Le coût de la vie augmente, le beurre devient impayable et le lait de soja est interdit. Comme chaque semaine le retail alimentaire nous a donné matière à alimenter notre rubrique du vendredi. Never a dull moment, avec RetailDetail Food !
Un magasin à facilités
« Bonzjoer mesjeu, bjeinvenu sjee albeir’ein! » C’est ainsi que nous avions imaginé l’accueil de la clientèle francophone aisée de la périphérie bruxelloise dans le tout nouveau magasin d’Albert Heijn dans la commune à facilités de Wemmel. Mais non, bien au contraire. Le partenaire franchisé Peeters-Goovers s’est efforcé d’embaucher des employés locaux et bilingues, ce qui n’a pas été évident. Même l’affichage en magasin, ici et là, est en français. Pourvu qu’ils n’aient pas confié la traduction de la signalisation à Zaandam, sans quoi ils risqueraient des plaintes de Carrefour. Non, pas le retailer, mais une association d’habitants francophones du Brabant flamand, seule propriétaire légitime de l’URL carrefour.be. Sérieusement !
Mais des panneaux en français dans un magasin flamand, est-ce autorisé par la loi linguistique ? Quelqu’un aura sans nul doute expliqué aux Hollandais la réglementation complexe des communes à facilités. Quoi qu’il en soit ils sont parvenus à orthographier correctement ‘spécialités méditerranéennes’. Chapeau !
Toujours à propos d’Albert Heijn : cette semaine les succursales de Lokeren et Boortmeerbeek cédées par Ahold Delhaize, ont rouvert leurs portes sous l’étendard Carrefour Market. Denis Smets – le mystérieux repreneur de Boortmeerbeek, vous vous souvenez – ne s’est pas trop fatigué : il s’est contenté de remplacer le logo sur la façade, alors qu’à l’intérieur tout est resté tel quel. Officiellement pour que le client ne soit pas dérouté, mais à notre avis plutôt par paresse et avarice. Pour le Carrefour Market de Kampenhout situé à proximité, qui n’appréciait guère l’arrivée d’un nouveau collègue-concurrent, une solution élégante a été trouvée : le magasin a été transformé en Carrefour Easy. Enfin, là aussi , ils ont juste remplacé le logo sur la façade et pour le reste rien n’a changé.
Soupirs et jérémiades
Soupirs et jérémiades ont sans nul doute retenti dans les bureaux des retailers alimentaires et des fabricants de marques. De fait, nos médias ne ratent pas une occasion d’inciter les consommateurs à faire leurs courses au-delà de la frontière, où tout est meilleur marché, sauf les fruits et légumes.
Eh oui, nos fabricants de marques seraient des grippe-sous, nos supermarchés des balourds mal organisés, incapables de faire face à la concurrence d’acteurs étrangers. Ainsi nos journaux espèrent provoquer de nouvelles opérations d’austérité dans le secteur, pour pouvoir ensuite nous inonder de titres pessimistes. Une tactique qui semble fonctionner, puisque Coca-Cola va licencier 75 personnes.
Croissant au beurre impayable
Ne dites plus jamais ‘lait de soja’ ou ‘beurre de tofu’ pour désigner ces alternatives aux produits laitiers. Désormais c’est interdit. L’industrie laitière bénéficie d’une protection très stricte en la matière, qui toutefois n’est pas valable dans le secteur de la viande par exemple, où l’on peut donc continuer à utiliser des dénominations comme ‘poulet végétarien’ ou encore ‘hamburger végétal’. Pas de problèmes non plus pour le beurre de cacahuète et le beurre de cacao. Et est-il encore permis de qualifier de ‘bandes d’andouilles’ ceux qui ont imaginé ces absurdités ? Nous vérifierons.
Quant au vrai beurre, la demande en Europe a augmenté à tel point qu’il risque de devenir impayable. Un drame pour Jeroen Meus et tous les amateurs de croissants et viennoiseries. Mais attendez, le beurre n’était-il pas ultra nocif pour la santé ? Ne devions-nous pas éviter à tout prix toute molécule d’acide gras saturé ? C’est du moins ce qu’on nous a appris à l’école. Mais voici qu’à présent les experts sont de plus en plus nombreux à considérer le beurre comme un produit authentique et 100% naturel, qui en plus a un effet bénéfique sur notre flore intestinale. Pour vous persuader, voyez plutôt la liste interminable de termes chimiques incompréhensibles mentionnés sur votre barquette de margarine et tirez-en vos propres conclusions.
Jouer à la guéguerre
Pour les boulangers, qui déjà ont la vie dure, la hausse de prix des croissants est une mauvaise nouvelle de plus. Mais la mort des uns, signifie le ‘gagne-pain’ des autres : les supermarchés de proximité reprennent le rôle des boulangers et bouchers en voie d’extinction. Les chiffres de Buurtsuper.be révèlent d’ailleurs que les supérettes de quartier ont à nouveau le vent en poupe, car très appréciées pour leur proximité et leurs ouvertures dominicales. Ils ont omis de mentionner que cette croissance est aussi attribuable aux énormes efforts fournis par les trois grands distributeurs alimentaires en vue d’augmenter leur empreinte dans le segment des magasins de proximité. Selon nos sources, la concurrence y est féroce, à tel point que l’on pourrait parler d’une guéguerre des supérettes. Nous y reviendrons.
Aux Etats-Unis par contre pas de plaintes concernant des prix trop élevés, depuis que le Lidl y a ouvert ses dix premiers magasins. L’arrivée du discounter y a provoqué de vives réactions auprès de la concurrence, notamment chez Aldi, qui a dévoilé un vaste plan d’investissement. Résultat ? Une guerre des prix impitoyable a éclaté outre-Atlantique. Kroger s’est déjà vu contraint de tempérer ses prévisions, ce qui du coup a pesé sur l’action d’Ahold Delhaize. Un combat passionnant en perspective !
Sauveteurs de la planète
Quant à Delhaize, nous apprenions cette semaine que l’enseigne au lion lançait un train à bière. Au premier abord des images gênantes de voyageurs ivres nous sont venues à l’esprit. Un peu comme un vélo à bière, cette lamentable invention hollandaise que l’on voit de plus en plus circuler dans nos villes. Mais non pas du tout : il s’agit bel et bien d’une initiative écologique en collaboration avec AB InBev. Désormais la Jupiler voyagera en train de Jupille à Ninove où se trouve le centre de distribution de Delhaize. Grâce au train à bière, il y aura 5.000 camions de moins par an sur les routes. Malheureusement nous n’en ressentirons pas les effets sur le ring d’Anvers.
Autre initiative verte de Delhaize, moins fructueuse toutefois. Afin de rendre la livraison de courses à domicile plus respectueuse de l’environnement, le retailer a effectué des tests avec une montgolfière. Les drones c’est dépassé. Mais hélas le colis n’est jamais arrivé à destination, car l’aéronaute a dû faire un atterrissage forcé. Pas de chance.
Colruyt aussi pense à la planète. Le retailer va transformer tous ses magasins de l’ancienne génération en magasins basse énergie. Isolation, récupération de chaleur et électricité verte y seront la norme. D’autre part le retailer a conçu un triporteur électrique permettant de trier les déchets lors d’événements. A louer gratuitement pour les organisateurs de festivals qui veulent éviter les déchets sauvages sur leur terrain. Certes, un vélo c’est plus modeste qu’un train, mais néanmoins une jolie idée marketing.
En tout cas une idée mieux conçue que ce coup promotionnel de Dash liquide sur le site web de Collect & Go. Un bidon pour 1,10 euro ? ‘Une affaire en or’, ont pensé des milliers de clients. Mais hélas … ‘Oups, petite erreur’ ont-ils constaté à Hal, après quoi les commandes ont été annulées et le prix dardar augmenté au prix normal de 7,99 euros. Mais une telle marche arrière est-elle autorisée ? Oui, selon le SPF économie, car après tout l’erreur est humaine.
Transfert de rêve
C’est officiel : le meneur de jeu Alexandre Bompard a obtenu son transfert de rêve et passe de FC Fnac au Sporting Carrefour. Le montant du transfert n’a pas été divulgué. En tout cas, les actionnaires espèrent de nombreux buts. Après ses prouesses à la Fnac, Bompard devrait faire de même chez Carrefour, dont les hypermarchés restent à la peine. L’annonce de cette nouvelle a déjà donné lieu à des spéculations concernant une éventuelle collaboration entre son ancien et son nouvel employeur. La Fnac pourrait s’installer dans les espaces superflus des hypermarchés Carrefour, tout comme Media Markt chez Makro. Wait and see.
Quoi qu’il en soit Carrefour n’a pas attendu l’arrivée de Bompard pour prendre une mesure pour le moins radicale : désormais ils ne vendront plus de viande de chien en Chine. Oui, vous avez bien lu. Donc jusqu’il y a peu ils en vendaient. Mais les mœurs changent, en Extrême-Orient aussi. Par contre la viande de serpent reste disponible. Quel soulagement, avec ce weekend de BBQ en perspective. A la semaine prochaine !
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