Avions-nous vraiment besoin d’un Albert Heijn de secours ? Filet Pur réduit le Poulidor de la distribution alimentaire hollandaise en pâté et se demande que peuvent bien chercher les Mousquetaires en Flandre. Sauf à Gand-Wevelgem, bien sûr.
Pure provocation
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement le vendredi 13, c’est aussi le jour des abandons : le jour où nous renonçons aux bonnes résolutions que nous avons prises il y a à peine deux semaines. Jumbo ne veut cependant encore rien entendre d’un abandon dans notre pays, malgré cet éditorial provocateur de notre Captain of Retail, qui s’est senti obligé de gâcher la fête juste avant de faire sauter le bouchon de champagne au Nouvel An. Besoin d’attention, on le comprend. Les réponses acerbes se sont multipliées, et c’était justement le but.
Mais n’était-ce pas fondé ? Car, le seuil des dix milliards ? La famille van Eerd espérait le franchir un an plus tôt. Et la question principale est de savoir s’il reste des bénéfices, avec une aventure belge qui coûte cher et qui ne rapporte rien pour l’instant. Le business plan élaboré en 2017-2018 est aujourd’hui à la poubelle : le monde a changé, et le paysage concurrentiel flamand aussi. Exit, donc ?
Carte postale jaune
Jumbo a gentiment démenti, mais le détaillant ajuste ses plans de conquête : il n’y a plus de date butoir pour ces cent magasins. Fait intéressant : alors que le leader du marché Albert Heijn, continue de creuser son avance sur son marché national grâce à des acquisitions astucieuses, le Poulidor de la distribution alimentaire hollandaise n’ouvre qu’un seul magasin aux Pays-Bas cette année. Un. Contre pas moins de dix magasins déficitaires en Belgique, où les marges fondent comme neige au soleil.
Et où les chiffres d’affaires sont encore insuffisants pour justifier les prix de location et d’acquisition beaucoup trop élevés (la direction elle-même l’a reconnu). On est en droit de se demander si les consommateurs locaux ont vraiment besoin d’un Albert Heijn de secours. Qu’est-ce qui distingue vraiment le Danger jaune ? Quelle valeur ajoutée apportent-il au marché ? Merci d’indiquer vos réponses sur une carte postale jaune. Nous ne comptons pas trop sur « Wout van Aert ».
Triangle marginal
S’ils veulent vraiment jeter l’éponge, ils pourraient peut-être vendre leur lot aux Mousquetaires. Ils se connaissent, grâce au cyclisme. Car oui, Intermarché a aussi des vus sur la Flandre, et pas seulement sur les classiques flandriennes : lors du rachat de Mestdagh, le groupe a reçu en cadeau les magasins d’Aarschot et de Tirlemont, et il prétend maintenant vouloir « se développer au-delà » de la frontière linguistique. Quoi que cela veuille dire. Du Triangle marginal au monde civilisé : bon plan !
Cela ne se fera pas demain la veille. D’abord, il faut convertir décemment ces 84 magasins francophones. Et trouver des acheteurs pour ces 51 magasins qui doivent encore passer progressivement au modèle indépendant, au grand dam des employés qui pourraient devoir dire adieu à leur vie tranquille. En effet, tout le monde sait que les propriétaires de franchises sont des exploiteurs sans scrupules qui ne versent que des salaires de misère et ne veulent pas entendre parler de pauses cigarettes ou pauses pipi. À moins que…
Période faste pour la signalétique
Un démarrage sur des chapeaux de roue ne suffit pas toujours. L’effet de ces 86 nouvelles enseignes d’Intermarché par Mestdagh reste pour l’instant limité : les taux de fréquentation des magasins restent stables. Elles perdent des clients qui ne peuvent se passer de leur cher Carrefour Market et gagnent des clients curieux. C’est comme ça. Le secteur de la signalétique a connu une période incroyablement faste ces dernières semaines. Car malgré de vives protestations de Horeca Totaal, les anciens magasins de gros pour la restauration Metro rouvrent également un à un, avec un nouveau logo : Sligro-M, en jaune et bleu. Histoire de ne pas trop brusquer les clients fidèles.
D’ailleurs, l’article le plus lu de la semaine dernière portait sur la déclaration officielle de faillite de Makro. Apparemment, les lecteurs aiment lire sur ce qu’ils savent déjà. Et donc, heureusement pour nous, le flot de rapports catastrophiques sur l’ancienne icône du commerce de détail n’est pas près de s’arrêter. L’avenir de ces locaux vacants fait désormais l’objet de toutes les spéculations.
Win for Life
Plusieurs gouvernements européens veulent limiter les grosses promotions sur les produits agricoles, mais les détaillants belges ne s’en préoccupent pas pour l’instant. Alors qu’Aldi et Delhaize proposent des choux-fleurs bon marché, Colruyt met les produits frais sous le feu des projecteurs : des promotions supplémentaires sur les produits frais chaque semaine. Sans compter la réduction supplémentaire promise par la sphère politique : -6 %, car la TVA doit disparaître. Voilà qui va plaire aux agriculteurs.
Ce sont des victimes faciles : après tout, ils n’ont pas de pouvoir de tarification, contrairement aux grandes méchantes marques multinationales. Le fondateur de Picnic, Michiel Muller (le frère de, oui), ne l’entend pas de cette oreille : il fait fi des restrictions territoriales de livraison, le ticket Win for Life des marques A internationales. Il va donc se lancer dans les importations parallèles depuis l’Allemagne et la France. Reste à savoir s’il y parviendra : en effet, cette idée est loin de faire l’unanimité. Mais Wouter Kolk d’Ahold Delhaize le soutient. Il sait pourquoi : l’origine de ces fameux prix hollandais n’est plus un secret, après tout.
Lumière liquide
Même si Jef le contredit catégoriquement, les magasins Colruyt Meilleurs prix n’ont jamais été réputés pour leur charme et leur convivialité… Mais cela va changer ! Le magasin de Halle, situé à côté du siège social, a officiellement été déclaré zone de test pour les concepts innovants d’activation des magasins. Premier projet : la projection d’images d’ambiance et de promotions sur le sol sombre du magasin. Lumière liquide 3.0, pour une expérience d’achat psychédélique ? Pas vraiment… Juste une solution bon marché et astucieuse pour mieux mettre en avant les promotions, même si cela va à l’encontre des principes de la maison (« Pas besoin de regarder les promotions, nous le faisons pour vous »). Mais maintenant qu’il y a moins de Prix rouges dans les rayons…
Delhaize, pour sa part, enverra dorénavant ses promotions de préférence dans la boîte aux lettres numérique de ses clients. Un pas de plus vers la neutralité climatique, mais surtout une économie nécessaire sur les coûts de papier et les taxes communales exorbitants. Mais les rappels papier envoyés aux clients qui n’ouvrent pas assez souvent leur folder numérique ne nous ont pas échappé. Peut-être que le groupe devrait également aider ses employés à surfer sur la vague numérique : le personnel de caisse est encore souvent étonnamment démuni lorsqu’aucun ticket de caisse ne sort de l’imprimante après le paiement. Ou sommes-nous vraiment les seuls à avoir coché cette option dans l’application ? Dans ce cas, il y a fort à craindre que peu d’arbres soient sauvés…
Et que vous teniez votre résolution d’arrêter de boire ou non, la gueule de bois frappera inexorablement lundi : préparez-vous au Blue Monday, le jour le plus déprimant de l’année. Vivement que ce soit aussi derrière nous. Courage et à la semaine prochaine !