En cette période de Noël, en tout point chaleureuse, nos détaillants nous montrent le bon exemple : les concepts alimentaires révolutionnaires surgissent les uns après les autres dans les rues commerçantes, la collaboration semble devenir la nouvelle forme de concurrence et faire bonne chère est la nouvelle façon de faire du shopping. Vous suivez toujours ?
Marginal
11 milliards, c’est le chiffre d’affaires que le commerce électronique atteindre bientôt dans notre pays, exactement le même montant que le déficit budgétaire. Formidable ! Les efforts déployés par l’Unizo pour faire du piètre néologisme « winkelhieren » (« acheter ici ») le mot de l’année (qui arrive même devant « klimaatspijbelaars », « celui qui sèche les cours pour le climat », c’est pour dire) sont restés vains. En effet, le consommateur belge continue de faire ses courses à son aise, là où cela lui convient le mieux : depuis son fauteuil, chez ces vautours de bol.com, Amazon, Zalando & co. Et cela ne changera pas à Noël.
Cette croissance du commerce électronique n’est cependant pas due à la vente d’aliments en ligne. C’est-à-dire que ce type de vente est en hausse, mais reste encore assez marginale. Chez nous en tout cas. Aux Pays-Bas (et dans une partie de l’Allemagne), le chiffre d’affaires du Pure Player Picnic a plus que doublé. Ils ne sont pas intéressés par le marché belge pour l’instant. Et vous, vous le seriez ? Cela laisse actuellement le champ libre à d’autres candidats. Mais qu’est-ce qu’attend Ahold Delhaize ? Aux États-Unis, ils ont déjà été nommés « acteur e-commerce de l’année ». Il ne manque plus que chez nous.
Guéguerre
Alors que nos politiciens continuent à se mettre joyeusement des bâtons dans les roues, les détaillants montrent qu’il est possible de faire autrement : travailler ensemble est la nouvelle forme de concurrence. Du moins pour les entreprises qui ont le couteau sous la gorge (Hema) ou qui ont du mal à combiner beaucoup d’argent et manque de patience (Jumbo). Ils le font d’abord pour contrecarrer d’autres retailers (lisez : Albert Heijn), encore une fois.
Ici et là, les observateurs ont commencé à spéculer sur une nouvelle guerre des supermarchés. Nouvelle ? Elle fait pourtant rage depuis longtemps non ? Aux Pays-Bas, le Danger Jaune est sur les talons du leader du marché, et ses rivaux exportent également cette bataille en Belgique. Mais dans notre pays, Jumbo ne reprend que deux sites Hema pour le moment, cela reste donc à voir. Et le fait que ces supermarchés vont maintenant aussi vendre des saucisses fumées et des boîtes à tartines à l’effigie de Jip et Janneke, héros de livres néerlandais pour enfants, ne va quand même pas faire couler Colruyt, si ? Mais il faut quand même les garder à l’œil : leur plan d’expansion est en cours et RetailDetail vient d’annoncer en exclusivité de nouveaux sites pour leurs magasins en Belgique. Et oui, nous devons bien le faire puisqu’ils ne le font pas eux-mêmes.
Bon travail
Depuis qu’un nouveau directeur de la communication a été nommé chez Carrefour, le distributeur ne cesse de faire l’actualité : des actions contre le plastique et contre le gaspillage alimentaire, de jolis sacs de courses fabriqués à partir de déchets marins, un véritable « wine bot » et, bien sûr, des ouvertures de magasins qui se succèdent. C’était à nouveau le cas cette semaine avec l’ouverture d’un magasin sur le Boulevard Anspach, dans la zone piétonne de Bruxelles, où la gentrification atteint des proportions sans précédent. Il s’agit d’une boutique confortable, branchée et écologique, avec pour mobilier un vieux stock de palettes en bois, des paniers en osier et de meubles vintages du magasin de seconde main Kringwinkel. Quelques succulentes y apportent aussi une touche de vert. Il est donc tout à fait en accord avec la stratégie « Act for Convivialité » que la chaîne avait déjà présentée une semaine plus tôt dans le nouvel Express 3.0. Bon travail ! Ils inspirent même leurs collègues polonais, qui ont apparemment réussi à lancer un magasin automatisé ouvert 24/7. Mais nous devons l’admettre : nous n’avons pas été le tester sur place.
D’ailleurs, notre capitale peut se réjouir de l’apparition d’un nouveau haut lieu de la gourmandise, un peu plus loin, près de la Grand-Place : un tout nouveau magasin phare de Côte d’Or vient d’ouvrir ses portes. Aucune concurrence pour le supermarché, mais bien un piège à touristes rempli d’emballages cadeaux, de pièces de collection, d’articles de saison et de produits vintages. En outre, dans la boutique à l’ambiance africaine, ornée de plantes exotiques, trône une fontaine de chocolat géante en forme d’éléphant. Allons-y !
Régalez-vous
Les deux marques confirment ainsi une tendance singulière du commerce de détail : l’alimentation supplante la mode dans la rue commerçante. Alors que les boutiques consacrées aux livres ferment les unes à la suite des autres, le nombre de nouveaux concepts alimentaires est tout simplement inimaginable : des magasins de quartier et de proximité aux cafés, de petits restaurants streetfood et des restaurants « fast casual » : faire bonne chère, c’est la nouvelle manière de faire du shopping. Le nombre d’ouvertures de supermarchés a même doublé. Sommes-nous surpris ?
Bien sûr que non : dans le marché d’éviction actuel, toutes les chaînes s’efforcent d’occuper le plus de terrain possible le plus rapidement possible, avant de se voir obligées de fermer tous les points de vente non rentables. Après tout, la vente au détail devient une course éliminatoire où le dernier homme debout (c’est-à-dire le détaillant ayant les poches les plus profondes) s’en sortira. Faites vos jeux !
Cette semaine, Albert Heijn a jugé nécessaire de répéter ce qu’ils avaient promis plus tôt cette année : ouvrir encore au moins trente points de vente. D’après les journaux, c’était une nouvelle. Mais ils l’avaient déjà annoncé en janvier et ils n’atteignent pour l’instant (tout juste) pas les dix ouvertures de magasins par an. Oh, cela nous rappelle : Delhaize n’avait-il pas fait aussi allusion à l’ouverture de pas moins de trois cents nouveaux magasins, dont deux cents nouveaux Fresh Ateliers ? Et bien si. Noir sur blanc. Se pourrait-il qu’ils soient légèrement en retard ? Maintenant, à proprement parler, ils ont encore un peu de temps : mathématiquement parlant, tout est encore possible. C’est vraiment une pensée porteuse d’espoir.
Et maintenant je vais passer, d’un point de vue mathématique, les exactement 6 jours de congés, qu’il me restait encore à prendre, dans l’oisiveté la plus totale. Bonne fête et à l’année prochaine !
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