Si 2021 a été un bon cru pour Ahold Delhaize en termes économiques, ce n’a pas nécessairement été le cas pour le moral des troupes. Le géant des supermarchés veut donc se concentrer encore plus sur le personnel, la croissance durable et l’innovation technologique, peut-on lire dans le rapport annuel.
La deuxième année de pandémie pèse lourd
« À bien des égards, la deuxième année de la pandémie a été plus difficile sur le plan humain », note le CEO Frans Muller dans le nouveau rapport annuel du groupe. Bien que l’année ait été bonne d’un point de vue économique, les gens se sont fatigués et l’entreprise a constaté une augmentation de la charge mentale.
Selon le groupe, les défis rencontrés l’an dernier n’ont fait que le conforter dans ses ambitions stratégiques. Frans Muller a par exemple constaté une évolution vers l’omnicanal, avec un rôle de plus en plus important pour l’e-commerce, mais aussi « un lien étroit entre la crise sanitaire, les catastrophes naturelles sur un grand nombre de nos marchés et la crise climatique urgente à laquelle notre monde est confronté ».
À la fin de l’année dernière, le groupe fusionné annonçait un nouveau plan quinquennal baptisé « Leading Together » dont les piliers sont la croissance omnicanale, la santé et la durabilité, le développement des talents et l’excellence opérationnelle. Chacun de ces piliers correspond à des tendances qu’Ahold Delhaize observe.
Technologie
De manière générale, Ahold Delhaize s’attend à ce que l’on continue à travailler et à manger plus souvent à la maison après la pandémie. Une enquête montre que c’est l’intention d’un peu plus de la moitié des clients, tant aux États-Unis qu’en Europe. En outre, les consommateurs veulent continuer à économiser, ce qui, selon le groupe de supermarchés, offre des opportunités pour les marques de distributeur et une définition plus large du rapport qualité-prix que le simple « moins cher ». La santé, la durabilité et la perception peuvent également y jouer un rôle, espère le détaillant.
En matière de numérisation, le groupe constate que la concurrence met la barre de plus en plus haut. L’émergence d’entreprises de livraison express comme Gorillas et Getir ou l’incursion de Deliveroo dans la livraison de courses, notamment, implique que les clients attendent plus de disponibilité, d’assortiment et de rapidité. Ahold Delhaize a donc « intensifié ses investissements dans la technologie par rapport aux années précédentes ».
Comme beaucoup de ses pairs, Ahold Delhaize veut s’imposer davantage comme une entreprise de données et de publicité. Il est en effet possible d’utiliser les données des clients pour offrir des services en magasin, mais aussi pour générer des revenus publicitaires. Le groupe espère ainsi générer un milliard d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires en 2025. En tout cas, Ahold Delhaize attend beaucoup de l’introduction en bourse de Bol.com cette année, qui doit surtout constituer une étape importante vers la rentabilisation de l’e-commerce. Dans le Benelux, le distributeur veut également relier davantage le food (Albert Heijn et Delhaize) et le non-food (Bol.com).
Le défi du plastique
En matière de durabilité, Ahold Delhaize est pressée de toute part. Depuis 2016, l’entreprise a réduit le gaspillage alimentaire de 18 % à 9 900 tonnes, mais l’objectif est d’arriver à 50 % en 2030. Par rapport à 2018, les émissions de CO2 ont baissé 31 %, avec un objectif de zéro émission en 2040.
En revanche, la suppression des emballages en plastique s’avère plus difficile que prévu. « Bien que nous nous soyons engagés dans une amélioration continue dans ce domaine, nous devons envisager des ambitions plus réalistes pour l’avenir », a déclaré Frans Muller en réponse aux récentes critiques. Le recyclage constitue déjà un problème pour les matériaux eux-mêmes, mais il note également que les infrastructures de recyclage font également défaut dans certains pays.
Personnel
Les salariés (potentiels) attendent également des efforts, et le groupe des supermarchés veut les gâter. Il constate en effet une pénurie persistante de main-d’œuvre, aux États-Unis surtout, mais aussi ailleurs. Pour attirer et conserver ses talents, Ahold Delhaize veut se concentrer davantage sur les valeurs et sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le Groupe vise un équilibre à 100 % entre les genres, une main-d’œuvre qui reflète à 100 % le marché et est 100 % inclusive.
La flexibilité revêt une grande importance pour les millennials et les membres de la « génération Z ». Avec 41 % des salariés d’Ahold Delhaize qui appartiennent à la génération Z, cette tendance est une priorité. Mais la numérisation et l’automatisation joueront également un rôle dans la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre.
Pour réduire davantage les coûts de production, Ahold Delhaize a décidé d’internaliser l’ensemble de ses opérations logistiques aux États-Unis. En Europe, le groupe veut faire des économies en procédant à des achats groupés entre les formules pour les produits de marques de distributeur. Delhaize et Albert Heijn, notamment, pourraient également proposer de nouveaux produits sous marque de distributeur à terme.