Qui frappe à la porte, les enfants ? C’est votre rendez-vous du vendredi, Filet Pur. Quels ont été les détaillants les plus adorables de la semaine, qui aura droit à la visite du Père Fouettard ? Votre rubrique préférée vous le révèle en exclusivité.
Vibrant plaidoyer
Ceci n’est pas une pipe : Frans Muller, grand amateur d’art et accessoirement directeur d’Ahold Delhaize, s’est inspiré de René Magritte la semaine dernière en affirmant innocemment que Coopernic n’était pas une centrale d’achat. Pourtant, ce n’était ni une plaisanterie, ni une proposition surréaliste dans son esprit. L’alliance entre Ahold Delhaize, E.Leclerc, Rewe et Coop Italia est décrite presque partout comme une “alliance d’achat » ? Sur LinkedIn, plusieurs employés de l’entreprise s’attribuent des fonctions du genre « buyer« , « procurement negotiator » ou “coordinateur achats » ?
Un malentendu, à en croire Muller : Coopernic ne négocie pas de conditions d’achat et se contente de demander une obole à ses fournisseurs, un petit « cadeau de Saint-Nicolas » en quelque sorte. Et la méthode semble efficace puisque les négociations sont presque terminées et n’ont pas provoqué de conflits significatifs (lisez : ils n’ont pas encore eu à éjecter des produits de certains rayons). Dans la même interview, le CEO a tenu un vibrant plaidoyer en faveur de la transparence des prix en Europe : pourquoi avons-nous 27 tarifs nationaux alors que tout le monde sait que ces produits proviennent des trois mêmes usines ? Ben oui, et au fait : pourquoi Delhaize est-il 17 % plus cher que Colruyt? Moi non plus, je n’en sais rien. Jumbo, pour prendre un exemple, n’a besoin d’aucune alliance d’achat internationale pour lutter contre la vie chère.
Affolement
Les mêmes prix partout : imaginez-vous des food-retailers obligés de développer des concepts de magasin distinctifs, des services innovants ou des assortiments surprenants. C’est peut-être trop leur demander, après tout. En tout état de cause, l’arrivée de Jumbo en Belgique n’a donné qu’à quelques escarmouches jusqu’à présent: la guerre des prix annoncée n’a pas eu lieu. Les dommages collatéraux se limitent aux troupes du Péril Jaune même: nous parviennent en effet des rumeurs persistantes selon lesquelles des directeurs de magasins affolés jettent l’éponge parce que les systèmes d’approvisionnement (plutôt mal) automatisés du détaillant sont incapables de faire face à l’affluence. Des problèmes de mise en place, sans doute. Mais si le système ne supporte pas trois magasins, qu’en sera-t-il avec une centaine ?
Jusqu’à nouvelle ordre, le retailer n’étendra pas son nouveau programme de fidélité à la Belgique. Mais depuis cette semaine, Jumbo rend la vie encore plus belle dans le magnifique pays mosan, où Albert Heijn s’établira bientôt lui aussi. De l’autre côté de la frontière, les collègues néerlandais se rongent les ongles. Ils en appellent au cessez-le-feu : combien de chiffre d’affaires vont-ils perdre si les clients belges ne traversent plus le fleuve ? À Baarle-Nassau, à une vingtaine de kilomètres au nord de Rijkevorsel, on est également inquiet : les gérants du Jumbo local ont entièrement rénové leur magasin, qu’ils ont rempli à ras bord de produits belges. Mais leur publicité dans Gazet Van Antwerpen convaincra-t-elle vraiment le Campinois moyen de faire le détour, à présent qu’il peut trouver la même chose en bas de la rue ?
Arme secrète
Encore un étranger qui s’est perdu ? Non, c’est Cru, la formule super-de-luxe du groupe Colruyt. Il était une fois des entrepreneurs à succès qui rêvaient d’ouvrir une vingtaine de palais du frais dans notre pays. C’était un peu présomptueux : après cinq ans, le compteur affiche trente millions d’euros de pertes. Mais ceux qui gagnent n’abandonnent pas, et ceux qui abandonnent ne gagnent jamais. Le détaillant va donc engloutir quelques dizaines de milliers d’euros supplémentaires dans la rénovation complète Eylenbosch, une brasserie de gueuze et de lambic du XIXe siècle située à Dilbeek – mais aussi une ruine ouverte aux quatre vents, avec un toit sur lequel le Saint-Nicolas ne devrait pas s’aventurer. Le plus beau Cru du pays devrait y ouvrir ses portes à l’été 2021. Remplis d’espoir, nos cœurs battent la chamade. Mais en termes d’investissement, le rachat de Fiets ! est sans doute une décision plus judicieuse. Car c’est au moins un marché de croissance : ce n’est encore qu’une rumeur, mais il semble que le spécialiste du vélo électrique s’attende à une belle commande de quelque 29 388 vélos de société. C’est ce qu’on appelle l’économie circulaire.
Dernière chose : si vous n’avez rien trouvé dans vos petits souliers ce matin et vous voulez reconstituer votre stock de Pères Fouettards en chocolat et en spéculoos, vous ne pourrez malheureusement pas vous les faire livrer par des livreurs sous-payés de Deliveroo ou Takeway à partir d’un Fresh Atelier de Delhaize : ce service est uniquement disponible pour les produits 100% sains, comme les salades et soupes. Les carottes en massepain ne comptent pas. Il faut le dire : ce nutri-score et Delhaize, c’est clairement un mariage parfait. Comme s’ils avaient fait développer sur commande une arme secrète destinée à en finir une fois pour toutes avec ces casseurs de prix. Ça va marcher, c’est sûr ! À la semaine prochaine !
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