant que je sois assez vieux pour reporter des couches. Et vous devriez le savoir, avec votre connaissance des données et compagnie. Est-ce si difficile ? À la semaine prochaine !
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