Colruyt souhaite raccourcir la chaîne d’approvisionnement et la rendre plus transparente en achetant le bœuf directement chez l’éleveur qui recevra ainsi un prix plus intéressant. La concurrence du bœuf étranger ne cesse en effet de s’intensifier.
Une chaîne plus courte
En achetant sa viande directement chez l’éleveur, Colruyt obtient un meilleur contrôle de sa chaîne d’approvisionnement, mais cela signifie aussi que les négociants en bétail et les grossistes en viande en sont exclus. Ceux-ci désapprouvent fortement l’initiative du retailer. « C’est comme vendre son âme au diable. La grande distribution nous a toujours mis sous pression. Les éleveurs de bétail ne gagnent pas suffisamment, mais ce n’est certainement pas à cause de nos 2% de marge », explique Benoît Luycx de l’association Vlaamse Veehandelaars & Vleesproducenten.
Selon Colruyt, le bénéfice lié au raccourcissement de la chaîne se traduira effectivement par un meilleur prix octroyé à l’éleveur. « Colruyt tente uniquement de trouver une solution à la situation précaire de l’éleveur de bétail », explique Stefan Goethaert, directeur général de Colruyt Group Fine Food. Il se réfère en particulier à la concurrence croissante de la viande bovine étrangère, principalement celle en provenance d’Irlande et d’Amérique latine.
Des organisations de producteurs
Roel Vaes, spécialiste de la viande bovine au Boerenbond, est d’ores et déjà séduit par le système. « C’est une autre forme d’organisation du marché qui peut se développer. Plusieurs éleveurs seront intéressés. Ils obtiendront un prix plus élevé grâce à ce système. S’agira-t-il de la pleine valeur ajoutée ? On n’en sait rien. Mais dès à présent, les éleveurs sauront ce que Colruyt paie et auront une idée du prix de revient de l’abattage et du transport. »
Le projet démarrera avec nonante agriculteurs qui, ensemble, fourniront près de dix pour cent de la viande bovine achetée par Colruyt Group. Les agriculteurs devront s’unir au sein d’organisations de producteurs, car l’Europe encourage leur création par le biais de subventions. Pour l’instant, le retailer collaborera avec un groupement de producteurs flamands et deux groupements de producteurs wallons, mais il est possible que le système soit étendu très rapidement.