Le retail alimentaire est un terrain de guerre, nos lecteurs le savent mieux que quiconque. Cette semaine les employés de supermarchés ont été humiliés par un chef d’État pourtant si charismatique et Saint Nicolas est considéré comme un élément perturbateur. Voici votre résumé hebdomadaire par RetailDetail Food.
Bras de fer
Ces derniers jours certains rayons de la chaîne de supermarchés britannique Tesco semblaient bien vides. Non pas en raison d’une logistique défaillante, mais suite à un conflit entre Unilever et Tesco, ce dernier refusant la hausse des prix d’achat prévue par la multinationale suite au Brexit et à la baisse de la livre britannique. S’en est suivi un véritable bras de fer. Eh oui, cela n’arrive pas que chez Ahold Delhaize. Mais comme chacun sait, Unilever a l’habitude de ce genre de brouilles et nous supposons donc qu’ils savent ce qu’ils font. Quoi qu’il en soit, d’après les chiffres trimestriels, les hausses de prix ont été le principal moteur de croissance d’Unilever. Finalement le conflit a très vite été solutionné, mais d’autres chaînes, dont l’irlandais SuperValu, menacent de boycotter le géant.
Une petite guéguerre fait rage également plus près de chez nous, à Schoten dans la province d’Anvers. Aldi et Lidl ont l’intention de s’installer près de chez Colruyt, dans la même rue, à peine 300 mètres plus loin. Bonne nouvelle pour les habitants de Schoten, qui dès lors seront certains de bénéficier des prix les plus bas dans la région, et qui par ailleurs n‘ont que l’embarras du choix puisque quelques rues plus loin ils ont également un Delhaize, un Carrefour Market et l’un des plus grands hypermarchés Carrefour. A la bonne heure !
Un métier respectable
Mais revenons à présent sur l’incroyable gifle qu’ont encaissée les employés de supermarchés cette semaine lorsque Barack Obama a affirmé que Donald Trump n’était même pas apte à travailler dans un supermarché. Une véritable humiliation pour tous ceux qui exercent quotidiennement ce métier. Pourtant le secteur s’est tu. Pas d’actions de protestations, pas de réactions de la part des syndicats, pas même un communiqué de presse de Comeos ou de buurtsuper.be. Donc, à RetailDetail de s’en charger. Monsieur Obama : veuillez noter qu’être employé de supermarché est un métier respectable et qu’il est inadmissible d’insulter cette profession alors que le monde entier vous écoute ? Merci !
Tout autre chose maintenant. Vous l’aurez sans doute remarqué, à peine le mois d’octobre entamé, les figurines en chocolat à l’effigie de Saint Nicolas et les spéculoos en forme de Père Fouettard ont déjà envahi nos supermarchés. Les shoppers sont témoins de scènes déchirantes d’enfants en larmes, parce qu’incapables d’attendre le 6 décembre devant tant de tentations. Nos supermarchés sont-ils à ce point insensibles qu’ils préfèrent générer un peu plus de chiffre d’affaires plutôt que d’éviter la souffrance d’un enfant ? ‘Les concurrents ont commencé’, rétorquent-ils pour se justifier.
Le plus grand
Depuis cette semaine AB InBev est officiellement le plus grand brasseur au monde, maintenant que la fusion avec SAB Miller a été finalisée. Une fusion qui a des répercussions même sur Coca-Cola, car SAB Miller avait des actions dans Coca-Cola Beverages Africa. Or à Atlanta ils souhaitent à présent récupérer cette participation. Mais la rupture de cette collaboration ne cache-t-elle pas autre chose ? Car si le très ambitieux Carlos Brito veut réaliser ses projets d’expansion avec AB InBev, il devra rechercher des opportunités hors du secteur brassicole. Selon des rumeurs persistantes, le brasseur aurait l’intention d’ici 2020 d’émettre une offre de rachat sur Coca-Cola, où il y a encore de quoi tailler dans les coûts, la spécialité de Brito. Le siège principal d’Anderlecht est donc prévenu…
Parlant de diversification, un exemple surprenant nous parvient de chez Aldi en Allemagne : le discounter se lance dans le vente d’e-books. A partir du 20 octobre la plateforme Aldi Life proposera un million de titres, dont 3.000 gratuitement. Même Amazon ne peut faire mieux. Mais avant que vous ne vous réjouissiez, précisons que les livres sont en allemand. Viel Spass damit !
Bénéfice ? Pas une priorité …
Il y a quelque temps nous écrivions que la livraison à domicile était l’une des conditions pour que l’e-commerce perce dans le secteur FMCG. Or cette semaine un consultant britannique nous a rappelé à l’ordre : selon ses calculs la livraison dans les circonstances actuelles génère d’énormes pertes pour les retailers alimentaires et cela ne devrait pas changer de sitôt. A moins que les supermarchés augmentent considérablement les tarifs de livraison.
Amazon pour sa part n’a nullement l’intention de suivre ce conseil. Comme on le sait, le géant du e-commerce estime que faire du bénéfice n’est pas une priorité. L’e-tailer prévoit même de réduire les tarifs de livraison avec son service Amazon Fresh et envisage par ailleurs l’ouverture de petits supermarchés, afin de casser le secteur de la distribution alimentaire comme il l’a fait avec le secteur du livre. Bonne chance, chers lecteurs !
Peut-être étaient-ils déjà au courant de ces chiffres chez Carrefour, car la ‘Simply You Box’, que vient de lancer le retailer, n’est pas livré à domicile, mais doit être retiré en magasin. Ce qui n’a pas empêché des centaines de consommateurs de passer commande.
Tempête sur Twitter
Alpro par contre a eu moins de succès : une communication malencontreuse concernant les produits laitiers a déclenché une véritable tempête sur twitter, attisée par des végétariens susceptibles. Bref, une tempête dans un verre de lait au soja. Pourtant les végétariens ont plutôt de quoi se réjouir : cette semaine IKEA annonçait le lancement d’une alternative végétarienne pour le hotdog, si tant est qu’un hotdog contienne de la viande. Mais ne soyons pas rabat-joie.
A en croire un professeur de Maastricht nous pourrions d’ici trois ans environ manger un petit pain garni de viande entièrement cultivée en laboratoire. Pour l’instant le hot-dog n’est pas encore au menu, mais le hamburger oui. Le prix d’un morceau de viande fabriqué en labo devrait d’ici quelques années passer de 250.000 euros à 11 euros pièce. Donc onze fois plus cher qu’un hamburger à la viande de bœuf chez Carrefour, si nos calculs sont bons. Au niveau prix, un accompagnement parfait pour les frites de Sergio Herman. A la semaine prochaine !