Non, le Péril Jaune ne rentre pas chez lui. Oui, une audacieuse expérience de prix élevés s’achève brutalement. En attendant, la vague de franchisage balaie l’ensemble du foodretail, même si certains ne semblent toujours pas y croire. Ne lisent-ils pas Filet Pur ?
Et l’élastique claqua
Osez encore affirmer qu’il n’y a pas de vent nouveau qui souffle à Halle. Bam ! Joli coup. La nouvelle direction semble plus combative que jamais sur le site de Wilgenveld. Et ce n’est pas parce qu’on est déjà le plus grand qu’on ne peut pas devenir encore plus grand, n’est-ce pas ? Voilà : le rideau va finalement tomber sur Match et Smatch. L’enseigne aura bientôt disparu de la surface du globe. Cinquante-sept magasins seront transformés en Colruyt, Okay, Spar ou Bio-Planet. Les autres fermeront purement et simplement leurs portes si des acheteurs ne se présentent pas rapidement. Ce qui pourrait coûter 690 emplois : des personnes qui, si elles le voulaient, pourraient aller travailler directement chez des concurrents qui ont désespérément besoin de renforts.
Sic transit gloria mundi. Ne croyez pas pour autant que nous soyons tombés de nos chaises : c’était inscrit dans les astres. Match aura été un pionnier audacieux en matière d’élasticité-prix. Pendant de nombreuses années, la formule a testé le potentiel d’une chaîne de supermarchés qui garantissait les prix les plus élevés aux consommateurs belges. Un projet courageux et novateur, qui a malheureusement suscité beaucoup d’incompréhension dans le secteur. Et là, l’élastique a claqué : les prix les plus bas ont gagné, il n’y a rien à faire.
Marre de la grande distribution
Même s’il n’y a rien d’officiel, cela sent aussi la fin pour Cora. La famille Bouriez en a marre de la grande distribution. On peut les comprendre : ce n’est plus la folie dans le secteur. Et rien ne dit qu’E. Leclerc voudra se lancer dans une aventure belge avec sept puits sans fond. Mais les quelque 150 Louis Delhaize de proximité ne susciteraient-ils vraiment aucun intérêt ? Peu probable. Et une belle formule distinctive comme Delitraiteur possède aussi pas mal d’atouts, pas vrai ? Personnellement, je parie sur un buy-out par un investisseur en capital-risque. On verra.
Au fait : 40 millions d’euros, cela représente combien de pots de choco ? Et pourtant, les syndicats ont fait la sourde oreille. La proposition finale de Delhaize ne les a pas séduits. Il y a beaucoup à dire sur ces syndicalistes, mais pas qu’ils ne s’en tiennent pas à leurs principes. Soit : avec leur position inébranlable, ces syndicats défendent peut-être leurs propres intérêts – et ceux de quelques centaines d’exemptés –, mais pas nécessairement les portefeuilles de 9 200 employés qui, dans le pire des cas, se retrouveront chez un exploitant/exploiteur indépendant sans la moindre prime.
Grandeur
Car il est plus que jamais certain que ces magasins seront tous vendus. Que, surtout du côté des socialistes francophones, l’on s’en tient encore officiellement à un plan social dans le cadre de la loi Renault et continue à exiger l’abandon de tout le projet de franchisage, démontre soit un manque total de réalisme, soit un agenda caché, mais pas très bien. À moins que… Heureusement, il y a encore les cathos qui se livrent à des « d’une part, d’autre part » et souhaitent poursuivre les discussions, même s’ils ne sont pas d’accord non plus. La question est de savoir jusqu’à quel point Kobbegem veut jouer le jeu avec cette dernière offre. À prendre ou à laisser ?
Entre-temps, Delhaize est déjà à la recherche d’un 129e franchisé : une personne d’envergure qui souhaite travailler comme barman (m/f/x) à l’église Sainte-Anne de Gand, et pas pour servir du vin de messe. En effet, l’ancienne église ne sera pas un simple magasin, mais un lieu de rencontre empreint de grandeur et de majesté. La grandeur perdue d’une institution douteuse au passé particulièrement chargé, certes, mais tout de même. Les Lions ne disent pas non à une aide à la rénovation de trois millions d’euros. Mettez-vous à leur place…
Paratonnerre
Un calme étonnant règne depuis un certain temps chez Intermarché, qui franchise à nouveau une poignée de Mestdagh et semble s’en tirer sans problème – merci au grand paratonnerre qu’est pour eux Delhaize. Ils pourraient envoyer des fleurs à M. Piesvaux. Car ici, on n’entend guère les syndicats. Ben oui, les activistes professionnels ne peuvent pas être partout à la fois et ce « dossier symbole » occupe tout leur temps.
Cela signifie probablement que Jumbo ne rencontrera pas non plus la moindre opposition à l’autonomisation de deux magasins intégrés à Ranst et Rijkevorsel. Pas vraiment une surprise : si le Péril Jaune veut un jour gagner de l’argent ici, ils doivent réduire leurs charges salariales. J’ai écrit précédemment que la franchise devient la nouvelle norme dans le foodretail. Les syndicats aboient sur l’air d’une « mauvaise nouvelle pour l’avenir du secteur », mais vont-ils mordre ? Au moins, l’entreprise a un avenir.
Retraite
Du moins si l’on en croit Ton van Veen et Peter Isaac : il n’est pas question de sonner la retraite, tant s’en faut. Bien qu’ils revoient leurs ambitions : 50 magasins d’ici fin de 2025, ce qui semble un peu plus réaliste que les 100 magasins qu’ils auraient dû avoir ouvert en Belgique depuis longtemps si cela ne tenait qu’à Frits. En revanche, l’ouverture de dix magasins par an reste assez ambitieuse. Au fait, vous avez vu que des Match étaient à vendre, messieurs ?
Un autre qui n’a pas peur d’afficher un peu d’ambition : Lieven Vanlommel, le patron de Foodmaker, n’est pas seulement fournisseur de la cour de RetailDetail, il s’est également fixé pour objectif d’aider nos voisins de l’Est à se débarrasser de leur dépendance à la saucisse, à la sauce à la crème et aux pommes de terre frites. Ils vont manger des légumes, bon sang ! Comme en Belgique, il a opté pour un partenariat avec le numéro deux du marché. Rewe va vendre les salades saines de la société campinoise, en commençant par la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. L’Allemagne est un grand pays peuplé de gros mangeurs. Le potentiel est donc tout simplement gigantesque. Ils devront juste s’assurer qu’ils peuvent suivre, à Westerlo. À la semaine prochaine !