Les tribunaux de l’État de Washington et de l’Oregon ont bloqué le rachat d’Albertsons par Kroger. La transaction remonte à 2022, mais elle semble de plus en plus menacée d’éclatement.
Verdict : la concurrence en danger
En 2022, les chaînes de supermarchés américaines Kroger et Albertsons ont annoncé leur fusion. Kroger avait offert 24,6 milliards de dollars (plus de 22 milliards d’euros) à son rival pour former le deuxième groupe de supermarchés aux États-Unis. Ensemble, les distributeurs représenteraient plus de 5 000 magasins et 700 000 employés dans 48 États.
Outre Ahold Delhaize, qui a lui-même appâté Albertsons, l’autorité de surveillance de la concurrence s’est immédiatement opposée à l’opération. En février de cette année, la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis a intenté une action en justice pour bloquer l’acquisition, une démarche qui a été suivie par quelque neuf États. Aujourd’hui, les tribunaux de l’État de Washington et de l’Oregon ont rejeté le rachat dans leurs districts respectifs.
Kroger et Albertsons avaient proposé de vendre 579 magasins à C&S Wholesale Grocers pour éliminer les problèmes de concurrence. Mais les juges de l’Oregon et de l’État de Washington doutent de la capacité de C&S à agir en tant que concurrent puissant, en particulier dans les États où les deux chaînes occupent une position dominante sur le marché. Les autorités chargées de la concurrence craignent une hausse des prix à la consommation et une dégradation des conditions de travail.
Contexte politique et économique
L’affaire n’a pas seulement des implications juridiques, mais aussi des dimensions politiques. La Maison Blanche a salué la décision comme une victoire pour les consommateurs et les petites entreprises. La hausse des prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de 25 % depuis la pandémie, reste un sujet brûlant aux États-Unis.
Les deux entreprises se sont déclarées déçues par les jugements et envisagent d’engager de nouvelles actions en justice. Face à Walmart et Amazon, Kroger et Albertsons se positionnent en défenseurs des supermarchés traditionnels. Toutefois, les analystes sont sceptiques quant à la viabilité du projet de fusion, notamment parce que les avantages ont considérablement diminué depuis l’annonce de la fusion il y a deux ans.