Lors d’une entrevue ouverte avec ‘Beste Belegger’, le mensuel de la Fédération néerlandophone des Investisseurs VFB, l’administrateur délégué du Groupe Delhaize Pierre-Olivier Beckers a joué cartes sur table. L’une de ces cartes se situe clairement en Indonésie, où le groupe est propriétaire à 51% de Super Indo, une chaîne de 73 supermarchés sur les îles de Java et Sumatra.
“Super Indo en passe de devenir une nouvelle histoire Food Lion”
Delhaize est déjà présent en Indonésie depuis 1998, la période succédant à la chute de l’ex-général Suharto. “C’était une époque mouvementée où régnait une grande insécurité. C’est pourquoi durant nos premières années là-bas, nous avons pris le temps de développer un bon concept et de voir dans quelle direction le pays allait évoluer. ” explique Beckers. “Aujourd’hui nous sommes prêts à passer à la vitesse supérieure. Nous voyons d’énormes possibilités. Notre concept fonctionne très bien et nous faisons déjà du bénéfice. Vu l’ampleur du pays, le potentiel est énorme“.
Selon le grand patron de Delhaize, Super Indo a suffisamment d’atouts pour ajouter un nouveau chapitre à l’histoire Food Lion. “L’Indonésie est le quatrième plus grand pays au monde avec bientôt 300 millions d’habitants. C’est grand assez pour ouvrir encore des centaines de magasins. C’est là notre but premier.”
Toutefois Beckers veut prendre son temps, tout comme Delhaize l’a fait aux États-Unis : ”La croissance et le développement des supermarchés dans le sud-est des États-Unis avaient démarré dès 1974. Mais il restait encore d’énormes possibilités pour Food Lion. En moins de 30 ans nous y sommes passés de 14 à environ 1.200 magasins.”
D’abord l’Indonésie, ensuite le reste de l’Asie
“Notre but est de rester en Indonésie”, répond Beckers à la question de savoir si son groupe veut, partant de l’Indonésie, conquérir le reste de l’Asie. “Nous ne considérons pas dans un premier temps le pays comme un tremplin vers le reste de l’Asie. Mais si nous réussissons bien en Indonésie, nous pouvons à terme, forts de notre expérience, éventuellement nous implanter dans d’autres pays voisins“.
Pour deux de ces pays, la Thaïlande et Singapour, il s’agirait d’une deuxième rencontre. La première fut de courte durée: “En Thaïlande nous n’avons pas obtenu les résultats espérés. Nous avons connu immédiatement une énorme concurrence et le marché évoluait surtout en direction des hypermarchés. C’est pourquoi nous avons très vite décidé de nous retirer de ce marché. A Singapour par contre ça a été un succès. Nous étions n° 3 sur le marché. Ensuite le n°2, Dairy Farm, nous a proposé ‘an offer you can’t refuse’, que nous avons accepté.
Toutefois en Indonésie aussi il faudra attendre les réactions des concurrents. Tout comme Carrefour a pu le constater à ses dépens à plusieurs reprises, on peut méchamment se brûler sur le marché asiatique.