Des années difficiles en perspective
La prévision d’un bénéfice net stable, voire en légère hausse, annoncée par le discounter de Hal, paraît assez ambitieuse, sachant que Colruyt habituellement est très prudent dans ses pronostics et vu la tableau assez sombre brossé par Jef Colruyt pour les années à venir : « Nous prévoyons que le climat économique et la confiance du consommateurs ne se rétabliront pas à court terme et que la déflation des prix se poursuivra également. »
Néanmoins le distributeur espère égaler, voire même dépasser légèrement le résultat net de l’exercice précédent. Pour information : les analystes qui suivent l’action Colruyt, tablent sur un bénéfice annuel (hors éléments non récurrents) de 352,6 millions d’euros.
« Albert Heijn cède du terrain »
Bien entendu lors de l’assemblée des actionnaires il a également été question de la concurrence, à commencer par Albert Heijn : « Visiblement Albert Heijn fait de gros investissements pour s’assurer d’une croissance rapide chez nous. La question est de savoir dans quelle mesure toute cette histoire sera rentable dans dix ans et si cela correspondra à leurs attentes. »
Selon le COO Frans Colruyt, l’enseigne néerlandaise commence déjà à céder du terrain : « Aujourd’hui Colruyt est environ 9% moins cher qu’AH, tandis que lors de l’arrivée d’AH en Belgique, cette différence de prix était de 7 à 8% seulement. » Cette tendance a d’ailleurs été confirmée dans l’enquête annuelle de Test-Achats, révélant une régression d’Albert Heijn.
« Pas un deuxième Delhaize »
Les actionnaires se sont également enquis de la vision du management sur la réorganisation de Delhaize et plus particulièrement sur la question des coûts salariaux. Denis Knoops, CEO de Delhaize Belgique, lors de l’annonce de la restructuration juste avant l’été, avait montré un graphique indiquant qu’après Delhaize, les coûts salariaux étaient les plus élevés chez Colruyt.
Ce à quoi Jef Colruyt a immédiatement répondu que Colruyt n’était « pas un deuxième Delhaize » et ne le serait jamais. « Si nous devons prendre des mesures difficiles, mais nécessaires, nous les prenons immédiatement et nous n’attendrons pas dix ans pour nous décider. » Concernant les coûts salariaux il a ajouté : « Nous payons plus cher notre personnel que nos concurrents, mais c’est un investissement qui à long terme porte ses fruits. Certes nos coûts salariaux sont élevés, mais en contrepartie nous avons le chiffre d’affaires par employé le plus élevé. »