Des produits bio, locaux, de préférence issus de circuits courts avaient massivement séduit les Belges au début de la pandémie. Mais alors que les craintes sanitaires diminuent et que l’inflation atteint des sommets, ces derniers semblent tout aussi prompts à renoncer à leurs bonnes résolutions.
Des ventes historiquement faibles
Les magasins d’alimentation spécialisés ne se portent pas bien : après BE O Markt qui annonce sa départ de Gand et Anvers, c’est au tour de The Food Hub de jeter l’éponge à Louvain. À Bruxelles, les boutiques spécialisées en produit bio et en vrac enregistrent une chute « historique » de leur chiffre d’affaires de 15 à 30 %, selon une enquête de la chaîne régionale BX1. Ils essaient par conséquent de se débrouiller avec moins de personnel et se préparent à une année difficile. La formule Färm a même constaté une baisse sans précédent de la consommation de produits bio en Europe. Et ce, après une année 2020 exceptionnelle.
D’autres filières alimentaires « alternatives » confirment la tendance : là où les magasins de produits fermiers et les initiatives de circuits courts avaient le vent en poupe durant la pandémie, il ne reste plus qu’une petite brise. Près d’un quart des Belges déclarent manger davantage de produits locaux et saisonniers depuis la crise sanitaire, mais les boutiques de producteurs n’accueillent guère plus de clients qu’auparavant. En 2020, certaines avaient vu leurs ventes quadrupler, rappelle De Standaard. La plateforme de circuits courts La Ruche qui dit Oui compte aujourd’hui 30 % d’utilisateurs en plus qu’en 2019, alors que la hausse atteignait 90 % il y a deux ans.
L’effet coronavirus faiblit
L’impact temporaire du coronavirus n’y est certainement pas étranger : les consommateurs n’osaient guère se déplacer en 2020, ils devaient aller au supermarché seuls et y rester le moins longtemps possible. Ils ont donc naturellement commencé à chercher d’autres solutions près de chez eux. En outre, les achats locaux étaient ouvertement encouragés. La part du budget des ménages consacrée à l’alimentation étaient aussi plus importante : il n’y avait rien d’autre à faire.
Aujourd’hui, la situation a complètement changé : les prix de l’énergie atteignent des records et l’inflation galopante pèse sur la confiance des consommateurs et les budgets courses. L’alimentation est également devenue moins centrale dans la vie familiale. La croissance de l’e-commerce et l’absence de navetteurs se font sentir dans les villes.
Mais cela ne signifie pas nécessairement que les Belges aient complètement renoncé à leurs bonnes intentions. Les commerces de proximité restent très prisés : un Belge sur cinq y achète à nouveau. Les supermarchés de quartier n’avaient plus atteint une part de marché d’un tiers depuis le début du siècle. Les supermarchés ordinaires mettent également davantage l’accent sur les produits locaux et durables. Enfin, les ventes de produits bio dans les supermarchés ordinaires sont en constante augmentation depuis des années, et cette tendance devrait se maintenir en 2021.