L’actualité food alternative de la semaine, en exclusivité dans Filet Pur : il n’y a pas d’impasse à Kobbegem, la chaleur provoque des accès de démence chez certains clients et les produits de marques de distributeur sont presque gratuits chez notre leader du marché. Et tout cela le dernier jour de travail de Jef !
Aucune impasse
Ne faites jamais confiance à un journal économique saumon. Après tout, même la presse économique et financière peut verser dans le clickbait, nous en avons eu la démonstration cette semaine. Le fait que Delhaize envisagerait de céder la totalité de ses 128 magasins à des exploitants indépendants en l’espace de 16 semaines est un bobard basé sur de vagues sources anonymes. Et pourtant, c’était dans L’Echo, où il n’y a pas normalement pas de section Fake News. En revanche, le groupe vendra bien ses premiers magasins cet automne. Mais personne ne sait combien et quand, car eux-mêmes n’en sont pas sûrs à 100%. Et ne vous bercez pas d’illusions : tous les supermarchés seront bel et bien franchisés.
Laissons la presse grand public se désoler d’une « impasse totale » chez les Lions. Impasse ? Quelle impasse ? Jusqu’à présent, les syndicats ont plus ou moins réussi à faire croire à la population qu’il fallait non seulement une concertation, mais aussi un accord avec Delhaize concernant ce fameux plan d’avenir. Quod non. Pour résumer : Delhaize peut faire ce dont il a envie. Ils n’ont pas besoin de la bénédiction des syndicats pour vendre des magasins à des exploitants indépendants. Tout ce que peuvent faire ces délégués-qui-ne-le-seront-bientôt-plus, c’est effrayer les 400 candidats-repreneur. Reconnaissons-le : ils font de leur mieux.
Primes de licenciement
Entre-temps, de plus en plus de fidèles Delhaiziens semblent tirer leurs conclusions et démissionner d’eux-mêmes. Ben oui, si l’entreprise ne veut de toute façon pas payer d’indemnités de licenciement… Le marché du travail est favorable : il suffit de traverser la rue pour décrocher un emploi. La plupart d’entre eux évitent cependant de postuler chez la concurrence, nous dit-on, parce qu’ils n’ont pas envie de travailler samedi. Reste à savoir si cette « grande démission » est une bonne nouvelle (moins d’éléments perturbateurs coûteux dans les équipes) ou un problème (en raison de la pénurie de main-d’œuvre expérimentée) pour les futurs franchisés.
À propos de Delhaize : j’avais l’habitude de le croiser le samedi matin à mon supermarché de Boechout, mais plus depuis quelques années – l’homme était à l’étranger et très très très occupé. Mais cela va changer : après 24 ans de bons et loyaux services, Wim Destoop, le fidèle parmi les fidèles, quitte son employeur bien-aimé, Pepsico. Ce n’est pas vraiment une surprise pour les initiés, mais vous savez comment ça va : on ne communique jamais à ce sujet. « J’ai envie d’autre chose », a-t-il dit au téléphone. De longues vacances, pour commencer, et ensuite puis « un truc plus petit ». Logique : encore plus grand que PepsiCo, ce serait assez étrange.
Eau française
La France n’est plus seulement une destination de vacances populaire : c’est aussi une destination de shopping très prisée, selon des chiffres de GfK partagés avec enthousiasme par la fédération du commerce de détail Comeos. On les connaît depuis longtemps, ces images de Belges qui chargent leur caddie de Cristaline – l’eau la moins chère du marché si l’on ne veut pas boire l’eau du robinet – au Auchan de Roncq. Mais maintenant que le gouvernement Macron a conclu des accords de prix avec les retailers et les fabricants, la situation devient incontrôlable.
Que notre gouvernement d’une part ne fasse absolument rien, comme d’habitude, et d’autre part envisage d’augmenter encore la TVA sur la plupart des produits alimentaires, ne semble pas émouvoir Dominique Michel. Dans ces conditions… Ces prix nettement plus bas de l’autre côté de la frontière constituent un réel problème, mais soyons réalistes : cette augmentation des achats transfrontaliers peut également être en partie due au fait que ce maudit variant omicron – nous l’avions presque oublié ! – circulait toujours début 2022.
Presque gratuit
Pour des baisses de prix sur le marché belge, il ne faudra en tout cas pas compter sur Unilever pour le moment, Tom Smidts n’a pas laissé planer l’ombre d’un doute à ce sujet. Si le coût de certaines matières premières est en baisse, d’autres continuent d’augmenter et les marges restent précaires. De plus : la qualité a un prix. Surtout en été : quand il fait chaud, les consommateurs sont moins sensibles aux prix et remplissent sans réfléchir leur caddie de Magnum et de Lipton Ice Tea. La chaleur provoque sans doute des accès de démence. Ce serait idiot de ne pas en profiter, n’est-ce pas ?
Heureusement, nous pouvons toujours compter sur Colruyt pour maîtriser notre budget. Pour rester compétitif face au brol de ses concurrents néerlandais et français, notre fier leader du marché achètera désormais ses produits de marque de distributeur par l’intermédiaire de l’alliance internationale EMD. Ce qui rendra bientôt les articles Boni et Everyday Selection presque gratuits, promet le directeur des achats Geert Roels. Et ce ne sera pas du brol pour autant. Ben oui, ce n’est pas que l’EMD réunit les géants du foodretail européen. Mais chaque chose en son temps.
Rumeurs
Enfin, encore ceci. Une cérémonie d’adieu plutôt sereine se déroule actuellement à Halle, d’après les images diffusées sur les réseaux sociaux. Car oui, c’est aujourd’hui le tout dernier jour de travail de Jef Colruyt – en tant que CEO du moins, car la présidence, c’est aussi du travail, même si c’est à titre complémentaire. Il sera heureux de ne plus se retrouver sous les feux de la rampe. Plus que quelques heures à tenir, Jef.
L’entreprise entre ainsi dans une nouvelle ère : à partir de demain, tout sera différent. Mais pas si différent. Dans la presse spécialisée néerlandaise, on peut déjà lire des spéculations sur une éventuelle fusion avec Jumbo. Un vœu pieux, sans doute. En Allemagne, des rumeurs d’une grande fusion d’Aldi refont surface. Comme d’habitude, quand l’actualité estivale est plutôt maigre.
Et oui, les grands esprits se rencontrent : c’est aussi le dernier jour de travail de votre serviteur. Ce soir, je tire la prise, du moins pour les trois prochaines semaines. Filet Pur prend une plus longue pause estivale et ne revient qu’en septembre. Question de se ressourcer, car nous aussi devrons continuer sans Jef. Ces bêtises ne s’écrivent pas toutes seules, et ChatGPT n’en veut pas encore. Par conséquent… Profitez bien de l’été et rendez-vous dans deux mois !