AB InBev pensait avoir trouvé une solution en Russie : le groupe brassicole a conclu un accord avec la société turque Anadolu Efes. Mais maintenant que la Turquie est tombée en disgrâce, le Kremlin nationalise les 11 brasseries.
Représailles géopolitiques
La Russie a nationalisé (temporairement) les onze brasseries d’AB InBev et les a placées sous le contrôle de GC Vmeste, une société fondée par un homme d’affaires russe obscur, Nikolai Tyernikov. Le timing de cette constitution en août 2024, juste après l’échec d’une précédente tentative d’AB InBev de vendre ses intérêts russes, soulève des questions. C’est ce que rapporte De Standaard.
L’intervention inattendue du Kremlin semble s’inscrire dans une stratégie géopolitique visant la Turquie, selon le journal économique russe Kommersant, compte tenu des récentes tensions en Syrie et en Azerbaïdjan. En effet, AB InBev opère depuis longtemps en Russie et en Ukraine avec Anadolu Efes, un partenaire turc. En raison de la guerre en Ukraine – et des sanctions occidentales qui l’accompagnent – le géant de la bière a tenté de vendre sa part dans la coentreprise, mais le Kremlin a refusé l’été dernier.
Toute la bière en main propre
AB InBev a donc dû continuer à opérer en Russie, mais en a cédé le contrôle total à Anadolu Efes. Jusqu’à ce que les autorités russes veuillent se venger de la Turquie, par l’intermédiaire de Stella et de Leffe. Pour AB InBev, les conséquences semblent toutefois limitées : le géant brassicole n’était déjà plus qu’un partenaire silencieux depuis 2022 et avait déprécié ses activités russes de 1,14 milliard de dollars.
Pour Anadolu Efes, en revanche, les choses ne se présentent pas bien. Auparavant, Carlsberg et Heineken ont vu leurs activités russes transférées à des parties locales. Les initiés estiment qu’il s’agit d’une stratégie délibérée visant à ce que le secteur russe de la bière soit entièrement entre les mains des autorités locales.