L’avenir de l’alliance européenne AgeCore ne tiendrait plus qu’à un fil à présent que la chaîne de supermarchés allemande Edeka menace de la quitter. La conséquence d’une action en justice pour pratiques commerciales abusive en France ?
Pratiques abusives
Un coup de tonnerre dans un ciel sans nuages : Edeka, le leader du marché allemand et de loin le plus grand partenaire d’AgeCore, aurait décidé de quitter l’alliance qu’elle a créée il y a cinq ans avec Colruyt (Belgique), Coop (Suisse), Intermarché (France), Conad (Italie) et Eroski (Espagne). C’est ce que rapporte la revue professionnelle allemande Lebensmittel Zeitung. En quittant l’alliance, Edeka anticiperait les problèmes qui pourraient découler d’un procès en France : Intermarché y risque une amende de 150 millions d’euros pour abus de pouvoir présumé via ses centrales d’achat Agecore et ITM Belgium.
La DGCCRF, l’autorité française de la concurrence, y voit des « pratiques commerciales abusives ». Les services offerts par AgeCore ne seraient pas en rapport avec les coûts qu’elle facture. Les fournisseurs devraient ainsi payer un « droit d’entrée en négociation sans contrepartie économique réelle : leurs coûts dépassent très largement l’augmentation du chiffre d’affaires qu’ils sont supposés apporter », estime la DGCCRF. L’affaire plane comme une épée de Damoclès au-dessus de l’alliance, qui a régulièrement fait l’actualité entre 2018 et 2020 par ses actions de boycott de grandes multinationales comme Nestlé, Mars, PepsiCo et Coca-Cola.
Pas encore définitif ?
Edeka préférerait en fait Everest, la nouvelle centrale d’achat que le retailer a récemment créée avec le supermarché en ligne néerlandais Picnic. Cette nouvelle organisation a recruté nul autre que Gianluigi Ferrari, ancien directeur d’AgeCore, pour ouvrir un siège à Amsterdam. Dirk Depoorter, l’ancien directeur des achats de Colruyt et directeur général de Spar, s’était sans doute imaginé autrement son entrée en fonction comme CEO d’AgeCore. Sans son membre le plus important – qui pèse quelque 40% du chiffre d’affaires –, l’alliance perd énormément en force de frappe.
Le départ d’Edeka n’est pas encore acté, selon LZ. Des discussions sont toujours en cours sur la vente des actions – qui requiert l’aval de tous les membres – et le CEO Markus Mosa pourrait juste chercher à faire monter la pression afin de renégocier les contrats et obtenir une plus grande part du gâteau. Affaire à suivre, donc…