Colruyt Group va investir dans des terres agricoles. Le retailer veut ensuite engager des producteurs locaux pour les travailler par l’intermédiaire d’une nouvelle société d’exploitation. Mais les organisations d’agriculteurs se montrent très critiques.
Déséquilibre dans la chaîne
Colruyt Group lance Agripartners, une nouvelle société d’exploitation avec laquelle il souhaite d’une part acheter des terres agricoles et d’autre part engager des agriculteurs pour les cultiver pour le groupe de supermarchés. « Nous n’avons pas l’intention de cultiver ces terres nous-mêmes, nous le ferons en coopération avec les agriculteurs locaux. Mais nous voulons nous assurer que les produits cultivés sur nos terres finissent autant que possible dans nos magasins », a expliqué Stefan Goethaert, directeur général de Colruyt Group Fine Food, à Vilt.
Colruyt avait déjà entamé des collaborations directes avec notamment des producteurs de soja, des producteurs de pommes de terre et des éleveurs de porcs. Le détaillant a également acheté sa propre ferme d’agriculture bio, Het Zilverleen, pour laquelle il a ensuite cherché un exploitant. Mais en développant son propre portefeuille de terres agricoles, le groupe de Halle franchit une nouvelle étape.
Ou opère un retour à l’époque féodale, si l’on en croit le syndicat agricole ABS : « Cela revient à ce qu’ils salarient des agriculteurs, qui perdront ainsi leur liberté, leur indépendance et leur autonomie », a-t-il expliqué à la Gazet van Antwerpen. Colruyt deviendra en effet le plus grand agriculteur de Belgique et pourra décider lui-même qui aura accès aux terres. Cela ne va qu’accroître « le déséquilibre déjà important dans la filière », a réagi pour sa part le Boerenbond.
Des décennies de verticalisation
Stefan Goethaert y voit cependant des collaborations fermes et à long terme : « Il s’agira de collaborations transparentes, fondées sur des accords clairs et profitables à chacun. L’objectif est de construire un projet commun en réunissant les idées et les forces de toutes les parties. » Le groupe veut également introduire des innovations dans l’agriculture, notamment dans le domaine de la durabilité.
Le retailer défend également son choix de la verticalisation, l’entreprise s’appropriant l’ensemble de la filière : « Cela fait des décennies que nous transformons de la viande, embouteillons du vin ou produisons du café dans nos départements Fine Foods. » Mais une bonne diversification des sources reste importante, et Colruyt continuera à acheter aux criées et par l’intermédiaire des organisations de producteurs, a précisé Stefan Goethaert : « Dans ses achats de produits agricoles, il est indispensable à un retailer de diversifier ses risques. Les crises comme le COVID-19 nous le rappellent à chaque fois. »