Il n’y a plus de combattants des prix, nouveaux patrons ne signifie pas forcément nouvelles règles et la solution à la pandémie se trouve dans une bouteille de bière. À lire dans Filet Pur, votre source de réconfort et de rapprochement lors des jours sombres.
Rupture de style
« Meet the new boss, same as the old boss », chantait The Wo dans l’excellente « Won’t get Fooled Again ». Mais cela ne concerne pas le communiqué qui est arrivé dans notre boîte mail mardi soir. En effet, le contraste ne peut être plus grand que celui qui existe entre Gianluigi Ferrari, flamboyant Robin des Bois auto-proclamé, et le sobre people manager Dirk Depoorter, qui quittera Colruyt Group le 1er mars pour prendre la tête de l’alliance européenne de distribution Agecore. Reste à voir si le règne du nouveau patron mettra un terme à la longue série de radiations et de boycotts à l’encontre des grandes multinationales en colère. La rupture de style est évidente, mais les fabricants de marques feraient peut-être mieux de ne pas compter sur un revirement stratégique.
Pas non plus de changements majeurs en vue chez Delhaize, où deux femmes de tête rejoindront bientôt le comité exécutif. « Je me réjouis de poursuivre la mise en œuvre de notre stratégie avec ce nouveau comité exécutif, en plaçant plus que jamais l’expérience de nos clients et de nos employés au cœur de notre vision », sonnait le commentaire sec du PDG, Xavier Piesvaux. Rien de plus. Après tout, ça se passe plutôt bien ces temps-ci.
Une expérience d’achat extraordinaire
« It’s harddiscount, Jim, but not as we know it. » Ceux qui se rendent dans la pas vraiment pittoresque ville de Lokeren ou ses environs peuvent désormais vivre une expérience d’achat incomparable en poussant les portes du Lidl local. Les acheteurs sont non seulement époustouflés par cet intérieur chaleureux, avec ses meubles en bois tendances et son chouette éclairage LED, mais en plus ils reçoivent des tonnes d’idées qu’ils peuvent appliquer dans leur cuisine pour préparer des plats irrésistiblement frais et sains. Pas étonnant donc de voir ressortir les clients arborant un regard vide et un sourire béat. Où sont passés les combattants des prix de jadis ? Messire, il n’y a plus de hard discounters.
Une expérience d’achat extraordinaire, c’est également ce que promet Albert Heijn dans son nouveau magasin à Gand : il est installé dans un bâtiment monumental, une ancienne banque. L’argent continue à couler, soyez-en sûrs. Le fait que le magasin se retrouve entre un Delhaize d’un côté et un marché de produits frais Cru de l’autre n’est certainement pas problématique. Ces enseignes sont parfaitement complémentaires. Pas besoin de se faire la guerre. Soit, nous reposerons la question à cette franchise Proxy dans un an.
Champion de la pollution
Les bonnes intentions se heurtent parfois à la réalité. Prenez Coca-Cola: à peine avait-on publié le communiqué de presse dans lequel le fabriquant de boissons partageait son ambition d’ d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2040, notamment grâce au recyclage et à l’énergie verte, qu’un commentaire critique atterrissait déjà dans la boîte mail de la rédaction : la multinationale reste le plus grand pollueur plastique au monde, bien que talonnée par PepsiCo et Nestlé. Le fondement scientifique de cette affirmation est discutable : les bénévoles se basent sur les déchets plastiques qu’ils ramassent dans les parcs et sur les plages, entre autres. Bref….
Les grands bienfaiteurs de Tony’s Chocolonely doivent aussi peser leurs mots, semble-t-il. « Nous sommes loin d’être parfaits mais, sur le marché, personne ne paie plus que nous pour un kilo de cacao », affirme l’entreprise en expliquant ses résultats annuels légèrement en baisse. Faux, nous dit Oxfam Fair Trade: « Nous payons beaucoup plus ! » Certes. Mais ils achètent aussi beaucoup moins.
Création de valeur et optimisation des coûts
À Halle, il y a eu de quoi faire sauter le bouchon d’une bouteille de Gran Baron : Colruyt a finalement obtenu l’autorisation d’exploiter sa ferme marine. L’élevage de moules, d’algues et d’huîtres peut donc commencer. Beau projet : durable et local, en effet. Un peu trop local, cependant, selon certains habitants du littoral et plaisanciers qui craignent désormais de devoir faire un grand détour. Nieuport réquisitionne le Conseil d’État. Une question de priorités.
Entre-temps, pas vraiment de quoi se réjouir de l’autre côté du pays. À Genk, la coopérative laitière FrieslandCampina a annoncé une mauvaise nouvelle : l’usine d’emballage de fromage fermera définitivement ses portes l’année prochaine. Au nom de « la création de valeur et l’optimisation des coûts », indiquait le communiqué de presse dans un langage très corporate. Voilà qui devrait consoler les 211 malheureux qui voient leur emploi s’envoler aux Pays-Bas.
Source de misère
« Chez canard-WC, nous recommandons canard-WC » : l’esprit de ces publicités hilarantes des années 80 est plus que jamais d’actualité. Aujourd’hui, la rédaction est submergée d’études et d’enquêtes sollicitées par les fabricants de marques pour comprendre le comportement des consommateurs post-Covid, dans le seul but de faire un peu de publicité gratuite. Ainsi, des études innovantes et approfondies ont montré que les gens ont tendance à grignoter davantage en période de confinement. Mesdames et messieurs de Mondelez International, nous n’avions vraiment pas besoin de votre étude pour le savoir. « Les snacks sont une source de réconfort et de rapprochement lors des journées de solitude », a ajouté le PDG, Dirk Van de Put. Une source de corona-kilos, voilà qui aurait été plus correct.
Misère de misère ! Oh, bientôt nous recevrons tous une petite piqûre, et cet enfer sera derrière nous, non ? Selon Colgate , nous n’avons même pas besoin de Pfizer : se brosser les dents et se rincer la bouche, voilà qui neutralise 99,9% de ce virus. C’était littéralement la promesse d’un communiqué de presse que nous n’avons pas publié. À Puurs, ils nous en sont très reconnaissants, et Duvel le tourne également à son avantage : l’importateur américain va jusqu’à annoncer que la bière est fabriquée avec la même eau que le vaccin. Bref, on sait ce qu’il nous reste à faire : je me dirige déjà vers le frigo. Pas vous ? À la semaine prochaine !
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