Metro devient Sligro en Belgique, un changement que le grossiste hollandais attend déjà avec impatience. Mais qui est ce Sligro côté en bourse, dont l’ascension est loin d’avoir été un long fleuve tranquille ?
« Au moins dans le top trois »
Pendant des années, on a cru à un combat de David contre Goliath : le grossiste local hollandais de services alimentaires Sligro contre la multinationale allemande Metro. L’annonce de l’arrivée en Belgique de Sligo en 2015, avait donc fait sourciller. L’ouverture d’une nouvelle succursale dans le quartier de l’Eilandje à Anvers a longtemps été entravéé par des entrepreneurs concurrents, tandis que les coûts de démarrage étaient élevés. Ce n’est que fin 2018 que l’impressionnant local a enfin pu ouvrir ses portes.
Mais le groupe ne manque pas d’ambitions : en 2017, Sligro a racheté ses concurrents belges, ISPC et Java Foodservice, la société a recruté le PDG de Gamma Rudi Petit-Jean et le grossiste était prêt à se lancer à la conquête du paysage belge fragmenté. Dès le début, Sligro a clairement affiché son objectif : le groupe hollandais voulait « être au moins dans le top trois sur le marché des services alimentaires en Belgique, avec des vues sur la première place ». En 2023, une fois le rachat de Metro finalisé, cet objectif de numéro 1 deviendra réalité.
« Début laborieux »
Certes, les déclarations musclées de l’époque visaient (du moins en partie) à détourner l’attention du marché intérieur en difficulté. Aux Pays-Bas, le grossiste coté en bourse était déjà le leader du marché, mais la croissance faisait défaut. Sa principale faiblesse était sa chaîne de supermarchés Emté, qui n’a pas pu faire face à la consolidation croissante du paysage des supermarchés hollandais. La formule a été abandonnée en 2018, et les magasins répartis entre Jumbo et Coop (aujourd’hui Plus).
En 2019, Sligro a vu ses bénéfices diminuer de moitié, malgré tous ses efforts. Sligro avait par exemple pu reprendre toutes les activités de vente en gros de Heineken, y compris la fourniture de bière au secteur horeca, ce qui a tout de même permis de stimuler les ventes à long terme. Mais « le climat économique aux Pays-Bas et en Belgique s’est considérablement refroidi au cours du premier semestre ». En Belgique, le début a également été « laborieux ». Et c’était sans compter sur la crise du coronavirus…
2022 : l’année de la percée
« Les choses vont bien, mais pas toutes seules », a déclaré, soulagé, le PDG Koen Slippens en milieu d’année. En automne, le chiffre d’affaires a retrouvé son niveau pré-pandémie. En Belgique, la croissance a même été de 65 % au premier semestre, et Sligro a saisi son opportunité chez son rival Métro. L’entreprise, qui cherche fébrilement à se développer, a de quoi faire. 47 millions d’euros, plus 75 % de la valeur des stocks et des liquidités, plus précisément.
Seule l’enquête sur la concurrence reste à finaliser. Une formalité, selon le grossiste, puisque l’autorité de surveillance du marché belge a déjà donné son feu vert. Bien que Horeca Totaal, qui s’est déjà opposé à un magasin Sligro à Bruges et qui visait même le magasin de Liège, puisse encore protester. Son argument : la fusion menace la libre concurrence. Pour Sligro, cela signifie déjà que 2022 sera l’année de la grande percée : l’acquisition propulsera du jour au lendemain le groupe hollandais à la place de leader du marché, ambition qu’il nourrit depuis plus de cinq ans.