Les coûts augmentent et les consommateurs économisent
Le discounter de Hal attribue cette stagnation du bénéfice au climat économique difficile, notamment à la hausse du prix des matières premières qui ne peut être que partiellement répercutée sur le consommateur final, explique Jef Colruyt, CEO du groupe, lors de l’assemblée générale des actionnaires. Il évoquent également d’autres facteurs, à savoir les frais salariaux plus élevés, suite à l’indexation automatique et des prix d’énergie en hausse.
« On constate clairement que le consommateur se serre la ceinture », commente Chris Opdebeeck du bureau d’études Marketing Map. « Le montant moyen d’un ticket de caisse a diminué, surtout en fin de mois, ou même avant la fin du mois. En effet, le consommateur épargne en achetant moins ou en passant aux marques de distributeur. »
Une forte concurrence
D’autre part la concurrence accrue ne permet pas de compenser les coûts en hausse. « C’est le cas surtout dans les régions où sont implantés Red Market et Albert Heijn. Lorsqu’on compare les prix entre Colruyt et Delhaize, on constate que les différences y sont plus grandes que dans d’autres régions. Ce qui signifie donc que Colruyt y diminue davantage ses prix pour concurrencer les chaînes Red Market et Albert Heijn », selon Opdebeeck.
Le fait de ne pouvoir répercuter entièrement ces coûts élevés sur le client, affecte la rentabilité du groupe. En effet, en 2008 le groupe réalisait encore dans ses magasins sous l’étendard Colruyt un bénéfice de 7,3 euros sur chaque tranche de 100 euros de chiffre d’affaires, contre 6,8 euros l’année dernière, selon les calculs d’Opdebeeck dans sa dernière étude concernant le secteur retail qui paraîtra d’ici peu.
Une politique cohérente
Ces derniers mois pourtant Colruyt était l’un des favoris dans le milieu boursier. L’entreprise semblait bien encaisser la crise. Fidèle à sa politique de bas prix, l’enseigne a pu faire face à un consommateur de plus en plus économe et a su accroître sa part de marché. Durant les trois premiers mois de l’exercice 2012/2013 Colruyt affichait encore une hausse de son chiffre d’affaires de 5,5% à 2,062 milliards d’euros.
Malgré la hausse des coûts salariaux et énergétiques, Colruyt parvient néanmoins à garder sous contrôle ses frais généraux, constate Opdebeeck. « L’entreprise dispose à cet effet d’équipes spéciales, qui visitent les magasins et sont à l’écoute du personnel, afin de déterminer quelles sont les éventuelles mesures d’économie à envisager. Cela a permis d’augmenter le rendement par m² de surface de vente. »
A la recherche d’un nouveau directeur financier
Au niveau financier, Colruyt est confronté à des charges d’amortissement plus élevées. Le distributeur a centralisé son patrimoine immobilier dans une société unique, ce qui a permis l’ harmonisation des durées d’amortissement de ces biens immobiliers. Pour l’exercice écoulé cela se traduit par 7,5 millions d’euros d’amortissements supplémentaires et pour les quatre années à venir 6 millions d’euros de charges d’amortissement supplémentaires.
D’autre part lors du dernier exercice Colruyt a enregistré une perte de valeur unique de 18,3 millions d’euros pour sa production d’électricité avec des déchets de graisses animales de W-Cycle.
Lors de l’assemblée générale des actionnaires, Colruyt annonçait également être à la recherche d’un successeur pour Wim Biesemans, l’actuel CFO. Ce dernier a été nommé directeur général de Parkwind S.A. et se consacrera désormais entièrement à l’exploitation des parcs éoliens du groupe Colruyt.
Traduction : Marie-Noëlle Masure