Les prix grimpent, la pérennité du supermarché est menacée et les fabricants de marques continuent de payer la note. Eh oui, quels coquins ces ‘food retailers’. Pour vous en convaincre, voici votre rubrique hebdomadaire concoctée par RetailDetail Food !
Boisson à volonté
En ce vendredi noir, c’est avec la tête lourde et légèrement embuée que nous tentons de mener à bien ce Filet Pur, après les joyeuses festivités d’hier soir. L’ambiance était au rendez-vous et la boisson gratuite coulait à flot. Et voilà le résultat. Merci de votre compréhension !
Mais si notre gouvernement décide de suivre l’exemple de nos collègues écossais, l’année prochaine nous ne serons plus dans cet état-là. De fait, l’Ecosse instaure un prix minimum pour les boissons alcoolisées, dans l’intérêt de la santé publique. Donc seuls les gens aisés pourront encore s’enivrer et les autres n’auront qu’à sniffer de la colle ? Songez à ce que signifierait un doublement de prix pour les accros de la Cara pils. Et quant à RetailDetail : une discussion avec nos sponsors s’impose, car une réception avec du cava à volonté deviendra tout simplement impayable. A moins que nous passions au Kidibul. De toute manière après minuit plus personne ne fait la différence.
Peu importe, tant que les boissons soient contenues dans des bouteilles en verre, car les bouteilles en plastique jetables contribuent largement à empoisonner nos océans. En parodiant les spots télés que Coca-Cola lance chaque année à la période de Noël, Greenpeace accuse le géant des sodas d’être l’un des principaux responsables de cette pollution. Après quoi une marque bien connue de machines à eau gazeuse s’est empressée de diffuser la vidéo sur les réseaux sociaux. Enfoncer ses concurrents est parfaitement légal, paraît-il.
L’avenir
L’e-commerce de denrées alimentaires se porte plutôt bien, à en croire le dernier rapport de Kantar Worldpanel. Du moins, si l’on considère une croissance de 30% comme ‘plutôt bien’. L’avenir est aux pure players, estiment les analystes, et les retailers et fabricants de marques doivent prendre garde car online ils ratent les achats impulsifs. Mais difficile de placer des displays sur un webshop n’est-ce pas ?
Pourtant les prévisions concernant la mort du supermarché semblent fortement exagérées. Pour preuve, cette semaine le géant Alibaba annonçait son intention d’investir 2,5 milliards d’euros dans une chaîne de supermarchés chinoise, dont Auchan est l’un des actionnaires. Oui, Jack Ma est un homme clairvoyant qui a très vite compris ce que manigançait Jeff Bezos avec Whole Foods aux Etats-Unis. Pour s’implanter solidement dans le marché alimentaire, les magasins physiques restent indispensables, tout en étant fortement automatisés et digitalisés.
Amazon non plus ne reste pas les bras croisés : l’ingénieuse technologie de son Amazon Go sans caisse semble enfin être au point. Du moins c’est ce que concluent certains observateurs sur base d’une série d’offres d’emplois d’Amazon, qui recherche des marketeurs et des directeurs de construction. Le concept de magasin où l’on entre et sort sans faire la file à la caisse va-t-il enfin être déployé ? Albert Heijn pour sa part ne maîtrise pas encore cette technologie, mais propose néanmoins une alternative à ses clients : à Amsterdam, les mamans qui s’apercevraient par exemple qu’elles n’ont plus d’œufs dans leur frigo, pourront se les faire livrer endéans le quart d’heure par un coursier à vélo, afin que les crêpes soient prêtes avant que leurs bambins ne commencent à pleurnicher. Qui fait mieux ?
Boîtes réutilisables
Cette semaine nous nous trouvions au comptoir traiteur de notre Carrefour, avec une pile de boîtes à provisions dans notre cabas réutilisable. « Un produit dans chaque boîte », nous avait pourtant répété notre bien-aimée, mais sans préciser quel produit dans quelle boîte. Le lendemain notre filet pur avait un parfum de fromage de Herve et notre burger végétarien une légère odeur de saumon fumé. Dommage ! Tout comme le fait que nous n’ayons pas reçu de réduction, alors que Carrefour faisait une belle économie sur les emballages. Mais bon, que ne ferions-nous pas pour un environnement plus propre ?
Et nous avions au moins la certitude que l’animal dont provenait ce pavé de viande avait été abattu dans les meilleures conditions et dans le plus grand respect. Car même si Colruyt cette semaine a fait l’actualité en annonçant des contrôles surprises systématiques dans les abattoirs, ses concullègues de Carrefour ont gentiment répliqué sur Twitter qu’ils effectuaient déjà de tels contrôles depuis des années. Une chose est sûre : la baisse de consommation de viande semble réellement inquiéter les retailers.
Ce qu’ils font à Anvers et Gand, nous pouvons le faire aussi : c’est probablement ce qu’ont pensé les Louvanistes. Jusqu’à deux fois d’ailleurs. De fait, la ville estudiantine accueille depuis cette semaine un deuxième marché couvert, baptisé De Smidse parce qu’il se trouve dans une ancienne forge de la brasserie Stella Artois. Nous avons envoyé notre femme forte de RetailDetail sur place afin d’y goûter les diverses gourmandises artisanales et d’y faire un petit reportage photo. Elle nous est revenue ravie.
Un peu d’argent de poche
Toutes nos félicitations au sympathique Michel Mersch, qui vient d’être nommé CEO de Neslté Belgilux. Il succède au tout aussi sympathique Alexander von Maillot, qui déménage vers la Suisse, dans les bureaux du siège principal avec vue sur le lac de Genève. Pas mal non plus ! Par ailleurs le groupe suisse semble avoir jeté son dévolu sur Hain Celestial, un fabricant d’alimentation saine, connu chez nous par ses marques Lima (aliments biologiques), Dream (alternatives aux produits laitiers) et Tilda (riz).
Chapeau aussi aux jeunes entrepreneurs de YouMeal, une start-up qui aide les exploitants de restaurants à informer leurs clients concernant la composition de leurs plats. Pierre-Olivier Beckers, ancien CEO de Delhaize et actuel président du COIB, est l’un des bienfaiteurs qui leur a donné un peu d’argent de poche. S’ils ont des ambitions internationales, nous leur conseillons de trouver rapidement un accord avec le service de livraison californien du même nom, ou de changer de nom. Bon Dieu, une petite recherche préalable sur Google, ce n’est pas si difficile que ça !
Et enfin un grand bravo à nos proches collègues Pauline Neerman et Jorg Snoeck, qui cette semaine ont fêté la sortie officielle de leur futur best-seller ‘The Future of Shopping – Waar iedereen retailer is’. Une lecture que nous vous conseillons vivement : vous y trouverez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le retail, mais que vous n’avez jamais osé demander. Vraiment !
Volez aux riches
Une rumeur quelque peu inquiétante nous est parvenue du site d’actualités Newsmonkey : les restructurations prévues par Carrefour impliqueraient la suppression du département achats belge. Précisons que cette rumeur a été démentie avec force par Carrefour Belgium. Toujours est-il que le département belge est déjà dirigé par un Français et que la recherche de synergies internationales nous semble logique. Depuis notre découverte de ce fameux ketchup Heinz scandinave chez Colruyt, plus rien ne nous étonne. Nous verrons bien comment Ahold Delhaize, par exemple, réglera les achats. Mais entretemps les prix à la consommation continuent de grimper, selon les calculs de Nielsen. Alors quel est le problème ?
Pourtant nous avons parfois affaire à ces pauvres fabricants de marques obligés d’aller prendre le thé auprès d’organisations d’achats européennes, qui finalement n’ont pas grand-chose à leur offrir, si ce n’est une vague promesse d’un petit répit d’un an après le versement des fonds nécessaires. Une petite anecdote amusante à ce sujet : chez AgeCore, l’alliance d’achats européenne de Colruyt, Conad, Coop, Edeka, Eroski et Intermarché, ils ne cachent pas leurs intentions. Dans la salle d’attente, les key account managers convoqués à Genève pour y proposer leurs meilleures conditions, ont droit à un film vidéo, dans lequel le flamboyant directeur Gianluigi Ferrari compare l’organisation à Robin des Bois, ce brigand au grand cœur qui volait aux riches (comprenez : les maudits fabricants de marques) pour ensuite offrir son butin aux pauvres (les consommateurs donc). Bref, ils semblent y avoir lu attentivement ce fameux livre de Marcel Corstjens et en avoir tiré leurs conclusions. Un humour sarcastique que n’apprécient pas tous les fournisseurs, mais bon, ils n’avaient qu’à aller travailler pour un retailer. Ou pour RetailDetail, bien entendu. Never a dull moment! A la semaine prochaine !
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