Cette semaine nous avons constaté que l’humour aussi était bon marché chez les hard discounters et que les retailers qui faisaient bien leur boulot étaient trainés dans la boue. Explication dans ce joyeux résumé hebdomadaire de RetailDetail Food !
Humour discount
Mousse de jambon artisanale aux asperges et triple sec ; truite au gin avec radis, concombres et pommes ; potage aux champignons, crevettes accompagnées de mozzarella, olives, pesto et taboulé au curry ; surimi à la sauce de mangue. Voilà l’essentiel de ce que nous avons retenu de la toute première conférence de presse d’Aldi Belgique. Par contre les présentations nous ont complètement échappé, étant donné que le point de vente de Diegem, qui présente le nouveau concept d’Aldi, est situé dans la prolongation d’une piste d’atterrissage et de décollage de notre aéroport national. Pas facile de se faire entendre lorsqu’un Boeing prend son envol. D’où le nom de magasin pilote, évidemment. Contrairement à certains collègues, Aldi ne va pas récupérer son investissement de 350 millions d’euros par des hausses de prix, mais par une forte croissance du chiffre d’affaires. Chez Aldi ils ne font pas les choses à moitié : rénover plus de 300 magasins en moins de deux ans, faut le faire !
Certains observateurs prétendent qu’avec cette opération Aldi suit les traces de Lidl. Mais en fait Lidl aussi suit l’exemple d’Aldi, notamment avec des folders hilarants remplis de jeux de mots décalés. Par exemple, à la page 3 du folder de la semaine prochaine nous lisons la question suivante « Ce folder Lidl vous excite ? » Et la réponse suit immédiatement : « Parce qu’une mangue vous donnerait envie de faire des galipettes, de forniquer, de grimper au rideau … C’est bon pour la libido … Offrez une mangue quand vous êtes en mangue. » C’est écrit noir sur blanc, le tout accompagné d’une photo suggestive de mangues juteuses aux courbes voluptueuses. Ouh ! Surtout gardez-les hors de portée des enfants. Mouais, les discounters et l’humour ….
Un pacte avec le diable
Par contre chez les collègues français de Franprix on ne plaisante pas. L’implantation en Belgique, c’est du sérieux ! Après un premier magasin bruxellois, qui a ouvert ses portes ‘en stoemelings’ à la chaussée d’Ixelles, il est bel et bien question d’une sorte de conquête de Bruxelles. Une deuxième ouverture dans la capitale belge est prévue prochainement et les candidats-franchisés se bousculent au portillon. « Bruxelles ressemble à Paris », paraît-il. Vraiment ? Un jour j’ai vécu une grève des taxis à Paris : face à cela, la manifestation de ces pauvres amateurs dans notre capitale mardi dernier, c’est de la petite bière, mais soit. En tout cas chez nous un Franprix ouvert 24/7, comme dans la Ville Lumière, n’est pas prévu de sitôt, car cela nécessiterait une révision constitutionnelle.
Chez Monoprix, qui tout comme Franprix fait partie du groupe Casino, ils n’ont pas peur du risque et ont décidé de vendre leur âme au diable. Eh oui, ils s’associent à Amazon. Une bonne affaire pour Jeff Bezos, sans aucun doute. Mais nous savons ce qu’il est advenu de Faust. Et de Robert Johnson pour les fans de musique parmi vous. Horrible !
Du jambon frauduleux
Il y a plusieurs années lors d’un barbecue je discutais avec une agricultrice ouest-flandrienne furieuse qui prétendait que le label de qualité du Consorzio Del Prosciutto Di Parma était 100% frauduleux, car selon elle le jambon de Parme provenait de porcs flamands supérieurs qui n’avaient que brièvement séjourné en Italie. Je parie que depuis lundi passé elle a changé d’avis, et ce grâce à la Lega Anti Vivisezione (le pendant italien de Gaia, en quelque sorte). Mais je peux me tromper. Après tout, je ne serais même pas capable de distinguer un porc flamand d’un cochon d’Inde, façon de parler.
Pour l’instant les produits visés restent dans les rayons et finalement la plupart des consommateurs ont déjà oublié l’incident, ou du moins l’ont refoulé. Car nous n’arrivons plus à digérer cette succession de vidéos et de fraudes dégoûtantes. Cette profusion de scandales alimentaires nous reste sur l’estomac. Trop c’est trop !
Un petit coup de pouce
Vous voulez savoir si quelqu’un est fiable, alors posez-vous la question suivante : « Achèteriez-vous une voiture d’occasion à cette personne ? » Lidl relève le défis et proposera prochainement des voiture de direction de BMW dans ses rayons – ou du moins sur son webshop. Les marges sont un peu plus élevées que celles des amuse-bouches Délicieux, d’où cette décision. Mais ces voitures diesel polluantes sont-elles compatibles avec le programme de durabilité du retailer ? En tout cas, pas de quoi s’inquiéter chez nous, puisque les voitures en question ne seront pas vendues en Belgique.
Chez Carrefour, la digitalisation promise prend forme, notamment par le lancement d’une solution de paiement mobile, baptisée Carrefour Pay, à l’exemple d’Apple Pay et Alipay. D’ici peu notre smartphone regorgera de solutions de paiement de chaque magasin et de chaque banque où nous nous sommes rendus ne fût-ce qu’une seule fois. Parallèlement le retailer étend le nombre de points de retrait et élargit son assortiment food online, principalement avec des produits frais, très prisés par les e-acheteurs. Ce projet e-commerce bénéficie d’ores et déjà du soutien inconditionnel des employés des hypermarchés liégeois, qui ont décidé de fermer les portes de leurs magasins aujourd’hui et demain, afin de donner un petit coup de pouce constructif au webshop du retailer. Bien vu messieurs les syndicalistes !
Hypersensible
Alors que Colruyt fait tout simplement son boulot – à savoir servir au mieux ses groupes-cibles – certains Flamands hypersensibles s’offusquent de trouver quelques marques turques et marocaines dans les rayons. Pourtant sachez que ces produits sont déjà présents chez Carrefour, Cora et Delhaize, entre autres. Business oblige, tout simplement. Tout le monde le fait, par contre le communiquer reste un point épineux : peur de la voix du peuple. Colruyt s’est vu contraint de diffuser un communiqué de presse, probablement suite aux réactions grossières d’un site web indépendant de la droite conservatrice.
Je pensais que nous vivions en 2018, mais je constate que certaines personnes se croient encore en l’an 1302. Google Alerts nous a involontairement orientés vers un forum avec des commentaires du style « Chez Colruyt on se croirait à Marrakech. Nous ne savons plus où aller ?’ Car, selon ces imbéciles, Lidl et Albert Heijn aussi sont des zones à éviter. Je n’invente rien. Je m’abstiendrai donc de vous communiquer ce lien peu glorieux.
Bref, le retail évolue sans cesse, comme nous l’explique admirablement le livre ‘The Future of Shopping’, un ouvrage de référence indispensable, qui à notre grande joie figure – en tant que seule édition belge – dans la short list des cinq nominés pour le titre de l’Ouvrage de Management de l’année 2018. Suspens jusqu’au 19 avril. Bon weekend et à la semaine prochaine !
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