La rédaction de RetailDetail Food, toujours constructive, s’est mise en quête de quelques lueurs d’espoir durant ces sombres journées à la veille de Noël. En avons-nous trouvé? Découvrez-le dans ce dernier résumé de l’actualité FMCG de 2017.
Mauvaise stratégie
Vous voyez bien : il y a encore des certitudes. Seule une enseigne peut être la moins chère. C’est ce que prouve le fameux Baromètre des prix de Colruyt depuis des années et c’est ce qu’une partie neutre et indépendante, à savoir Test-Achats, a confirmé officiellement cette semaine, une fois de plus. Cela s’appelle mettre les points sur les i. On s’attendrait donc à voir un Jef Corluyt satisfait et des visages réjouis sur le site de Wilgenveld à Hal, mais rien n’est moins vrai. L’organisation de défense des consommateurs a eu l’audace de mettre sur pied d’égalité les MDD d’Aldi et Lidl et la noble marque maison Boni de Colruyt. Ça fait mal ! Du coup Colruyt s’est avéré 25% plus cher que les hard discounters, tout simplement parce que l’assortiment Everyday Selection ne peut soutenir la comparaison.
Nous n’allons pas nous prononcer sur cette question épineuse. Toutefois nous vous conseillons vivement la lecture d’un article publié par RetailDetail à l’automne 2016, dont le verdict était le suivant : les marques premiers prix sont généralement de qualité inférieure et sont donc une mauvaise stratégie en vue de lutter contre les hard discounters. Et ce n’était pas notre opinion à nous, mais la conclusion d’un expert de réputation mondiale. Nous n’en dirons pas plus. Ou comptiez-vous par hasard préparer votre dîner de Noël avec des produits Everyday ? Non, eh bien voilà.
Un choix cohérent
A noter que Test-Achats a publié sa comparaison de prix annuelle assez tard. Généralement l’organisation des consommateurs communique les résultats de son étude vers le mois de septembre ou octobre. L’enquête sur les prix a-t-elle été postposée pour empêcher les retailers de diminuer provisoirement leurs prix, afin de tromper les enquêteurs et manipuler les résultats ? Nous ne ferons aucun commentaire à ce sujet. Quoi qu’il en soit le classement a de quoi rassurer les fidèles clients de Match et Smatch, dont le choix cohérent du plus haut prix a été confirmé par l’enquête. Eh oui, il faut bien que quelqu’un contrecarre cette désastreuse course au prix le plus bas.
Dans la moyenne du classement figure Makro, qui avec son entreprise sœur Metro, s’associe à l’alliance d’achats horeca Top Food Group afin d’obtenir en cette période de Noël des prix encore plus bas de ses fournisseurs de croquettes surgelées et de serviettes en papier. Voilà donc une bonne adresse pour faire vos courses de fin d’années. Ils sont ouverts dimanche prochain, tout comme la plupart de leurs concurrents. Nous profitons de l’occasion pour témoigner notre sympathie aux nombreux employés de magasin qui le 24 décembre arriveront pâles et épuisés au repas de Noël, après une journée de travail éreintante. Pourtant le travail en magasin peut être très amusant, à condition d’avoir de chouettes collègues, comme en témoigne la vidéo diffusée online par les collaborateurs de l’Aldi de Saint-Denis-Westrem. Oui, il y a vraiment du changement dans l’air chez l’ancien hard discounter.
Fourrage concentré respectueux de l’animal
Parfois la copie vaut mieux que l’original. C’est que nous concluons en voyant les chiffres de ventes croissants de Faux Gras, une alternative végétarienne au foie gras, qui seuls chez Aldi et Albert Heijn n’est pas encore proposé en rayon cette année. Même les Français ont été conquis, paraît-il.
Car même en se tenant à un régime purement végétal il est possible de devenir championne olympique et mondiale, comme l’a prouvé la sympathique athlète Nafi Thiam, qui durant les trois années venir sera officiellement l’ambassadrice d’Alpro, fabricant de fourrage concentré respectueux du bien-être animal. Autre bonne nouvelle pour Alpro : suite au jugement d’un tribunal néerlandais, le spécialiste du soja pourra continuer de qualifier ses produits de variations de produits laitiers.
Victoire judiciaire également pour Aldi, qui depuis des années est en conflit avec les producteurs de champagne français concernant son sorbet au champagne qui ne contient que 12% de champagne. « Exploitation illicite de notre image de luxe ! », estiment-ils à Epernay, mais la Cour de justice de l’UE n’y voit aucun problème, à condition que le sorbet ait un goût de champagne. Une décision tout à fait logique, nous semble-t-il, car imaginez que l’on interdise aux supermarchés de vendre des yaourts aux fraises ne contenant pas de vraies fraises ou de la glace à la vanille sans bâton de vanille. Il y en aurait des rayons vides, non ?
Des investisseurs sans cœur
C’est chose faite : Unilever s’est débarrassé de sa division margarines, qui ne génère plus de croissance, bien que les marges et le cash-flow restent élevés. Reste donc au repreneur, le fonds de capital-investissement KKR, de presser l’entreprise comme un citron : l’assainir jusqu’à l’os et après quelques années revendre le tout avec un bénéfice excessif. « Des investisseurs sans cœur qui se fichent complètement du consommateur », écrivait le professeur en retail neérlandais Laurens Sloot sur les réseaux sociaux. Eh oui, apparemment c’est une prouesse dont certains managers tirent une grande satisfaction.
En revanche la cession de notre fierté nationale Devos Lemmens n’a pas abouti, faute d’une offre suffisante. Le propriétaire CVC Capital Partners a donc décidé de profiter encore un peu du bénéfice opérationnel en forte hausse de l’entreprise.
Comme chacun sait la jolie commune de Sint-Katelijne-Waver est le centre incontesté du secteur des fruits et légumes, mais à présent elle pourrait le devenir à l’échelle mondiale. La reprise de l’entreprise fruitière Dole Food par le belge Greenyard donnerait naissance à un groupe, leader du marché, pesant plus de 8 milliards d’euros. Les journalistes financiers parlent déjà de ‘l’AB InBev du frais’. Holà, est-ce à dire que le charmant cultivateur de champignons Hein Deprez serait le Carlos Brito du secteur fruitier ? Va-t-il lui aussi tailler sans pitié dans les coûts ? Et quelle en sera la conséquence sur le prix des ananas dans votre supermarché local ?
‘Tap and go’
Actuellement les shoppers sont bombardés de produits gratuits, mais finalement seuls les retailers en tirent profit , révèle une étude de HighCo. Les fabricants sont obligés de sacrifier leurs marges et souvent les consommateurs trouvent ces actions irritantes. Bien entendu HighCo préfère que les marques accordent des bons de réductions, histoire d’en tirer leur avantage. Néanmoins l’analyse donne matière à réflexion. Nous vous le disions déjà il y a quelques mois : la gratuité est synonyme de cherté.
Durant l’année écoulée Amazon s’est profilé comme la grande menace pour le retail alimentaire, mais en même temps le géant américain sert de source d’inspiration pour ses concullègues qui pensent pouvoir eux aussi développer un magasin sans caisses. Ainsi Albert Heijn teste le concept ‘Tap to go’ au siège principal de Zaandam : le client s’inscrit via une app, après quoi il reçoit une carte avec laquelle il doit toucher l’étiquette de prix électronique du produit qu’il souhaite acheter. Admettons le système est plus efficace que le système de cartes perforées révolutionnaire autrefois développé par Colruyt, mais on est encore loin du concept Amazon Go. D’autre part le système repose sur l’honnêteté des clients. Du reste la carte est une solution provisoire : à l’avenir les shoppers taperont le rayon avec leur smartphone. Heureusement que le verre auto-régénérant vient d’être inventé. Walmart aussi préparerait un magasin sans caisses.
Quoi qu’il en soit la crainte face à Amazon est excessive, estiment les experts financiers. L’impact sur le secteur food reste limité. Les investisseurs jugeant le bitcoin trop risqué, peuvent donc sans inquiétude acquérir des actions de Carrefour et Ahold Delhaize. Toutefois attendons de voir en quoi consistera exactement le plan de transformation de Carrefour.
Mauvais caractère
Parmi tous ceux qui n’ont rien à dire, ceux qui se taisent sont les plus intéressants, disait le comique français Coluche. Une déclaration judicieuse, qui s’applique admirablement aux CEO qui cette semaine ont publié une lettre ouverte sans avoir consulté un conseiller en communication diplômé, qui aurait pu les prévenir de l’effet boomerang auquel ils devaient s’attendre. « Achetez vos cadeaux chez nous, car nous avons malheureusement raté le train du e-commerce », tel était en gros leur message de Noël. Ils ont tenté de jouer sur les sentiments. Avez-vous été convaincus ? Pas nous, vu notre mauvais caractère.
Et pour terminer une communication de service. Filet Pur prend une petite pause d’une semaine, pour profiter pleinement du cava, de la dinde et des cadeaux. Vous arriverez bien à vous passer de nous durant les jours de fêtes, n’est-ce pas ? Meilleurs vœux et à l’année prochaine !
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