À la suite du blocage de plusieurs centres de distribution par des agriculteurs protestataires, les chaînes de supermarchés entament une opération de rattrapage pour remplir à nouveau les rayons. Cette opération pourrait prendre encore plusieurs jours.
L’arriéré est important
Lundi matin, trois centres de distribution étaient encore bloqués par des agriculteurs protestataires : celui d’Intermarché à Villers-le-Bouillet, de Lidl à Marche-en-Famenne et d’Aldi à Gembloux. Ce n’est que vers midi que les derniers blocages ont été levés. Les dépôts de Colruyt à Ghislenghien et Ollignies avaient déjà été libérés vendredi, ceux de Delhaize à Zellik et Ninove samedi, celui d’Aldi à Turnhout dimanche.
Ces actions ont provoqué des pénuries dans de nombreux magasins le week-end dernier. Les détaillants tentent à présent de réapprovisionner les rayons vides à un rythme accéléré, mais ce n’est pas une mince affaire : le retard est important et les clients continuent également d’acheter des produits dans les rayons qui sont en train d’être réapprovisionnés. Selon la plupart des chaînes de supermarchés, il faudra plusieurs jours avant que la situation ne revienne à la normale.
Une opération logistique d’envergure
« Nous avons tout mis en œuvre ces derniers jours et avons travaillé tout le week-end pour réapprovisionner les magasins », a déclaré Hanne Poppe, porte-parole de Colruyt, à Het Nieuwsblad. « Nous pensons avoir récupéré dans quelques jours ». Les supermarchés de proximité Spar et Okay, qui appartiennent également au groupe Colruyt, ont été moins touchés car ils sont approvisionnés par un autre dépôt.
Delhaize fait également tout son possible pour réapprovisionner ses magasins : « Cela signifie que nous devons combiner les expéditions normales avec celles qui ont été annulées ces derniers jours, ce qui représente une opération logistique considérable. Néanmoins, nous espérons que nos magasins seront de nouveau approvisionnés d’ici mardi soir ou mercredi après-midi », a déclaré Roel Dekelver, porte-parole de la société. Aldi prévoit également qu’il faudra quelques jours de plus pour tout réapprovisionner.
Chez Carrefour, l’impact a été limité : le distributeur externalise sa logistique et ne dispose donc plus de ses propres centres de distribution en Belgique. Chez Albert Heijn, il n’y a pas eu non plus beaucoup de problèmes : les magasins sont approvisionnés depuis les Pays-Bas.
Changement de mentalité ?
L’ampleur du préjudice économique causé par les actions est difficile à évaluer avec précision. Delhaize n’a pas pu vendre quelque 30 000 caisses, soit environ 100 000 kilos de produits frais, parce que la date de péremption approchait. Le détaillant a fait don de ces denrées à des banques alimentaires. Aldi et Colruyt n’ont pas donné d’informations sur le préjudice économique subi.
Par ailleurs, les blocages ont fait des gagnants : la VRT rapporte que le week-end dernier, les marchés et les magasins agricoles ont enregistré une hausse de la fréquentation. Les personnes confrontées aux rayons vides des supermarchés se sont rendues ailleurs à la recherche d’aliments frais. « J’ai l’impression que les manifestations des agriculteurs ont rendu les gens plus conscients de l’origine de leurs fruits et légumes », déclare Bart Fontaine, du magasin de pommes de terre Limburgse Aardappelshop à Stevoort. « J’espère que c’est le début d’un changement de mentalité. »