Même si les pourparlers entre les deux détaillants ont été interrompus l’année dernière, selon les analystes de Barclays, un rapprochement entre Carrefour et son concurrent français Casino ne serait pas impensable, notamment en raison des difficultés persistantes chez Casino.
Obstacle
Ce n’est pas pour rien que le dirigeant de Carrefour, Alexandre Bompard, a déclaré qu’il s’attendait à une consolidation dans la grande distribution, selon les analystes d’un récent rapport. La combinaison des deux sociétés deviendrait le leader du marché en France et au Brésil, ce qui créerait d’importantes synergies. Le rapport vise des économies comprises entre 0,7 et 1,1 % du chiffre d’affaires potentiel du groupe fusionné, soit environ 1 milliard d’euros, ce qui permettrait d’augmenter le bénéfice d’exploitation de 30 %. Il s’agit d’une estimation inférieure à celle d’Ahold Delhaize, où la synergie a généré 750 millions d’euros, soit 1,2 % des ventes.
Toutefois, le principal obstacle à une acquisition réside dans le droit de la concurrence, compte tenu de la tentative de fusion récemment avortée entre Sainsbury et ASDA. Un groupe Carrefour-Casino fusionné détiendrait plus de 30 % de parts de marché en France et même plus de 50 % au Brésil. L’observatoire français de la concurrence exigerait sans doute la vente d’un nombre important de magasins, mais n’est pas nécessairement opposé aux grandes concentrations, comme en témoigne la fusion de Fnac et Darty en 2016. Le fait qu’une telle fusion pourrait empêcher Casino de se désintégrer, entraînant d’importantes pertes d’emplois, est un argument. Au Brésil, Carrefour a déjà tenté d’acquérir Casino en 2011, ce qui pourrait indiquer que les questions antitrust ne sont pas insurmontables.
Caractéristiques
La question est de savoir si une telle fusion peut réussir. Les grandes fusions du passé n’ont connu qu’un succès limité – il suffit de penser au rapprochement Carrefour-Promodes en France, qui n’a jamais tenu ses promesses. Mais selon Barclays, la direction actuelle de Carrefour a des atouts : après tout, c’est Alexandre Bompard qui a géré la fusion entre Fnac et Darty. Et le même cadre supérieur semble maintenant remettre Carrefour sur les rails.
Il n’est cependant pas certain que les actionnaires de Casino puissent compter sur une prime intéressante. L’actionnaire majoritaire de Casino se trouve dans une position de négociation faible en raison des problèmes financiers et du niveau d’endettement élevé du groupe. De toute façon, il y a peu de candidats potentiels pour une prise de contrôle de Casino dans son ensemble.